Ancien couvent des Ursulines ou ancien collège

En 1776, les Ursulines d'Eymoutiers étaient au nombre de trente professes et de sept converses. Le collège municipal occupe aujourd'hui leur ancien couvent.

Le collège fondé en 1777, est établi dans une maison donnée à la ville pour cet usage.

En 1833, le collège a été transféré dans les bâtiments qu'il occupe aujourd'hui, et qui ont été construits en 1683, pour un couvent d'Ursulines.

Un ancien élève du collège d'Eymoutiers en a fait don à la ville, à la condition qu'ils seraient uniquement affectés à un collège, et feraient retour au donataire ou à ses héritiers dans le cas où cette affectation viendrait à cesser.

  • Superficie totale 997 m²
  • Superficie bâtie 342 m²
  • Superficie libre 655 m²

Histoire à la révolution

C'était une oeuvre bien nécessaire qui fut soutenue par plusieurs familles de la paroisse, mais dont on doit la fondation à M. de La Bachellerie-du-Theil, curé de cette ville et à M. Pierre de La Bachellerie, prêtre de la Mission, ancien prieur de Nontron, décédé à Limoges le 17 novembre 1780. Le journal de l'époque nous dit de ce dernier : « M. Bachellerie naquit à Eymoutiers en 1700, d'une famille honorable. Il fut de bonne heure pourvu d'un canonicat dans sa patrie, et pendant environ trente ans, il en remplit les devoirs avec la plus scrupuleuse régularité. Enflammé du noble désir de consacrer ses talents à l'instruction de ces hommes grossiers, mais infiniment utiles, qui peuplent et fécondent nos campagnes, il quitta sa prébende pour entrer dans la communauté des prêtres du séminaire de la Mission de Limoges. Admis dans cette société d'hommes modestes, laborieux, uniquement occupés à répandre les lumières de la religion et le goût de la vertu, il se distingua bientôt par son zèle, sa prudence et sa tendre piété. Chargé de l'administration temporelle de là communauté, il signala sa sagesse et son désintéressement. La ville d'Eymoutiers n'avait presque aucune ressource pour l'éducation de ses enfants, M. Bachellerie forma et exécuta, il y a deux ans, le projet d'y établir un collège. Il a contribué, plus que personne, à la dotation de cette école publique, qui, par ses succès, commence à réaliser ses espérances. »

Dès la première année, l'oeuvre confiée à l'abbé Richard eut un plein succès. On lit en effet dans le même journal : « MM. les écoliers du collège d'Eymoutiers ont rendu publiquement compte de leurs travaux les 9, 10 et 11 août 1779... On a été d'autant plus surpris de les trouver si bien préparés, que le collège nouvellement fondé par la bienfaisance de quelques bons patriotes, a été fréquenté un peu tard. D'ailleurs, les écoliers ne se sont présentés que successivement, et les excellents maîtres, qui sont à la tête de cet établissement ne sonl que deux, MM. Richard et Laserve. Le succès des élèves fait leur éloge. »

Le collège d'Eymoutiers était toujours florissant sous sa direction lorsque commencèrent la révolution et la persécution qui devaient le détruire. Après que la constitution civile du clergé eut été votée par Tassemhlée le 12 juillet 1790 et sanctionnée le 24 août suivant, il la rejeta ainsi que le firent les autres chanoines et refusa le serment schismatique qu'elle demandait. Le chapitre fut supprimé peu après, et dès lors M. Richard se renferma uniquement dans ses fonctions de principal du collège.

Le 24 juillet 1792, le directoire du département de la Haute-Vienne publiait un arrêté dont voici l'article 1er:

« Tous les prêtres ou ecclésiastiques ci-devant ou encore fonctionnaires publics qui n'ont pas encore prêté le serment prescrit par le décret du 27 novembre 1790, ou qui l'ont rétracté, seront tenus de s'éloigner, trois jours après la publication de cet arrêté, savoir les insermentés et ceux qui ont rétracté leur serment, de huit lieues de l'endroit où ils exerçaient ou exercent encore leurs fonctions publiques. »

Les registres de l'administration départementale nous apprennent que le 10 août 1792, Richard, chargé de la préceplorale de la ville d'Eymoutiers, demande si d'après l'arrêté du 27 juillet il est obligé de s'éloigner de son domicile; ajoutant qu'il n'est pas fonctionnaire public, il n'est pas rétribué par la nation. On lui répond d'y rester jusqu'à son remplacement.

Un peu plus tard, le 17 septembre, il pétitionne encore disant qu' «il craint d'être compris parmi les fonctionnaires publics à cause de la préceplorale d'Eymoutiers. — On lui repond que non, qu'il n'est pas obligé au serment. »

Mais tout cela n'étaient que des atermoiments ; on savait combien les habitants d'Eymoutiers et de toute la contrée lui étaient attachés, on savait que son départ serait la ruine du collège, on cherchait à temporiser. Au mois d'octobre les prêtres fidèles qui ne s'étaient pas expatriés commençaient à remplir les prisons de Limoges, les persécuteurs ne pouvaient pas souffrir qu'un prêtre tel que le chanoine Richard restât en liberté. Il nous dira lui-même, dans une poésie patoise, combien il fut malheureux de quitter Eymoutiers où il avait toutes les sympathies.

Emprisonné à la Règle, grâce à son âge, il avait alors plus de 60 ans, il put éviter la déportation maritime, mais il fut condamné à la prison perpétuelle. Pendant qu'il subissait cette injuste détention, il eut la douleur d'apprendre que M. Esmoingt, curé d'Eymoutiers, dans l'intimité duquel il avait vécu bien des années, avait confessé la foi sur l'échafaud de la place de la Fraternité, le 14 novembre 1793, exécution suivie peu après de celle de sept autres prêtres, ses amis, et presque tous des environs d'Eymoutiers.

Il vit aussi partir pour Rochefort les nombreux prêtres fidèles que leur âge n'exemptait pas de la déportation au delà des mers, et qui depuis bien des mois partageaient avec lui toutes les souffrances de leur détention à la Règle.

Pour lui, les persécuteurs le dépouillaient de tout. Selon l'esprit de la loi, il était mort civilement et la Nation s'emparait de tout ce qu'il possédait. Le 1er mai 1793, elle veut vendre une maison qu'il possédait à Limoges. Alors M. Baignol, entrepreneur vient réclamer le prix des réparations qu'il y a faites en 1787. Le citoyen Léonard Cadet réclame aussi le prix des fournitures qu'il a faites au collège d'Eymoutiers pendant que M. Richard était principal. Enfin les archives départementales nous disent que la maison qu'il possédait rue des Combes, à Limoges, fut vendue au profit de la Nation, le 16 pluviôse an III (4 février 1795).

Après la mort de Robespierre, lorque les survivants de la déportation maritime revinrent à Limoges, dans les premiers mois de 1795, les prêtres qui avaient été condamnés à la prison perpétuelle furent aussi provisoirement mis en liberté. L'abbé Richard nous dit, dans une poésie patoise, qu'il trouva alors une place, où il passa ces quelques mois de liberté à enseigner le latin. D'ailleurs voici une lettre qu'il adressait, le 20 mars 1795, à une ancienne religieuse, « la citoyenne Gonaud, de présent à Feuillade, près Gorre », qui donne des détails précis sur cette partie de sa vie :

« J'ai été tellement obsédé par dix ou douze maisons qui m'ont serré de près depuis deux mois, pour m'engager à aller chez eux, que j'ai pensé en tourner la tête. A Eymoutiers vives instances, belles promesses ; à Saint-Léonard, à Saint-Jouvent, à Limoges, sept ou huit maisons. Enfin, il y en a une qui m'a tellement parlé ou fait parler qu'il a fallu succomber. Je ne puis pas monter à cheval à cause de mon infirmité. Je passe pour être ce que je ne suis pas. Et je parie qu'on sera fâché dans peu de temps ; oui on sera fâché de s'être chargé d'une vieille patraque qui s'est tout à fait rouillée en réclusion.

La maison où je vais m'a rendu des services secrets ; ceux qui se sont intéressé pour eux m'en ont aussi rendu. Je n'ai pu me dégager de tant de filets. Je suis pris ; mais ils seront bien attrapés dans leur espérance, car je ne sais plus rien

Comme on attribue à votre état la qualité de curieux, je vous apprends que la maison où je vais est chez le citoyen Guibert de la Beausserie. On me donne 600 livres et la table, plus que je ne vaux à présent. Grand Dieu, que je suis fâché de ne pouvoir répondre à vos désirs, à ceux de la respectable maison qui voulait avoir des bontés pour moi, ainsi qu'aux invitations des honnêtes et vertueux MM. de Saint-Auvent ! Excusez-moi, plaidez ma cause, et me croyez votre fidèle vieux »

« Le 20 mars 1795.

Il y a cinq jours que j'ai eu ma liberté de Paris, mais je ne suis pas sorti encore, parce que je voulais tenir compagnie à un pauvre vieux infirme.

Je vais demeurer une quinzaine chez un cousin nommé Larue, marchand près Saint-Domnolet. »

Cette liberté rendue aux prêtres catholiques ne fut pas de longue durée ; la persécution recommença avant la fin de l'année. En vertu d'un arrêté du département de la Haute-Vienne, du 8 brumaire an IV (30 octobre 1795) ils furent de nouveau enfermés, et cette fois ce fut à la Visitation. L'abbé Richard y fut écroué le 15 brumaire (6 novembre 1795). Il y reçut pour tout secours une livre et demie de pain de seigle par jour. C'est à ce régime que furent réduits tous ces vieillards respectables, qu'on avait dépouillés de tout, et qui avaient déjà tant souffert.

Pendant cette nouvelle détention qui se prolongea jusqu'au milieu du mois de février 1797, il correspondait encore, quand il en avait l'occasion, avec Mme Gonnaud, ancienne religieuse des Filles de Notre-Dame, qui demeurait alors à Rochechouart ...

source :

  • Titre : Bulletin de la Société archéologique et historique du Limousin
  • Auteur : Ducourtieux, Paul (1846-1925)
  • Auteur : Société archéologique et historique du Limousin
  • Éditeur : Société archéologique et historique du Limousin (Limoges)
  • Date d'édition : 1846

Localisation et informations générales

  • identifiant unique de la notice : 142517
  • item : Ancien couvent des Ursulines ou ancien collège
  • Localisation :
    • Limousin
    • Haute-Vienne
    • Eymoutiers
  • Code INSEE commune : 87064
  • Code postal de la commune : 87120
  • Ordre dans la liste : 1
  • Nom commun de la construction :
    • La dénomination principale pour cette construction est : collège
  • Etat :
    • L'état actuel de cette construction ne nous est pas connue.

Dates et époques

  • Périodes de construction :
    • La construction date principalement de la période : 17e siècle
  • Date de protection : 1984/12/28 : inscrit MH
  • Date de versement : 1993/09/15

Construction, architecture et style

  • Materiaux:
    • non communiqué
  • Couverture :
    • non communiqué
  • Materiaux (de couverture) :
    • non communiqué
  • Autre a propos de la couverture :
    • non communiqué
  • Etages :
    • non communiqué
  • Escaliers :
    • Un escalier a été répertorié dans notre base, il est de type : escalier en vis
  • Décoration de l'édifice :
    • non communiqué
  • Ornementation :
    • non communiqué
  • Typologie :
    • non communiqué
  • Plan :
    • non communiqué

Monument et histoire du lieu

  • Eléments protégés MH (Monument Historique) :6 éléments font l'objet d'une protection dans cette construction :
    • escalier
    • élévation
    • toiture
    • décor intérieur
    • galerie
    • cuisine
  • Parties constituantes :
    • non communiqué
  • Parties constituantes étudiées :
    • non communiqué
  • Utilisation successives :
    • non communiqué

Autre

  • Divers :
    • Autre Information : propriété d'une personne privée 1992
  • Détail :
    • Les parties suivantes de l' ancien collège délimité au Sud par la rue des Ursulines et à l' Ouest par la ruelle menant de la rue des Ursulines à la rue de la Collégiale : les façades, les toitures et les galeries
    • l' escalier principal avec sa cage et l' escalier à vis desservant la cuisine
    • la cuisine au rez-de-chaussée et les plafonds actuellement coffrés des autres pièces du rez-de-chaussée (cad. AH 273, 280, 561, 564, 565) : inscription par arrêté du 28 décembre 1984
  • Référence Mérimée : PA00100305

photo : Lumière du matin