photo : mboulo
On peut lire dans le "Guide des lieux insolites et secret de Bretagne" (Alain Dag'Naud ISBN 2877476596 9782877476591) une légende bien curieuse :
Le moulin du Diable. Après une visite au remarquable Musée folklorique riche en faïences. costumes de paludiers, coiffes et gravures anciennes, vous irez de nouveau à la rencontre de Satan sur la route d'Herbignac. Au sommet de la butte de Crémeur, le moulin de granit "à taille de guêpe" (XVe siècle) fut construit en une nuit par le Malin qui espérait en échange l'âme du meunier Yves Kerbic. Mais celui-ci posa une statue de la vierge à l'emplacement où la dernière pierre allait être scellée et Satan ne put terminer son ouvrage. L'on voit encore une niche vide qui abritait autrefois la statue qui permit au meunier de sauver son âme.
Le ministère de la culture de son côté relate aussi cette légende mais avec un nom différent (Yves Querbic).
Il précise que la constructions remonte, pour lui, à la fin du XVe siècle ou au début du XVIe siècle, avec pour justification les moulurations d'encadrement des baies. La légende rapportée nous apprend la cause de cette intervention diabolique "le meunier Yves Querbic, trop pauvre pour construire son moulin, aurait demandé au diable d'y pourvoir" et nous souligne le même dénouement "l’œuvre faite, le meunier y installa une statuette sainte qui fit fuir le démon".
La tour de Crémeur est un "petit-pied", de modèle breton. D'un travail soigné, sa maçonnerie en granite de taille, présente un rez-de-chaussée à assise débordante. L'encorbellement portant l'étage est décoré de trois larges moulures en ressaut. L'une des fenêtres conserve les consoles du treuil et, dans une niche à accolade, prend place une statuette de la Vierge à l'Enfant, celle-là même, à n'en pas douter, qui effraya le diable. La toiture, restaurée, est en bardeaux de châtaignier : l'arbre moteur porte les deux verges munies de leurs verrons qui recevaient les voiles. À l'opposé, le guivre et la perche du frein sont conservés.
On retrouve encore cette légende assortie d'une poésie dans " Les Primaires, Revue des éducateurs" publié en 1921
Le Moulin de Crémeur :
Un paysan, Yves Kerbic, était trop pauvre pour élever un moulin. Le diable lui proposa d'en construire un en une nuit. Le paysan accepta. A l’Angélus du matin, il manquait une pierre. Yves y posa la statue de la Vierge. Satan, plein de rage disparut dans un tourbillon de feu.
Sur la vaste étendue aux contours monotones
Le moulin de Crémeur, gardien des horizons,
Surgissant au matin dans l'air gris qui frissonne
Semble braver, hardi, la course des saisons.
En son profil lointain rien n'est décrépitude
Les pierres ont tenu qu'entassa le maudit,
Et l'ancêtre, malgré les jours en multitude,
A base de sveltesse et torse rebondi,
Même à le voir ainsi, fixe au-dessus des landes,
Vers l'Angélus pieux il peut sembler encor
Au passant attardé des routes de Guérande,
Un moulin fatigué qui, dans le soir s'endort.
Mais l'effort a brisé le travailleur stoïque.
Après avoir longtemps pour les hommes moulu,
Le géant a croisé ses longs bras squelettiques,
L'âme s'est assoupie et te pouls ne bat plus.
En vain sur les coteaux des communes voisines
Ses frères ont doublé, pour vaincre sa torpeur,
Les palpitations de leurs ailes taquines,
Le vaillant de jadis est fantôme à Crémeur.
Déjà le fier moulin avouant aux étoiles
Qu'il n'a dans sa défaite aucune illusion
A remis une nuit au vent du nord ses toiles,
Et laisse s'effriter sa vierge en médaillon.
Mais Satan tient enfin sa revanche hideuse
Car le noble perclus n'aura pas de repos ;
La brise, chaque jour, endiablée, amoureuse,
Agite sa carcasse et fait craquer ses os.
Et c'est dans l'hiver noir comme un viol lamentable
Quand la folle l'étreint en souffle d'ouragan,
Et que le vieux moulin, impuissant misérable,
Répond à son baiser par un gémissement.
M. pompidour
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