Eglise collégiale et ses abords

La partie la plus ancienne de cet édifice est une construction d'origine romane à laquelle il est difficile d'assigner une époque certaine à cause du mauvais état où elle est actuellement. Cette construction, qui a dû former l'église primitive, et servir de baptistère , se compose d'une vaste salle circulaire recouverte par une coupole et d'un bas-côté entourant cette salle. Des colonnes en pierre supportant des archivoltes en maçonnerie pénètrent la grande voûte.

Dans les murs d'enceinte de ces bas-côtés, qui ont une très grande épaisseur (2 mètres environ), sont percées des niches dont la destination est incertaine : une partie de cet intéressant édifice est détruite.

Cette construction est soudée à l'église en avant du transept gauche, qu'elle sépare du clocher; mais elle forme une partie complètement indépendante de l'église principale, et par son architecture , et par sa forme intérieure et extérieure, et par la destination qu'elle devait avoir. Des fouilles entreprises sous le sol actuel donneraient du reste certainement un résultat très-digne d'intérêt.

L'église proprement dite se compose d'une nef flanquée du clocher; à gauche, dans la troisième travée, d'un transept un peu étroit, et peu important en comparaison des autres proportions du monument, qui sépare la nef du choeur. Ce choeur et le clocher sont les parties de l'église les plus importantes, et nous allons y revenir dans un instant.

La nef est couverte par une voûte en berceau ogival, dont l'extrados, surmonté autrefois de pointes de pignon en maçonnerie, devait supporter la charpente du comble, aujourd'hui détruite. Ces voûtes se composent de cinq travées : deux ont été reconstruites et modifiées; la troisième fait face au clocher. Les deux dernières sont remarquables par leur construction en bon état, et sont un exemple, assez rare en Limousin, de voûtes contre-buttées par des contre-forts intérieurs, donnant ainsi à l'intérieur presque toute la surface comprise entre les contre-forts, et ménageant, en dehors de la maîtresse-voûte, un bas-côté, étroit dont l'effet est des plus gracieux.

Le transept est un peu étroit, et son importance n'est pas en rapport avec les autres parties de l'édifice. Les deux bras de la croisée n'offrent aucun intérêt. Le centre est carré, et est surmonté d'une coupole ornée d'arcatures , et percée de fenêtres donnant dans les combles. Celte coupole était prise dans la hauteur d'un clocher surmonté d'une flèche centrale, clocher et flèche aujourd'hui détruits.

Au-delà de ce transept s'ouvre un large choeur entouré d'un bas-côté et de chapelles absidales. Le plan de cette partie de l'église est conçu sur une large échelle et de grandes proportions. Le choeur est séparé des bas-côtés par des colonnes supportant des archivoltes en maçonnerie dont la grâce et l'élégance n'ont rien de l'architecture romane, si souvent un peu lourde et embarrassée. Le choeur fut primitivement couvert par une voûte en berceau terminée par un cul-de-four. Les bas-côtés sont couverts par des voûtes en arêtes mal comprises et mal exécutées : c'est l'enfance d'un art qui tâtonne et essaie. Les chapelles absidales sont toutes voûtées en cul-de-four, et sont à peu près en parfait état dé conservation, sauf les deux premières, dont la forme a été bizarrement contournée.

Les bas-côtés et les chapelles sont éclairés par un très-grand nombre d'ouvertures, qui, dans le principe, devaient fournir assez de jour et de lumière pour éclairer convenablement le choeur; mais, au 17e siècle, soit que cette lumière ne fût pas trouvée suffisante, soit que la voûte du choeur se fût écroulée, cette voûte fut relevée et de beaucoup exhaussée, afin qu'on pût percer les trois grandes fenêtres circulaires qui existent actuellement. Cet exhaussement des murs augmenta la charge que portaient primitivement les archivoltes, et qui devait déjà être énorme pour les colonnes portant le choeur. Aussi ces colonnes fléchirent-elles, ainsi que les arcs qu'elles supportaient, et fallût-il, pour les soutenir et pour empêcher leur ruine, élever, dans les intervalles qui les séparent, de nouveaux piliers, et les entourer elles-mêmes des massifs de maçonnerie, qu'on voit aujourd'hui, et qui défigurent complètement le choeur. Les bas-côtés et les chapelles ont été mieux construits, et n'ont subi aucune restauration : aussi ont-ils .conservé entièrement leur caractère primitif, et présentent-ils un style d'architecture limousine du 12e siècle fort curieux à étudier.

La poussée des voûtes de la nef est, comme nous l'avons dit, contre-buttée par des contre-forts intérieurs.

Les voûtes du choeur, primitivement contre-buttées par des arcs-boutants, se trouvent, depuis leur surélévation, suspendues en l'air sans qu'aucune force venant de l'extérieur contre-balance celle qui pousse les murs au vide : aussi, bien que ces voûtes soient construites en briques, peuvent-elles occasionner par leur chute la ruine d'une partie de l'église.

Le clocher se compose de six étages : les quatre premiers datent du 12e siècle ; les deux derniers et la flèche furent détruits par la foudre en 1270, et reconstruits à cette époque.

Les trois premiers étages sont composés d'arcs en tiers-point supportés par des colonnes. Les lignes d'architecture données par le système de la construction apparaissent sans aucun ornement; aucun profil même ne s'y fait remarquer. Des lignes horizontales, un appareil d'une grande régularité, des arêtes vives, donnant de fortes ombres, en font ressortir toutes les parties nettement accusées. Le profil des bases des colonnes et des archivoltes rappelle singulièrement l'architecture de nos monuments de la même époque construits sur les bords de la Loire : ainsi le clocher, dans son soubassement, rappelle celui du porche de l'église de St-Benoît-sur-Loire. Le deuxième et le troisième étage sont séparés par une série de petites arcatures en plein-cintre.

Au-dessus de ces trois étages s'élève un pignon aigu, percé d'une grande ouverture, d'un aspect lourd, et dont la charge écrase l'édifice. Les deux derniers étages ont été reconstruits au 13e siècle, après l'accident qui causa leur ruine. Ils se composent d'ouvertures en plein-cintre géminées par une colonnette et d'un arc ogival divisé par deux arcs en plein-cintre. Sous la corniche de couronnement on voit une série de petites arcatures semblables à pelles qui se trouvent au-dessus du deuxième étage : c'est sur cette corniche que prend naissance la flèche en pierre qui la couronne. Toute cette partie, reconstruite au 13e siècle, menace ruine, d'abord par l'effet d'un vice de construction dans la répartition des pleins et des vides, puis par le mauvais choix des matériaux : la pierre est un granit d'un grain lâche et mal agrégé, que le temps a trop facilement détérioré, et qui tombe par petits fragments. Les murs se sont dédoublés. Un chaînage provisoire, qui a été fait il y a quelques années, pourra retarder, mais non empêcher, la ruine des deux derniers étages de la tour et de la flèche du clocher, dont chaque jour la chute devient de plus en plus imminente.

La façade principale de l'église est bien conservée : elle remonte au 13e siècle. La porte ogivale ne possède ni linteau ni tympan en pierre; les colonnettes sont surmontées de chapiteaux à crochets, qui caractérisent, en Limousin, les premiers commencements de l'architecture ogivale; deux niches formées d'arcatures trilobées, renfermaient des statues aujourd'hui détruites. Une grande fenêtre ogivale percée au-dessus de la porte éclaire la nef. Cette façade et tout le clocher sont construits en moellon d'un appareil très-régulier et en bon état.

Parmi les objets d'ameublement ou de sculpture que renferme l'église de St-Léonard, nous citerons en première ligne : un retable d'autel, en albâtre, très remarquable d'exécution, qui peut être attribué au 13e siècle ; il se divise en cinq parties représentant :

  • la Vierge entourée d'une auréole
  • l'adoration des mages
  • Jésus crucifié, et placé entre les genoux de son père
  • la Vierge couronnée par les trois personnages de la Ste-Trinité
  • l'annonciation.

Ce bas-relief est actuellement dans une chapelle absidale.

On remarque aussi dans le bas-côté du choeur une statue byzantine recouverte de plusieurs couches de badigeon, mais très curieuse de forme et d'exécution. Enfin, comme souvenir historique, le verrou de Saint-Léonard, si célèbre dans les légendes du Limousin comme ayant la vertu de rendre fécondes les femmes stériles.

FÉLIX NARJOUX, Architecte-inspecteur des édifices diocésains.

Source :

  • Titre : Bulletin de la Société archéologique et historique du Limousin
  • Éditeur : Société archéologique et historique du Limousin (Limoges)
  • Date d'édition : 1846

photo pour Eglise collégiale et ses abords

Localisation et informations générales

  • identifiant unique de la notice : 143133
  • item : Eglise collégiale et ses abords
  • Localisation :
    • Limousin
    • Haute-Vienne
    • Saint-Léonard-de-Noblat
  • Code INSEE commune : 87161
  • Code postal de la commune : 87400
  • Ordre dans la liste : 23
  • Nom commun de la construction :
    • La dénomination principale pour cette construction est : place
  • Etat :
    • L'état actuel de cette construction ne nous est pas connue.

Dates et époques

  • Périodes de construction :
    • Nous n'avons aucune informlation sur les périodes de constructions de cet édifice.
  • Dates de protection :
    • 1859/08/16 : classé MH
    • 1936/06/19 : classé MH
  • Date de versement : 1993/09/15

Construction, architecture et style

  • Materiaux:
    • non communiqué
  • Couverture :
    • non communiqué
  • Materiaux (de couverture) :
    • non communiqué
  • Autre a propos de la couverture :
    • non communiqué
  • Etages :
    • non communiqué
  • Escaliers :
    • non communiqué
  • Décoration de l'édifice :
    • non communiqué
  • Ornementation :
    • non communiqué
  • Typologie :
    • non communiqué
  • Plan :
    • non communiqué

Monument et histoire du lieu

  • Eléments protégés MH (Monument Historique) :
    • Notre base de données ne comprend aucun élément particulier qui fasse l'objet d'une protection.
  • Parties constituantes :
    • non communiqué
  • Parties constituantes étudiées :
    • non communiqué
  • Utilisation successives :
    • non communiqué

Autre

  • Divers :
    • Autre Information : propriété de la commune 1992
  • Photo : e4db5581a9e4313be681535eb721c24f.jpg
  • Détails : Eglise : classement par avis de classement du 16 août 1859 - Les abords de l' église à savoir les places Wilson, du Marché, de la Mairie et Denis Dussoubs : classement par décret du 19 juin 1936
  • Référence Mérimée : PA00100467