photo : JRP
Au-dessus du chemin qu'on appelle encore, dans le pays, chemin de César, celui qui conduit au vieux pont, à 200 mètres du département de Seine-et Marne et à deux kilomètres à droite du village de Dordives, on voit au milieu d'une garenne, et sur une légère hauteur, un ancien château fort, de l'aspect le plus pittoresque. Il a appartenu à la comtesse Ruau, laquelle possédait Egreville-la-Ville, et aujourd'hui cette curieuse habitation est occupée par un cultivateur du nom de Louvet.
Cette forteresse, construite en petit appareil fort bien conservé, entourée de larges fossés garnis du côté du sud de leur contrescarpe, munie d'une bonne muraille avec quatre tours placées aux quatre coins, et d'un donjon de forme ronde, n'est abordable que du côté du nord. On y pénètre par une joiie porte flanquée de deux tourelles qui commandaient un pont-levis.
Cette curieuse construction, qui doit appartenir au XIIe ou au XIIIe siècle, rappelle un peu par sa disposition, mais dans des proportions plus modestes, le château de Vincennes, dont il a l'aspect moins grandiose, quoique tout aussi seigneurial.
Nous ne pouvons rien dire de. son histoire: elle nous est inconnue; mais si les artistes veulent prendre, en fait de châteaux moyen âge, ce que les plus charmants modèles du genre peuvent leur montrer, ils n'ont qu'à visiter ce curieux manoir.
Une grande cour, de forme équilatérale, bornée par les fortifications qui l'entourent complètement, renferme du côté de l'ouest le donjon ouvert et abandonné, mais d'un fort bel aspect, puis une antique demeure du coté du sud, qui sert aujourd'hui de bâtiment d'exploitation, et auquel se trouve adossée une terrasse ou palier d'escalier soutenu par une arcade.
Quant à la demeure de M. Louvet, elle est plus moderne que les autres constructions, et se trouve appuyée contre la muraille du côté de l'est, à la suite d'une sorte de grange ancienne. « Les pigeons et les autres habitués de la ferme se sont emparé du donjon, et sur le pavé de cette cour, de paisibles animaux remplacent aujourd'hui les coursiers bardés dé fer que l'on exerçait jadis au combat sur ses dalles abandonnées.
En dehors des fossés, et à une centaine de pas du château, du côté de l'ouest, on voit une chapelle qui porte le nom de Chapelle du Château. Ce petit édifice, dans lequel on disait, le 15 août de chaque année, une messe qui était suivie d'une fête de nuit, laquelle fête a motivé depuis quelque temps, nous a-t-on dit, l'abandon de toute cérémonie religieuse, est extérieurement très-simple; cependant, il est pourvu, dans la partie qui regarde le château, et qui forme l'abside, de deux éperons qui en soutiennent les murs latéraux, et d'une porte d'entrée dans la partie qui fait face à l'orient.
Au-dessus de cette porte, on voit un écusson grossièrement gravé sur la pierre, et qui porte sur un champ uni, coupé et endenté sur les bords, trois étoiles en chef. Un timbre grille de profil et orné de lambrequins surmonte ces armes, qui devaient appartenir à l'un des anciens seigneurs de Metz-le-Maréchal.
Source : Bulletin de la Société archéologique et historique de l'Orléanais 1862.