château fort dit château Naillac

« Naillac et Le Blanc, dit M. Grillon des Chapelles, dans sa notice sur Philibert de Naillac, sont deux noms si emmêlés, qu'ils se confondent. Peut-être y a-t-il eu côte à côte un château de Naillac et un château du Blanc. »

L'existence simultanée de ces deux châteaux ne fait aucun doute. Ils ont, en tout temps, été si distincts, que l'un porta toujours le nom de Château des Hautes-Tours ou du Donjon et l'autre celui de Château de Naillac. Le premier releva toujours de la tour de Maubergeon, à Poitiers; le second des barons de Châteauroux. Bien qu'ils fussent situés sur le même coteau, côte à côte, séparés par une simple gorge, il serait difficile de dire pourquoi, toute la rive gauche de la Creuse appartenant au Poitou dont elle était la limite, cette petite partie du coteau sur laquelle s'élevait le château de Naillac faisait exception.

Les seigneurs de Naillac et leurs successeurs ont toujours porté le titre de seigneurs du Blanc. De ce fait, il n'en faudrait pas conclure que les deux châteaux et même celui des Bordes aient toujours appartenu au même propriétaire, et que les Naillac aient été seuls seigneurs du Blanc. Loin de là, le château des Hautes-Tours resta pendant des siècles une propriété particulière, indépendante de celle des Naillac, et ses possesseurs portaient en même temps qu'eux le titre de seigneurs du Blanc. Ainsi Guenant II, avant 1350, possédait le château des Hautes-Tours et s'intitulait seigneur des Bordes en Touraine, du Donjon du Blanc. Guy V de La Trimouille, prit le même titre après son mariage avec la fille de Guenant qui lui apporta en dot le château du Donjon et ses dépendances. Ce n'est qu'au seizième siècle, à une époque que nous ne pourrions déterminer, que ces deux propriétés ont été réunies en une seule.

Le nom de Naillac donné au château du Blanc vient de celui que portaient ses fondateurs. Les Hugues avaient emprunté le leur au bourg de Naillac, situé sur les limites de la Marche et du Limousin, où ils avaient une résidence seigneuriale. Dans la division de la généralité de Bourges, en vingt-quatre arrondissements, ce bourg faisait partie de celui de la Souterraine.

Ce château consiste aujourd'hui en trois corps de bâtiments, bâtis en retraite les uns sur les autres; deux d'entre eux, sous forme de tours carrées ou pavillons, s'élèvent aux deux extrémités d'une construction centrale, aujourd'hui sans caractère et bâtie sur d'anciens fondements. Le pavillon est a longtemps servi de prison et par les grillages en fer qui sont restés scellés dans les pierres des ouvertures, il porte encore le cachet d'une pareille destination. Protégé du côté de la rivière par le coteau, ce château était, des trois autres côtés, entouré de hautes murailles flanquées de tours qui circonscrivaient, du reste, une enceinte assez bornée. Il n'avait d'entrée que près de l'église de Saint-Cyran; car l'ouverture actuelle et la grille en fer du côté du Champ de Foire ne datent guère que d'une quarantaine d'années environ. Le visiteur peut facilement se faire aujourd'hui une idée de ce qu'était jadis le château de Naillac, car excepté quelques annexes au château, tous les murs d'enceinte avec leurs tours ont été respectés.

Le château de Naillac est le seul qui ait été conservé; mais il est loin d'être arrivé intact jusqu'à nous. Le corps du logis central contraste singulièrement avec l'architecture des deux pavillons. Les ouvertures sont toutes de notre temps; quant aux réparations et distributions intérieures, tout le monde sait qu'elles ont été faites par les derniers possesseurs. Le pavillon est est resté intact. Quant à celui de l'ouest, on voit clairement qu'il a été repris au-dessus des ouvertures du premier étage et que celles du deuxième étage ont une forme toute moderne. Les fenêtres cintrées du premier étage sont symétriquement disposées comme celles du pavillon opposé. Quoique fermés en partie, les cintres restent parfaitement dessinés au-dessus de la maçonnerie établie dans l'embrasure.

Du reste, voici la description que fait du château de Naillac Nicolas de Nicolaï, au seizième siècle.

«En icelle chastellenie (de Naillac), y a chasteau et maison bien logeable, accompagnée de bassecourt, jeu de paulme, puits, fuye, et un jardin, plus une grosse tour carrée, joignant en dedans les murailles et fossés du dict chasteau, appelée la Tour de Naillac, en laquelle y a quatre chambres et un cellier; le tout fort ruiné et découvert. »

On voit, d'après cette description, que Nicolas n'avait pas vu Le Blanc. Où étaient ces fossés dont il parle ? Où était cette grosse tour carrée ? Du côté du midi, dans l'intérieur de l'enclos, il présente deux tours : l'une à l'est, plus forte, qui nous semble dater de la construction du château ; l'autre, plus petite, et qui nous paraît d'une époque plus rapprochée de nous. Dans chacune d'elles circule un escalier tournant qui conduit aux différents étages. Bien que le château ait été restauré et rendu commode et habitable par les distributions intérieures, cependant il n'y a guère que le corps de logis central qui ait subi de grandes modifications; les deux pavillons ont conservé leur distribution primitive. En dehors des deux pavillons, existaient d'autres constructions qui ont disparu.

Dans celles de l'est se sont tenues pendant longtemps les audiences, et de là le nom de Place de l'Auditoire que portait le champ de Foire actuel; dans celle de l'ouest était la chapelle du château. Eu réfléchissant à l'existence simultanée et indépendante du château des Hautes-Tours et de celui de Naillac, on est porté naturellement à se demander quels motifs ont pu engager les Naillac à construire le leur côte à côte de celui des HautesTours ? Mais on ne peut se livrer, à cet égard, qu'à des conjectures, car aucun document ne nous permet de répondre à cette question.

Ce n'est certes pas dans l'intention d'élever puissance contre puissance, car jamais rivalité, que l'on sache, n'a surgi entre les seigneurs voisins. Il est presque certain que lorsque le dernier s'est édifié, le premier était complétement déchu de sa grandeur et de son importance, et qu'il n'était plus qu'une simple propriété avec ses dépendances, et tous les droits seigneuriaux qui y étaient attachés, propriétés dont les possesseurs venaient à peine eux mêmes toucher les revenus; que les Naillac, famille considérable de nos pays, confinée jusqu'alors dans Naillac et Gargilesse, devinrent, par des alliances ou des acquisitions, propriétaires dans notre localité; et que les beautés du site les engagèrent à s'y construire une résidence sur le coteau du Blanc. En se rappelant l'ignorance dans laquelle vivaient les personnages de ces temps, on se tromperait grossièrement si l'on en induisait un manque absolu de goût et une insensibilité complète à la beauté des paysages, à la magnificence des perspectives.

Le choix des sites fait par les premiers seigneurs pour asseoir leurs féodales demeures, seraient là pour attester que l'ignorance ne leur a jamais enlevé le sentiment du beau. Les Naillac, du reste, n'étaient pas des hommes ordinaires, un assez grand nombre des membres de cette famille ont occupé les emplois les plus élevés.

Philibert de Naillac est une des belles figures de notre histoire. Nous ne devons donc pas nous étonner que, frappé du délicieux tableau qui se déroule sous les yeux du haut du coteau de la Ville-Haute du Blanc, l'un d'eux l'ait choisi pour y établir sa résidence. Ce n'est plus, en effet, comme à Châteaubrun, dont ils étaient les seigneurs; ce n'est plus, dis-je, cette nature âpre, hérissée de rochers et coupée de ravins, ni cette campagne déchirée par les torrents ; cette vue grandiose de montagnes nues dont les cimes se perdent dans l'horizon, ni cette teinte grisâtre répandue dans toute la perspective; ici, la nature s'est adoucie : c'est une rivière coulant paisiblement dans un vallon entre deux rives toujours vertes, à l'ombre des aunes et des peupliers; ce sont des coteaux couverts de bois, de vignes, de moissons; l'œil repose partout sur des tapis verts, sur des champs en culture, sur les teintes doucement nuancées du feuillage des bois. Tantôt la vue se trouve brusquement arrêtée par les collines qui dessinent et limitent le vallon, tantôt le regard va se perdre au loin dans ses sinueux contours. C'est du haut du coteau qu'il faut aller contempler cette riante perspective que notre plume ne saurait décrire.

Quant à la forme de forteresse donnée à cette simple résidence seigneuriale, ce n'est pas non plus pour opposer au château voisin tour contre tour, muraille contre muraille. Rappelons nous qu'à cette époque la moindre construction qu'un seigneur élevait pour son propre séjour, il la revêtait toujours d'une forme qui pût en imposer à ses vassaux ou faire reconnaître sa supériorité et sa souveraineté dans le lieu. Lorsque toutes les petites querelles de seigneur à hobereau furent à peu près terminées, et qu'il n'y eut plus besoin de herse, de pont-levis et de tours pour défendre l'entrée de leurs manoirs, les seigneurs conservèrent longtemps encore les coutumes de semblables constructions, et continuèrent à s'enfermer dans une apparence de forteresse. Bien certainement le château de Naillac a plutôt l'aspect d'une demeure seigneuriale que d'une véritable forteresse.

L'histoire du château de Naillac et de celui des Hautes-Tours ne saurait être autre que celle des seigneurs qui les ont successivement possédés; faire l'histoire de ces seigneurs, c'est donc écrire celle des châteaux, de la ville-même et des environs.

Source : Histoire du Blanc et de ses environs Par Constantin Gaudon en 1868.

Localisation et informations générales

  • identifiant unique de la notice : 62878
  • item : château fort dit château Naillac
  • Localisation :
    • Indre
    • Le Blanc
  • Lieu dit : Ville-Haute
  • Code INSEE commune : 36018
  • Code postal de la commune : 36300
  • Ordre dans la liste : 15
  • Nom commun de la construction : 3 dénomiations sont utilisées pour définir cette construction :
    • château
    • fort
    • château fort
  • Etat :
    • Etat courrant du monument : restauré (suceptible à changement)

Dates et époques

  • Périodes de construction : 4 différentes époques marquent l'histoire du lieu.
    • 12e siècle
    • 15e siècle
    • 18e siècle
    • 1ère moitié 18e siècle
  • Enquête : 1991
  • Date de protection : 1986/09/17 : inscrit MH
  • Date de versement : 2003/11/26

Construction, architecture et style

  • Materiaux: 4 types de matériaux composent le gros oeuvre.
    • calcaire
    • moellon
    • enduit
    • enduit partiel
  • Couverture : On remarque 6 types de couverture différents :
    • toit à longs pans
    • toit en pavillon
    • appentis
    • toit conique
    • appentis massé
    • toit
  • Materiaux (de couverture) :
    • L'élément de couverture principal est tuile plate
  • Autre a propos de la couverture :
    • Un mode de couvrement relevé : 'voûte en berceau en anse-de-panier'
  • Etages : 2 types d'étages mentionés :
    • sous-sol
    • 2 étages carrés
  • Escaliers : 5 types d'escaliers différents sont présent sur le site :
    • escalier en vis
    • en maçonnerie
    • escalier en vis sans jour
    • escalier dans-oeuvre
    • escalier hors-oeuvre
  • Décoration de l'édifice :
    • non communiqué
  • Ornementation :
    • non communiqué
  • Typologie :
    • non communiqué
  • Plan :
    • non communiqué

Monument et histoire du lieu

  • Eléments protégés MH (Monument Historique) :
    • Notre base de données ne comprend aucun élément particulier qui fasse l'objet d'une protection.
  • Parties constituantes : 4 parties constituantes distinctes relevées :
    • puits
    • enceinte
    • église
    • donjon
  • Parties constituantes étudiées :
    • non communiqué
  • Utilisation successives : Cette construction a été affectée a différents usages au fil du temps. Nous lui connaissons 2 usages successifs :
    • école
    • écomusée

Autre

  • Divers :
    • Autre Information : propriété publique
  • Auteur de l'enquête MH : Réau Marie-Thérèse
  • Référence Mérimée : IA36000121

photo : JOJO 4/9

photo : JOJO 4 9