Ancienne cathédrale Saint-Samson

« Nullius adstrictus jurare in verba magistri » Nous ne jurons jamais sur les mots d'aucun maître, Tenues, le Dolois.

« C'est la Cathédrale de Dol un grand et noble édifice, qui ferait honneur à une ville beaucoup plus importante. Outre le mérite très-réel de son architecture, elle se distingue encore par une circonstance fort rare, que presque tout ce monument semble avoir été exécuté sur le même plan, et l'on serait tenté de dire par les mêmes ouvriers. » Prosper Mérimée.

« Nous ne pouvions mieux terminer que par ce jugement si favorable d'un homme qui s'est toujours recommandé par une grande justesse de vue et un goût très exercé, quand il s'est donné la peine d'examiner les choses »

Avant de formuler notre jugement, nous allons mentionner deux pièces relatives à notre Cathédrale, et qui vont nous servir de fil conducteur.

  1. Le 6 mars 1862, des ouvriers terrassiers trouvèrent, auprès de la Cathédrale, a la profondeur d'un mètre, une médaille de cuivre jaune parfaitement conservée et d'un travail exquis. Elle porte, d'un côté, un archevêque, la mitre en tête, revêtu du pallium et de la chape. Sa croix, inclinée sur son bras gauche annonce qu'il est occupé à prêcher, sa main droite n'a d'ouvert que l'index. Autour de la tête du pontife se lisent ces mots : « Quiescat ptebs ». A ses pieds se voient une Église ayant deux tours lourdes, aux toits pointus, l'une au midi, l'autre au nord de la façade occidentale. Près de l'Église, sont un immense dragon ailé et plusieurs autres reptiles beaucoup plus petits.

    Sur l'autre côté de la même médaille se trouve le roi David, en manteau royal, la couronne sur la tête, la harpe à la main. Les yeux du monarque, levés, sont fixés sur une couronne qui semble descendre des cieux. Autour de la tête de David, on lit en lettres semblables aux premières : « Lugeat rex ». Saint Samson portait des médailles à Jersey pour détourner les hommes des jeux défendus, au premier jour de l'an. (Voyez Histoire et Panorama d'un Beau Pays)

  2. Longtemps avant que l'on eût. trouvé la médaille que nous venons de décrire, un maître verrier de Nantes, Échappé, chargé d'orner la chapelle absidale de notre Cathédrale de portraits de nos archevêques et évêques, en vitraux peints, nous représentait saint Samson tenant sur sa main gauche une Église toute semblable a celle figurée sur la médaille ; et, pour que personne ne se méprît sur la valeur de cette particularité, il a pris soin de mettre sur le pradello de saint Samson un architecte qui lui présente le plan par terre d'une basilique a deux tours et à trois nefs. (Voir la chapelle absidale)

Les hagiographes et les historiens qui se sont occupés de la Bretagne disent que « saint Samson ayant trouvé l'Église de Dol ruinée par les Danois, il bâtit, avec la permission du roi de Bretagne, une église au lieu où elle est, et y garda et print comme aucuns disent les marques d'archevêque, qu'il avait apportées d'York en Angleterre, en latin eboracum, dont il fut archevêque, et autorisé par les rois de Bretagne à se dire tel. » (Messire Bertrand D'ARGENTRÉ, Histoire de Bretagne, livre Ier, chapitre 19, page 511)

Albert Le Grand, de Morlaix, dit que saint Samson bâtit son Église auprès d'un puits couvert de broussailles. « Un ange apparaissant à saint Samson en songe, l'avertit que le lendemain on trouverait dans le fond du désert un vieux puits comblé et que c'était là qu'il devait bâtir une église et fixer sa demeure. Samson bâtit son monastère au lieu où est maintenant la ville de Dol. » (Lobineau, Vie de Saint Samson)

Pour donner à notre Essai un ordre nécessaire à sa clarté, nous divisons ce monument en trois parties.

  1. église bysantine
  2. Église romane
  3. église ogivale ou gothique.

Le lecteur qui voudra nous comprendre est prié d'entrer par l'église, dans la construction extérieurement hideuse, « évidemment ajoutée au plan primitif, laquelle a dû servir de trésorerie ou salle du chapitre, et n'a rien que de disgracieux. » - (Brune) Cette construction est, selon nous, une partie de l'église byzantine qui fut bâtie du temps de saint Samson, approuvé du Pape.

Pendant que le saint archevêque d'York tenait le siège de Dol, il reçut la visite de ses amis et compatriotes, les saints Teliau, Paterne et Davy, qui revenaient d'un voyage à Jérusalem. (505)

Teliau, après avoir visité l'Angleterre, sa patrie, qui était désolée par plusieurs fléaux, revint en Armorique vers le roi Budic, marié à la princesse Anaumede, sa sœur. Après quelque temps passé a la cour, il se rendit auprès de saint Samson, qui l'admit à partager ses travaux apostoliques. Pendant que ces deux amis vécurent ensemble, ils plantèrent dans la vallée de Dol une magnifique avenue de trois mille pas, qui conduisait de la ville de Dol au lieu appelé Cai, laquelle se nomma avenue de Teliau. (505).

Samson, avant de mourir, proposa au clergé et au peuple saint Teliau pour son successeur, ce qui fut accepté du Pape.

Saint Teliau, après avoir occupé sept ans et demi le siège de Dol, vit venir a lui un nouveau Samson, que lui envoyait évidemment l'Ésprit du Seigneur. A peine ce Samson eut-il été élu archevêque de Dol, qu'il soumit a Teliau le projet de bâtir une Église. Celui-ci, qui avait vu celle du Saint-Sépulcre, bâtie par l'impératrice sainte Hélène, traça le plan d'un monument byzantin qui fut commencé par ces deux amis, et fini par saint Samson, resté à la place de Teliau, qui retournait en son pays, redevenu habitable. (Voir en ce lieu les pendentifs avec leurs ornements, prés du puits, sous le mur du chœur)

L'Église que construisirent ces saints pontifes ne fut probablement qu'une construction peu considérable, destinée au culte des religieux, sous le nom de Sainte-Marie.

Saint Samson ayant ramené en Armorique le roi Judual, que Childebert et sa femme Ultrogothe avaient attiré à leur cour pour s'emparer de ses états, après avoir fait assassiner son père ; Judual eut à souffrir de grandes guerres de la part de Canao, son oncle, l'assassin de son père, devenu seigneur de Rennes et lieutenant de Childebert, et de la part de Chramne, l'un des fils de Clotaire révolté contre son père, et soutenu par Childebert, son oncle, qui mourait en soufflant au cœur d'un jeune étourdi le feu de la guerre civile. Pour faire face aux ennemis conjurés contre lui et contre sa patrie, Judual vit arriver à son secours le vieux Clotaire en personne, avec une puissante armée. Il voulait, cet insigne scélérat, noyer la révolte dans le sang des rebelles, se ménager le royaume entier de la France, au lieu et à la place de son frère mourant, et asservir l'Armorique. Pendant que les armées étaient en présence, sur les rives du Guyoul, auprès de la pierre du Champ-Dolent, Canao dit à Chramne : « Prince ! laissez-moi le soin de conduire l'affaire, je connais les hommes et le terrain ; d'ailleurs, il ne convient pas que le fils se batte contre son père, s'il veut éviter la malédiction de Dieu. » Chramne s'entête ; il veut l'honneur de la victoire et le profit ! Chramne battit monnaie à Rennes, comme roi breton !

Pendant ce temps-là, Clotaire disait : « Seigneur ! jugez ma cause ! Comme vous avez fait David triompher de son fils Absalon, révolté contre son autorité paternelle, faites que je sois vainqueur de mon fils ».

Enfin, l'action s'engage. Elle fut affreusement meurtrière ; les deux jours suivants, ou se bat dans les plaines au nord de Dol ; Samson, élevé sur une haute montagne, prie ; Judual est vainqueur. Les troupes de Clotaire ruinent une grande partie du monastère de Taurac ou Corne, qui était dans le voisinage de la ville, dans la forêt de Scissy. Chramne fuyait et arrivait au port de Winiau, près des huttes de Chausey, quand il songe à sa femme et à ses deux petites filles, qu'il a laissées dans la cabane d'un pauvre menuisier.

Sauver ces êtres chéris, est la seule pensée qui occupe le prince. Il court, il est près d'arriver, quand il tombe aux mains d'une escouade de soldats de son père qui se hâtent de le lui livrer, pieds et poings liés. Le vieux Clotaire est heureux ! Il ricane, et ordonne que son fils soit étranglé avec une serviette cum orario et que son corps soit jeté dans la cabane où sont enfermées sa femme et ses filles. Après avoir fait, avec un plaisir satanique, le tour de sa cabane, il y met le feu. Ainsi brûlent, avec le coupable, ces innocentes créatures.

Après ce coup, le monstre entre en une sorte de fureur ! Il passe à Rennes, s'y installe, se dit roi de Bretagne. Il se tord dans l'agonie du désespoir. C'est alors que saint Samson lui dit : « Lugeat rex » Qu'il pleure, le roi criminel, qu'il gagne la couronne éternelle, en remplacement de la couronne temporelle qui lui échappe. Il meurt un an après.

Après ces luttes terribles, le peuple de la Bretagne courut se ranger sous les étendards du monarque légitime. Il goûta longtemps les douceurs de la paix, ce qui faisait dire a saint Samson : « Quiescat plebs ». Peuple, repose-toi, Canao et tes ennemis sont vaincus et morts.

Les prélats de la province, heureux de voir leur chère patrie, aux mains du monarque légitime, jouir des avantages de la paix, proposèrent au roi de faire ériger canoniquement la ville de Dol en siège métropolitain, pour saint Samson et ses successeurs. Aussitôt dit, aussitôt fait. Une députation solennelle est envoyée à Rome vers le pape saint Pelage Ier. qui accéda volontiers à la demande des Bretons, érigea le siège de Dol en archevêché et donna le saint pallium au pontife Samson, pour lui et ses successeurs. (555).

Que saint Samson ait eu le pallium, c'est un fait constant, mentionné dans la lettre que Thebault, d'Amiens ou de Falaise, écrivit au clergé de Dol en 1222, pour lui annoncer que la châsse qui renfermait les ossements des saints Samson et Magloire, volée par les routiers de Jean-Sans-Terre, leur avait été enlevée ensuite, par un gentilhomme de Rouen, nommé Philippe des Colombiers. Il y est parlé formellement : « De ossibus et corpore beati Samsonis et de PALLIO ajusdam ». Si l'on nous demande pourquoi le pallium n'y était pas entier, nous dirons que Hugues Capet retint une grande partie du corps des saints Samson et Magloire et qu'il prit une partie notable de cet insigne de la dignité métropolitaine. (V. BRUNE, ibid. p. 245)

Judual, pour occuper ses soldats, crut devoir bâtir une grande et belle église dans la ville de Dol, élevée au-dessus de toutes les églises de la province, sous le nom de saint Samson.

Une façade en pierre de moyen et petit appareil, flanquée de deux tours lourdes et massives qui servent plutôt de défense que d'ornement, s'élève comme par enchantement. La porte qui donne entrée à l'église est carrée, sans autre ornement que quelques colonnettes et une frise ornée de fleurs et feuilles qui se profile d'une tour il l'autre.

La tour du midi, dont la partie supérieure fut renversée et ruinée par les routiers de Jean-Sans-Terre, fut relevée aussitôt après par l'évêque Jean de Lezenez, Lisannet, aux frais du monarque, dans le style de l'époque. On y lit au midi de courtes croisées étroites, encadrées dans une moulure que les maîtres appellent tore et boudin ; cette partie, plus large que la base de la tour, est appuyée à son angle du nord-ouest sur une cariatide ressemblant à un chevalier armé de la cotte de maille, et qui s'élance dans l'espace, c'est Jean-SansTerre (on l'appelle le Diable, en langue vulgaire). Au-dessus devait s'élever une flèche. La balustrade qui règne autour de sa plate-forme est fort belle. Le campanile ou clocheton élevé sur la cage de l'escalier a été commencé le 6 avril 1663. Il fit fléchir la tour et nécessita un travail en sous-œuvre qui est solide, mais sans aucun ornement. Cette tour a subi plusieurs modifications, et le premier travail est à peine reconnaissable. Les baies du troisième étage sont romanes.

« En 1487, Gilbert de Bourbon, comte de Monpensier, revenant du siège de Nantes, qui fut levé, assiégea la ville de Dol, laquelle fut prise d'assaut, sans résistance, sinon que les portes furent fermées, personne ne s'étant mis en défense, dont le capitaine Esprit de Montauban, sieur de Tromeur, fut blâmé ; la ville fut pillée, et les gens de Dol, guerriers bretons et habitants, furent faits prisonniers, et les trésors et lettres de l'Église enlevez pour la seconde fois. »

Ce triomphateur put dire et dit en s'en allant de Dol : Veni, vidi, vici ! Il reçut sûrement à Paris les honneurs du triomphe, avec une couronne murale.

Le héros, qui avait avec lui des armes à feu, connues en Bretagne depuis le siège de Bécherel, en 1363, braqua ses pièces contre l'Église, et détruisit entièrement la fenêtre de la façade occidentale du monument, renversa en grande partie la tour du nord. Cette tour, qui menaçait ruine, fut dé molie par l'évêque Mathurin de Plesdran, en 1505. Celle qu'il a commencée est, à sa base, d'une dimension telle que, si elle était finie comme elle est aujourd'hui, elle serait l'une des plus belles et des plus considérables de l'Europe. Nous engageons l'amateur des fioritures a voir de près ces guirlandes de fleurs, de fruits, d'animaux qui ornent chaque assise en étage de cette tour, qui affecte la forme d'un camp. Elle est reliée à la façade de l'église par deux contreforts qui appartiennent, évidemment, à la première construction, partent du sol et s'élèvent jusqu'à l'amortissement de la grande fenêtre.

L'église, bâtie par Judual, eut la forme de la basilique ancienne. Une grande nef, le long de laquelle se prolongent deux nefs ou bas-côtés moins considérables, arrivait aux deux gros piliers qui, joints à ceux du chœur, supportent la coupole actuelle.

Au-delà des deux piliers, était un hémicycle, appelé tribune ou abside. C'était la que se plaçait l'évêque ou le prêtre célébrant, assis sur un siège appelé en latin cathedra, en français chaire ... Cet hémicycle, moins élevé que le reste de la basilique, était terminé par une voûte en bois.

Si l'abside était réservée au clergé, la grande nef était particulièrement affectée aux personnages les plus éminents dans l'armée, la noblesse, la magistrature ; le petit peuple était dans les bas-côtés et au bas de l'église.

Les voûtes des bas-côtés étaient mises en communication avec l'église par des portes carrées, en forme de tremille, qui donnent sur les galeries du triforium. C'est la que se plaçaient les religieux et les religieuses, pour assister au service divin ; ces voûtes sont informes à leur intrados et semblent une ébauche.

La grande nef n'eut d'abord qu'un plafond en bois, qui fut brûlé par les routiers et Brabançons, en 1202.

Quand nous mentionnons les grosses colonnes cylindriques qui forment le fût principal de chaque colonne, avec leurs chapiteaux si simples, si uniformes ; quand encore nous parlons des colonnettes dont les grosses colonnes sont flanquées, on conçoit que nous les attribuions au style normand ou roman. Mais quand on regarde les arcades du rez-de-chaussée, ces arcades ogivales à double-arc, on s'écrie : « Voilà I'ogive ! » Ce style ogival fût-il primitif, comme le reconnaissent nps maîtres ? Il ne faut pas lui assigner une époque antérieure à l'année 1180 ou 1300 ! (BRUNE, Archéologie Religieuse, p. 97)

Nos maîtres, parlant de l'ogive, nous la présentent comme un effet sans cause. Ils nous la montrent comme un produit du treizième siècle, se modifiant d'une façon merveilleuse jusqu'à sa décadence ...

Voici, sur ce point, notre opinion : vers le commencement du dixième siècle, régnait en France un roi du nom de Charles, avec le surnom de Simple. Il fut marié à une princesse anglaise, appelée Ogive, ou la belle, Cette princesse fut le héros de son siècle. Nous conjecturons que les architectes donnèrent le nom de la princesse-reine de France a une forme d'arcade qui plaît à l'œil, beaucoup plus que l'arcade a plein-cintre, avec ses formes variées, avec ses ornements divers.

Les constructeurs du dixième siècle adoptèrent-ils cette arcade ? Ne fut-elle de mise qu'au treizième siècle ? Nous sommes pour le dixième, en avouant qu'elle fut encore rare.

M. Brune, et M. Bourrassé, son maître, reconnaissent une ogive très pointue, qu'ils appellent ogive romane, ce qui prouve que le roman, qu'ils font remonter aux premiers siècles, admettait l'ogive. M. Alfred du Vautenet, de Meillac, l'un de nos plus savants et de nos plus consciencieux archéologues, dit que « l'ogive est de tous les temps ; qu'à toutes les époques, les constructeurs d'Églises y ont eu recours, lorsqu'ils ont voulu élever des monuments à une grande hauteur et à plusieurs étages. » Cela suffit pour que nous puissions, sans témérité, donner le sixième siècle comme époque où fut bâtie notre Église. (V. CAUMONT, p. 119. BRUNE, Atlas)

Au-dessus des arcades du rez-de-chaussée règne un triforium ou galerie pris dans l'épaisseur du mur, et en claire-voie. Il est orné d'arcades en carène de navire qui caractérisent une vieille construction, au dire de Bourrassé. Les retombées de ces arcades reposent sur des colonnettes gracieuses, dont les chapiteaux son ornés de crosses. Les parois de l'Église sont couvertes d'arcatures simulées, qui sont d'un excellent effet.

Un troisième étage, nommé clerestory, termine le monument.

Jean-Sans-Terre étant passé a Dol en 1202 ou 1203, les routiers ou Brabançons qu'il tenait à sa solde mirent le feu au comble de l'Église, dont les murs furent endommagés à une certaine profondeur. Jean, qui aimait les Dolois, leur donna une forte somme pour la réparation de leur église. Jean de Lezenez, de Lisannet, le premier successeur de l'archevêque Jean-de-la-Mouche, releva les murs à leur hauteur première ; au lieu du premier système, que l'on peut voir au-dessus du buffet de l'orgue, aux parois des tours, il adopta, pour orner cette partie de l'église, les baies à lancettes dont une plus grande est flanquée de deux autres plus petites, fort allongées, et d'une symétrie des plus gracieuses. (V. CAUMONT, Abécédaire, p. 311, style ogival primitif) Cette partie occidentale du monument est assurément fort belle, et, à notre avis, plus belle que le chœur.

Le petit porche qui se trouve près de la tour est byzantin. Nous pensons qu'il était la porte principale de l'Église de la Sainte Vierge, bâtie par saint Samson ; que Judual, par respect pour ce pontife, le fit transporter au bas de son Église, la où nous le voyons. Le pilier qui partage en deux parties égales l'entrée du porche est de Henri Du Bois, de Bosco, que le père Albert Le Grand appelle fleuri Cœur. (1341) Les portes de l'église sont carrées, terminées par des pierres de granit ornées de fleurs et de feuilles, au milieu desquelles se montre une Vierge, du plus merveilleux effet. Au-dessus de ces portes, on remarque une suite d'arcatures couronnées de rosaces, encadrées dans deux arcades simulées. Les angles sont ornés de guirlandes à jour d'un travail admirable, mais très endommagées. Les parois du porche sont tapissées d'arabesques, de feuillages en pierres blanches, qui charment l'œil, malgré les mutilations qu'elles ont souffertes.

Les piliers et contreforts, d'une dimension fort simple, soutiennent des arcs-boutants qui arrivent au sommet de la grande nef. D'autres, noyés sous la couverture en ardoise, se rattachent à la côtale de l'église, au-dessous des fenêtres. Nous voudrions qu'ils fussent vus.

Les fenêtres du nord sont géminées, à lancettes ; elles sont terminées par une rosace en œil de bœuf, polylobée, d'un très brillant effet. Elles sont fort endommagées. Celles du midi sont moins gracieuses, elles auront eu à souffrir dans quelque fâcheuse circonstance.

Tout le grand comble est entouré d'une galerie avec balustrade, qui se compose d'arcades trilobées du treizième siècle, époque où l'Église fut restaurée.

L'abside de la basilique, bâtie par Judual, ayant été brûlée et renversée en 1202 ou 1203, nos évêques, depuis Clément de Vitré et de Coëtquen (1231), jusqu'à Jean d'Avaugour (1340), nous apparaissent comme occupés de leur Église, au point de ne pouvoir s'absenter, même pour aller à Tours, assister au sacre des évêques bretons, qui vont là pour y recevoir l'onction sainte ; ils disposaient les matériaux.

Le successeur de Jean d'Avaugour, Henri Du Bois, archidiacre de Dol, et promu seulement au diaconat, est élu à l'unanimité par le clergé et le peuple de la ville ; il est porté par les chanoines dans le chœur de leur église, et offert à Dieu, à la Sainte Vierge et a saint Samson. D'où nous concluons que le chœur de l'Église était terminé.

Le style ogival était accepté en plusieurs contrées, comme le seul qui convint aux monuments du culte catholique. Les baies, généralement géminées, furent d'abord assez peu ornementées ; et voilà que, tout-à-coup, on élargit les fenêtres, on y jette à profusion meneaux et colonnettes. On orne le tympan de chaque fenêtre de trèfles, de rosaces, de feuilles. On multiplie ces fenêtres, on élève à perte de vue des nefs aériennes, des monuments qui semblent ne se tenir debout que comme par enchantement ! ! ! A la place des gros piliers romans, on met des faisceaux de colonnettes, avec des chapiteaux chargés de fleurs, feuilles, d'un travail ravissant.

Voici, croyons-nous, la cause de cette révolution, qui fut surtout adoptée en France et dans le nord de l'Europe, et non en Italie.

Au commencement du quatorzième siècle, Bertrand de Goth ou de Gouth, archevêque de Bordeaux, né au village de Villaudran, près de cette ville, fut élu pape, sous le nom de Clément V. Il fixa son séjour dans la ville d'Avignon, pour des motifs que n'ont pas approuvé les historiens. Afin de rendre digne du successeur de saint Pierre une ville jusque-là peu importante, Clément y fit élever un palais royal et une cathédrale. Génie entreprenant, audacieux, Bertrand quitte pour ainsi dire l'ornière. Laissant de côté les styles ionique, corinthien, composite, adoptés par les Grecs, le toscan et le dorique, d'origine latine ; les styles nommés byzantin, roman, le nouvel architecte fait bâtir sur des plans nouveaux, qui sont de son invention. Les ouvrages progressent. On les visite, on admire, on critique. Tous les architectes classiques grondent. Le public, souvent bon juge, applaudit, reste en extase. Les hommes de l'art, subjugués, finissent par dire : « C'est beau, c'est ravissant ! » C'est vrai, dit un plaisant, voilà l'œuvre de Bertrand le Goth voilà du gothique ! et chacun de répéter à l'envi : c'est du gothique. Et cette épithète, qui répond à notre épithète romantique opposée au classicisme, a prévalu. Le chœur de Dol, bâti après 1300, est, évidemment, à l'intérieur surtout et dans ses magnifiques fenêtres du chevet oriental, des transepts et du bas-côté méridional, de ce style, ainsi que les baies du clerestory.

Les deux gros piliers qui terminaient l'ancienne basilique sont reliés à ceux du chœur par deux arcs qui supportent une coupole qui devait être évidée et former un dôme comme celui de Coutances. Ils sont ornés de colonnettes gracieuses.

L'espace entre la vieille église et le chœur forme le transept, qui ne fut pas saillant au moment où fut fait ce chœur. L'allongement de ce transept est l'œuvre du pontife dolois Etienne Coeuret (1415), natif de Fougères. L'entrée du transept est partagée en deux par un gracieux pilier surmonté d'un socle orné de deux mascarons. Une série d'arcs concentriques, reposant sur les colonnettes de l'ancienne abside, font l'ornement de cette porte grandiose. Le porche est ouvert à l'est et à l'ouest de fenestrages dans le genre des fenêtres méridionales du chœur. Ces fenestrages ont presque entièrement disparu. Leurs voussures, ainsi que celles de la porte d'entrée, étaient ornées de statuettes et de rinceaux, affreusement mutilés. Il était terminé par des piliers ornés de petites niches, surmontés de deux aiguilles ; mais comme le tout tendait a l'écartement, il a fallu le buter au moyen d'un faisceau de colonnettes, un peu lourd, mais qui ne manque pas de grâce. L'aire de ce porche était couverte de plomb. Monsieur le sous-préfet de Saint-Malo, sur ma demande, ayant ordonné qu'on le recouvrit, pour empêcher sa ruine totale, cette aire a été chargée d'un béton qui ne pèse pas moins de trente-cinq à quarante mille kilogrammes. Mes réclamations furent inutiles, et le mal actuel est plus grand que celui auquel j'ai voulu remédier. La voûte du porche est en pierre ; la clef de voûte porte les cœurs du prélat.

Le chœur, au moment où il fut fait, n'avait point de chapelles ... Quand fut venue la mode d'en faire autour du chœur, pour simuler la couronne d'épines du Sauveur, on commença par faire un mur qui dépasse d'environ trois pieds les contreforts des bas-côtés, et d'autant le mur du chevet de l'église. Le mur du nord est surmonté d'un parapet en pierres de tailles, avec meurtrières propres à un jeu d'armes à feu. Ce parapet est évidemment postérieur à l'année 1363, année où, comme nous l'avons dit, les Bretons virent pour la première fois l'usage des armes à feu, à Bécherel. Les fenêtres de ce côté sont fort peu ornementées ; elles paraissent antérieures à celles du midi, qui sont riches en ornements gothiques. Toutes ces chapelles sont misés entre les contre-forts, elles sont voûtées en pierres.

Par suite de l'agencement dont nous parlons, en fit au chevet du monument, entre les contreforts et appuyée sur eux, une chapelle absidale, à pans coupés, appelée chapelle de Saint-Samson. Pour la mettre en communication avec l'église, en perça le pignon du chevet, de manière à faire une vaste baie en plein-cintre, divisée en deux arcades ogivales partagées par une colonnette à quatre faces rondes, d'une sveltesse qui effraie l'œil du visiteur. Le tympan de cette vaste baie porte un piédestal surmonté d'un dais, destiné à recevoir une statue.

Le chœur ayant été allongé et élargi, il fallut abattre les pignons des bas-côtés, les reculer et donner au monument une travée en plus. Pour mettre les bas-côtés en rapport avec l'abside, on lit aux contreforts une trouée qui fut ornée au moyen de colonnettes engagées dans les côtés intérieurs des contreforts et unies entre elles par une arcade ogivale avec arcs doubleaux. Une grande arcade unit entre eux les contreforts du sud et du midi, et forme l'entrée de la chapelle absidale. Des arcs à nombreuses nervures, superposés entre le chœur et la chapelle absidale, unissent entre elles ces parties de l'église. Ils sont d'une structure admirable et d'une hardiesse prodigieuse. Les contreforts et arcs-boutants du chœur, ceux surtout du midi, sont beaucoup plus considérables que ceux de l'Église. Ceux-ci sont terminés par des clochetons ornés de dais, surmontés de pinacles dans le goût du quinzième siècle. Nous les trouvons fort beaux.

Pour l'œil le moins exercé, la voûte de la grande nef, d'un bout à l'autre de l'église, est identique. Elle fut faite avec le chœur, et nous ne doutons point que ce ne soit cette particularité qui a fait supposer à Monsieur Mérimée que le monument est presque tout entier exécuté sur le même plan, et l'on serait tenté de dire par les mêmes ouvriers, il n'eût peut-être pas émis cette opinion s'il eût comparé avec quelque attention les voûtes des bas-côtés de la nef, et celles du chœur aux voûtes des bas-côtés de l'église elle-même.

Les vitraux peints de l'Église accusent aussi bien que les murs, les colonnes, etc., la différence notable du temps où l'église a été construite. Pour en juger, il suffit de comparer ensemble les vitraux de la grande verrière du chevet de l'église à ceux des transepts.

La grande baie du chevet se compose d'une vaste ogive divisée en deux par le meneau du centre. Chacune de celles-ci se subdivise en zones ou bandes verticales dont chacune renferme six panneaux carrés ayant des personnages sur un fond de mosaïque. Il est aisé de remarquer que plusieurs des panneaux sont plus vieux que quelques autres ... Mais tous affectent la même forme. Des morceaux de verre aux riches couleurs forment le fond sur lequel sont tracées ces figures avec de la terre de Cassel, cuite au four. Plusieurs de ces figures sont admirables d'expression.

Première zone, à partir du bas-côté vers nord :

  1. Sujet indéchiffrable.
  2. On dirait la chaste Suzanne livrée au juge.
  3. Deux personnages en pied, nimbés, dont l'un est suivi d'un groupe pressé. C'est le saint précurseur (l'ancienne loi) qui amène ses disciples à Jésus, l'auteur de la loi nouvelle.
  4. Une princesse, au milieu de châteaux, aperçoit au devant et au-dessus de sa tête une main sur laquelle elle arrête son regard. C'est Isabeau de Castille, qui devint l'épouse de Jean de Bretagne, le troisième du nom.
  5. Le duc Arthur Il envoie Guillaume, sire de Rieux, vers la princesse, qui consent à épouser le futur duc de Bretagne.
  6. Le mariage se célèbre devant le roi de Castille (1309)

Deuxième zone :

  1. Deux cavaliers marchent au pas de leurs chevaux : l'un, jeune, la tête couverte d'un chaperon rouge, écoute avec une religieuse et anxieuse attention ce que lui dit son vieux compagnon, qui a la tète découverte.
  2. L'ange fait sortir de Sodome Lot, sa femme, son gendre et ses deux filles, que leur mère tient par la main. La femme de Lot est au premier plan.
  3. Abraham reçoit la visite de l'ange.
  4. Indéchiffrable.
  5. Une bannière tenue déployée, portée par un héraut, semble nous indiquer le sire de Combourg, le vidame de l'archevêque de Dol, portant son étendard, au moment où commence une guerre, celle de la succession.
  6. Sacrifice d'Abrahgm.

Troisième zone :

  1. Annonciation. Ange avec phylactère portant ces lettres gothiques : ave, maria, etc.
  2. Visitation.
  3. Apparition de l'ange aux bergers ; lumière vive qui permet de voir les pasteurs à demi-renversés, et les chèvres qui broutent les buissons.
  4. Nativité, horriblement mutilée.
  5. Adoration des Mages.
  6. Jeune fille aux cheveux blonds, flottants ; agenouillée, ayant derrière elle un jeune homme.

Quatrième zone :

  1. Entrée à Jérusalem. Rameaux.
  2. Cène. Au lieu de pain, l'artiste a mis sur la table des poissons. Le poisson, en grec Ichthus composé des lettres qui indiquent les noms de Jésus et sa mission. I commence Jésus ; CH, Christ ; TH, première lettre du grec theos, Dieu ; U, uios, fils ; s, salvator. (Jesus, filius Dei, salvator)
  3. Lavement des pieds.
  4. Protestation des apôtres au Sauveur, qui leur annonçait que l'un d'eux le trahirait.
  5. Baiser de Judas.
  6. Illisible.

Cinquième zone :

  1. Flagellation.
  2. Simon le Cyrénéen s'offre à Jésus.
  3. Élévation de la Croix.
  4. Descente de la Croix.
  5. Saintes femmes au tombeau.
  6. Marie-Magdeleine et le Sauveur.

Sixième zone : Saint Samson.

  1. Saint Samson, archevêque, prend congé de sa mère, devenue religieuse, ayant les cheveux coupés, et de son père Amon, qui a la tête rasée, parce qu'il est lui-même religieux.
  2. Voyage. La barque qui porte saint Samson et ses compagnons de voyage vogue à pleine voile. Une secousse violente se fait sentir tout-à-coup. Chacun frémit, s'imaginant que tout est perdu. Samson seul reste impassible ; il vient de voir au haut du mât un gros vilain diable rouge qui souffle de toutes ses forces sur la frêle embarcation ; puis, comme si son souffle ne suffisait pas, il saisit le mât par le bout, pour la faire sombrer. Mais Samson a prié, et voilà que le mât s'est rompu, laissant son extrémité entre les mains du pauvre diable qui est la, dans l'attitude d'un être affreusement désappointé. La nef avance doucement.
  3. Saint Samson est reçu par Childebert, le roi des Francs, et sa femme Ultrogothe. Il est éconduit.
  4. Il se retire hors de la ville, au lieu appelé encore la Ville-l'Evêque. Près de la se trouvait un dragon à la tête de chèvre, au corps de chien, a la queue de reptile. Il lui passe son étole au cou, et le mène avec lui a la cour. Admis en audience solennelle, le prélat en chape, mitre, met ce dragon entre lui et le roi, que suivait la reine. A la vue du prodige, Childebert promit de rendre a l'archevêque de Dol le prince Judual, son cousin, l'héritier du trône Armorique.
  5. Ultrogothe aimait Judual, ou Alain, quoiqu'il fût jeune, et elle déjà vieille ; elle veut le garder. Elle essaie d'empoisonner l'évêque négociateur : un page lui sert un breuvage vénéneux. Samson a recours à son arme ordinaire : il prie ; le vase se brise, la liqueur coule sur les mains de l'assassin, lui fait une brûlure qui lui arrache des cris, et bientôt des aveux complets. Au moment où le roi allait infliger au trop complaisant échanson la peine que méritait son crime, Judual, en costume de beau jeune prince, à la chevelure blonde et bouclée, arrive, intercède en faveur du coupable que saint Samson a guéri ; il fait ses adieux au roi, à la reine, et reprend le chemin de la Bretagne.
    La mission de saint Samson est remplie ; en présence d'une foule immense, il va jusqu'au bord de la Seine, il commande au dragon de la traverser et d'aller en un lieu que le légendaire appelle Gravina, et de ne jamais plus paraître. Le monstre obéit ; il va expirer dans un lieu qui est devenu une rue connue sous le nom de rue du Dragon, près de la Croix- Rouge, à Paris.
  6. Le sixième médaillon reproduit la métamorphose des cochons en boues, et vice versâ.

Septième zone :

  1. Saint Samson, avec les évêques de Rennes, Nantes, Vannes, Quimper, préside un concile national.
  2. Les quatre premiers, et avec eux ceux de Cornouaille et de Saint-Malo, en tout sept.
  3. Les troisième, quatrième, cinquième et sixième médaillons nous représentent des tenues de conciles, des assemblées d'évêques au nombre de neuf. (1er novembre)

Huitième zone : L'histoire de sainte Catherine, martyre.

  1. Condamnation.
  2. Dispute avec les philosophes. Elle leur présente le livre des divines Ecritures fermé avec un fermoir de haut prix ; elle le leur ouvre, les convertit. Une colombe lui parle.
  3. Ils sont jetés en une chaudière sous laquelle brûle un feu qui leur fait endurer de cruelles tortures ; ils sont calmes.
  4. Elle est visitée par quelques amis qui cherchent à ébranler sa foi.
  5. On la met en présence d'une roue. Les bourreaux renversés n'osent lui faire endurer le supplice qui lui est préparé.
  6. Un autre genre de mort lui est donné, car elle a l'honneur de l'apothéose, et voit à ses pieds une foule de pieux chrétiens qui invoquent sa puissante protection auprès du Seigneur.

Cette zone pourrait, en plusieurs de ses parties, être attribuée à la glorification de sainte Marguerite, vierge, qui a en la gloire du martyre à Antioche de Pisidie, où elle fut élevée dans la foi par sa servante, et livrée aux bourreaux par son propre père. Ces deux vierges sont honorées à Dol d'un culte particulier.

Tympan. Appareil du Jugemenl général.

Le Souverain Juge va venir pour juger les vivants et les morts. Il annonce à la cour céleste qu'il va procéder à la discussion des consciences. Il est au centre de la rosace, dans l'appareil de sa gloire, de sa majesté. A ses pieds, dans le calice d'une fleur, est son auguste Mère, agenouillée, les mains jointes, les yeux levés vers le ciel. Elle crie miséricorde pour les pauvres pécheurs. Son amour augmente à mesure que croît le danger. A la Vierge compatissante se joignent les anges gardiens des hommes. Ils présentent au Souverain Juge les instruments de sa passion pour attendrir son cœur. Les apôtres, à la droite du Sauveur, sont assis comme juges devant juger les douze tribus d'Israël, le monde entier ; il ont la couronne sur la tête et le sceptre à la main. Un ange embouche la trompette, les morts sortent du tombeau. A la gauche du Sauveur sont les âmes du purgatoire ; elle sortent de leurs prisons enflammées. Derrière elles sont les damnés, que les démons, armés de fourches, repoussent au fond de l'abîme. Cette scène est sublime, effrayante. L'artiste y a déployé un talent admirable ; elle est bien conservée.

Les fleurs de lis qui se voient à la troisième zone ont fait présumer que toute la verrière est à la gloire de saint Louis et de sa glorieuse mère, la noble Blanche de Castille.

Nous qui savons que Blanche et son fils furent nos ennemis, n'acceptons point cette hypothèse. Nous disons qu'elles sont là pour honorer Charles de Blois, l'antagoniste de Jean de Montfort, lequel Charles fut ami des Dolois, et à la canonisation duquel on procéda en France l'an 1370, sur bulles datées d'Avignon, données par le pape Urbain V.

Les trois baies principales de la chapelle absidale sont ornées de portraits d'archevêques et d'évêques dont les têtes sont généralement assez bonnes. Nous n'aimons pas l'air de matamore donné a saint Samson, qui fut et qui dut être toujours modeste. Le troisième des archevêques, saint Budoc, a un air juvénile qui lui va à merveille. Il résulte de la vie de ce saint prélat que sa mère, l'épouse du roi Judual, fut calomniée par Rima, sa belle-mère ; que la calomnie, appuyée sur des témoignages faux et mensongers, la montra comme criminelle et digne du dernier supplice ; il en résulta que Judual, son mari, pour confondre la calomnie, obtint qu'elle fût soumise a l'épreuve de l'eau. Un navire fut fait, sans voile, sans gouvernail ; Azenor, l'épouse infortunée, y est enfermée, et le navire jeté à la mer, en présence de Judual, qui recommande à Dieu et la mère et l'enfant, objets de son amour, de son affection. A l'instant où la nef prend la mer, le roi ordonne que tous les havres, ports et anses soient gardés avec soin, pour éviter tout accident de la part des hommes. Quelques mois s'écoulent, pendant lesquels Azenor est assez heureuse pour mettre au monde un fils qui devint l'objet de son attention et de ses craintes. La mère et l'enfant furent, avec leur navire, portés dans la Rance, en une anse appelée de la Beusaie, en la commune actuelle de Saint-Jouandes-Guérech. Les habitants du village, attirés par la nouveauté, approchent ; Aliénor, qui a entendu le bruit de leurs pas, appelle. Le navire s'ouvre, et, à leur grande surprise, ils y trouvent une femme de rare beauté et un tout petit enfant. Aliénor, ayant appris qu'elle est aux environs de Dol, s'y fait conduire ; elle est présentée à saint Samson, qui donne avis au roi de l'arrivée heureuse de son fils et de son épouse au territoire de Dol. Judual, qui n'avait cessé de pleurer et de prier, court, reconnaît son épouse bien-aimée, veut se jeter à ses pieds et lui faire des excuses. Tranquillisez vous, dit Azenor, donnons gloire à Dieu, qui n'a pas permis que sa servante fût déshonorée, et qui s'est montré bon envers ceux qui ont en lui seul leur confiance. L'enfant fut nommé Beusi, de deux mots celtiques, beu, bouleau ; si, bois, parce que le navire dans lequel il naquit était fait de bouleaux. On appela la Beusaie la maison, en Saint-Jouan-des-Guerech, près de laquelle furent trouvés le navire et les personnes qui y avaient été enfermées. Ce qui explique la conduite de Rime, la mère de Judual, et sa haine contre l'épouse de ce fils, est la vie que cette même Rimo menait avec Canao-le-Maudit, son beau-frère, qu'elle épousa après que ce Canao eût assassiné son légitime époux, Hoël II.

Se voyant enceinte du plus puissant seigneur de la Bretagne, elle voulut que le fils qui naîtrait de ce scélérat, fût héritier du trône, à la place de l'enfant qui devait naître à Judual de son mariage avec Azenor ou Aliénor. Rimo, ayant été témoin des faveurs accordées à sa bru, reconnut sa faute ; elle se convertit, mena une vie très-pieuse, et mérita peut être l'honneur d'être la patronne de la paroisse de Rimon, qui a toujours été du diocèse de Dol, quoique enclavée dans celui de Rennes. Budoc, ou Beusi, régna, paraît-il, après Judual, son père ; il renonça à la couronne, s'enferma dans le monastère de Caurac, d'où il fut tiré à l'âge de 21 ans pour remplacer saint Magloire, qui quitta le siège de Dol pour aller dans la solitude se préparer à la mort.

On voit dans la cour de la maison la plus voisine du grand portique de la Cathédrale, ancienne maison épiscopale, bâtie par l'évêque Etienne Coeuret, pour se loger, une pierre cavée, propre à servir de couche à un homme ; c'est presque certainement la pierre dans laquelle saint Budoc prenait son repos la nuit. (V. Amen LE GRAND, Vie de Saint Budoc)

Revenant aux vitraux de la chapelle absidale, nous dirons que les draperies des évêques ressemblent un peu a des vêtements de hérauts d'armes, que la couleur jaune y domine trop ; nous trouvons que les pradello ne sont généralement pas heureux. Les évêques Antoine de Revol, Matthieu Thoreau, de Bercé, devaient être représentés avec la croix archiépiscopale, laquelle fut rendue aux évêques de Dol le 3 des ides d'avril, de l'an 1493, par le pape Alexandre VI, écrivant à Thomas James, qui l'avait sollicitée pour lui et ses successeurs ; ce qui fut accordé. Ces réserves faites, nous dirons que, somme toute, le travail est bon et son effet excellent.

Le trône pontifical qui est en haut des stalles porte les armes de François de Laval, et nous croyons qu'il a été mis la par ce pontife, ainsi que les stalles elles-mêmes. Quelques treiziémes siècles veulent qu'elles soient de cette époque sacramentale. Nous pensons, nous, que, si à cette époque de foi et de piété, on eût mis en une église les monstruosités irreligieuses qui se voient aux accoudoirs desdites stalles, leur auteur eût été poursuivi par quelque inquisiteur ; qu'elles eussent été jetées au feu. Nous les croyons l'œuvre de quelque ouvrier a la solde de la secte huguenote, patronnée par les Coligny, dont l'un, Dandelot, fut maître souverain au pays de Vitré, etc., et par une tante du fameux Henri IV, devenue femme d'un de Rohan, fanatique calviniste, qui s'amusaient à vilipender le Catholicisme par toutes sortes de façons. (1557) D'ailleurs, Caumont, qui connaissait parfaitement l'église de Dol et ses stalles, dit : « En fait de stalles en bois, on n'en cite guère du treizième siècle que celles de Poitiers, que nous avons décrites et figurées. » Ces stalles ne deviennent communes qu'au siècle suivant, et encore en reste-il extrêmement peu de cette époque.

Le grand autel de la Cathédrale et ses gracieux reliquaires sont dus à la munificence de Monseigneur de Sourches, ainsi que le dallage de l'église. (l746-1747)

L'autel Saint-Samson est heureusement combiné pour donner suite à l'église. L'autel proprement dit, avec son retable, est essentiellement byzantin, la châsse qui surmonte le tout est gothique. Les gradins de l'autel, comme ceux du chœur, sont des incrustations de bon goût. Le dallage en damier est fort joli. Les grisailles, comme peintures murales, plaisent à ceux qui aiment le badigeon polychrome ; elles déplaisent à ceux qui veulent le granit pur ! Les noms des saints sont des énigmes dont nous n'apercevons pas la valeur ; ils semblent un anachronisme. La chape et la présence de M. de Bercé attestent la nouveauté de la verrière !

Source : Essai historique sur les monuments de Dol par Abbé J. M. Lecarlatte 1864.

La cathédrale de Dol, fondée au IXe siècle, fut brûlée en 1203 par les troupes de Jean Sans Terre. L'édifice actuel, qui dut être commencé peu après, est un beau spécimen d'architecture gothique d'influence normande. La reconstruction débuta par la nef, continuée par le transept et terminée vers 1265 par le choeur.

Une importante campagne de travaux au XIVe siècle voit la construction de la tour de croisée, du grand porche sud, de la salle capitulaire et de la chapelle à pans coupés élevée à l'est du choeur. Du XVe siècle datent les deux étages supérieurs de la tour sud, et des modifications du porche sud. La tour nord, mise en chantier en 1520, ne fut jamais achevée, et la façade occidentale a été remaniée aux XVIe et XVIIe siècles.

Source : Ministère de la culture.

Localisation et informations générales

  • identifiant unique de la notice : 56144
  • item : Ancienne cathédrale Saint-Samson
  • Localisation :
    • Bretagne
    • Ille-et-Vilaine
    • Dol-de-Bretagne
  • Adresse : place de la Cathédrale
  • Code INSEE commune : 35095
  • Code postal de la commune : 35120
  • Ordre dans la liste : 1
  • Nom commun de la construction :
    • La dénomination principale pour cette construction est : cathédrale
  • Etat :
    • L'état actuel de cette construction ne nous est pas connue.

Dates et époques

  • Périodes de construction :
    • Nous n'avons aucune informlation sur les périodes de constructions de cet édifice.
  • Année : 1520
  • Date de protection : 1840 : classé MH
  • Date de versement : 1993/08/24

Construction, architecture et style

  • Materiaux:
    • non communiqué
  • Couverture :
    • non communiqué
  • Materiaux (de couverture) :
    • non communiqué
  • Autre a propos de la couverture :
    • non communiqué
  • Etages :
    • non communiqué
  • Escaliers :
    • non communiqué
  • Décoration de l'édifice :
    • Le décor est composé de : 'sculpture'
  • Ornementation :
    • non communiqué
  • Typologie :
    • non communiqué
  • Plan :
    • non communiqué

Monument et histoire du lieu

  • Interêt de l'oeuvre : 18 04 1914 (J.O.).
  • Eléments protégés MH (Monument Historique) :
    • Notre base de données ne comprend aucun élément particulier qui fasse l'objet d'une protection.
  • Parties constituantes :
    • non communiqué
  • Parties constituantes étudiées :
    • non communiqué
  • Utilisation successives :
    • non communiqué

Autre

  • Divers :
    • Autre Information : propriété de la commune 1992
  • Détails : Cathédrale Saint-Samson (ancienne) (cad. AC 26) : classement par liste de 1840
  • Référence Mérimée : PA00090544

photo : gerardgg

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