photo : mboulo
Le château de Ranrouet (Ranrouë) est la maison seigneuriale d'Herbignac, il a été possédé successivement par les seigneurs de Donges, de Rieux, de Rochefort, et appartient aujourd'hui à M. le marquis de Querhoent, époux de l'héritière de Donges.
Ce territoire renferme encore les maisons nobles suivantes :
Herbignac, (sous l'invocation de saint Cyrel sainte Julitte); commune formée de l'ancienne paroisse de ce nom est situé sur une colline qu'entourent un pays marécageux et une grande quantité de landes qui, depuis quelque temps, ont été améliorées en partie par de nombreuses plantations. L'ancien maire, M. de Chomard, propriétaire du château de Kdavy. eu a planté à lui seul plus de 210 hectares en arbres verts. Outre l'église, il y a en Herbignac les deux chapelles de Pontpas et de Krobert; on dit la messe tous les dimanches dans la première. Le clocher a été frappé de la foudre deux fois depuis quarante ans : la première fois elle l'a brûlé; la deuxième elle l'a découvert, et, pénétrant dans l'église elle-même, la commotion électrique a lézardé les murs en deux endroits et terni toutes les dorures. Férel était autrefois trêve d'Herbignac. Il y avait un prieure qui avait été fondé par un des sires de Rieux. Ce prieuré était annexé à l'abbaye de Saint-Gildas-des-Bois. Presque tous les habitants des parties les plus basses de ce territoire se livrent a l'industrie de la poterie. La fabrication de cette poterie, qui occupe plus de douze cents personnes, est aussi arriérée que possible, comme dans toutes les communes de Bretagne où elle est exercée par des nommes trop pauvres pour tenter des améliorations. La costume des habitants de cette commune n'a rien de remarquable dans les campagnes au nord d'Herbignac ; mais ceux des parties basses ont, comme a Guérande, conservé les bragou-bras qui distinguent les bas-bretons. A environ 1 kilomètre au nord-est d'Herbignac, on voit les ruines de l'ancien château de Ranroué.
L'étang, nous écrit M. A. de Boceret, dont les eaux remplissaient les fossés, ses épaisses murailles et les tours qui flanquaient son pont levis, durent faire de ce lieu une position assez forte. Pendant les guerres de la Ligue, le duc de Mercoeur y avait une garnison. Jean de Rieux, sieur d'Assérac et de Ranroué, après avoir suivi le parti du roi contre la Ligue, voulut, eu le quittant, se signaler par quelque action d'éclat. Il entreprit de livrer Rennes au duc de Mercoeur. Ayant été forcé de quitter cette ville avant d'avoir exécuté son projet, il se retira dans son château de Ranroué, d'où il faisait des excursions dans le voisinage. Le souvenir du caractère aventureux de ce seigneur s'est conservé jusqu'à nos jours chez les habitants de ce pays.
Le 10 mars 1593. le marquis d'Assérac obtint du duc de Mercoeur une sauve-garde qui mettait les paroissiens de Nivillac à l'abri des courses de ses gens de guerre et des compagnies de Lorrains qui parcouraient le pays à cette époque. Lorsqu'ils apprenaient que quelque compagnie se dirigeait vers leur territoire, ils envoyaient Ranroué prévenir Jean de Rieux. qui écrivait au capitaine pour lui enjoindre de changer de direction. Pour reconnaître ce service, les fabriques de Nivillac lui firent don de 350 écus.
Dans la même année, il vint à Vieille-Roche, en rivière de Vilaine, un général de dix vaisseaux. Les habitants du pays, pour l'empêcher d'exécuter la menace qu'il faisait de débarquer huit cents hommes pour se procurer des vivres, promirent de lui livrer le bétail nécessaire a l'approvisionnement de sa flotte. Mme d'Assérac envoya de Ranroué des gentilshommes d'armes qui s'y opposèrent et empèchèrent le débarquement.
En 1431 le château de Ranroué appartenait à Pierre de Rochefort, maréchal-de-France.
François, sire de Rieux, en rendit aveu le 10 mars 1464 à Guy de Laval, baron de la Roche-Bernard. Jean, duc de Bretagne, en prit possession le 24 avril 1441.
Charles de Bretagne en rendit aveu comme tuteur de Gabriel de Rieux.
Emmanuel de Rieux y mourut en 1657. C'est probablement son corps qui fut trouvé. Il y a quelques années, dans un enfeu sous l'autel de l'église d'Herbignac, d'où il a été transporté dans le cimetière.
C'est sans doute Emmanuel de Rieux qui fit construire la plus récente des tours, car elle date de 1639.
Source : Dictionnaire historique et géographique de Bretagne par Ogée 1843.