Ancienne collégiale Saint-Martin

En 1234, deux bulles du pape, Grégoire IX, marquent nettement le point de départ des constructions de l'église de Saint-Martin. En considération de l'abondance des biens temporels de Saint-Martin, le pape autorise, par la première bulle du 9 Juin, l'érection de cette église en église collégiale, du consentement de l'évêque de Bâle et de l'abbé de Munster, patrons de la paroisse. Par la seconde, du 27 Juin, le pape prend sous sa protection le nouveau chapitre et lui confirme la possession de ses biens.

En 1259, Jb. Frédéric, abbé de Munster, consent que l'on détache de l'abbaye une partie de ses biens pour fonder une collégiale dans l'église de St.-Martin de Colmar. — Laguille, op. cit., tom. I, pag. 234. Il ne peut être question que de faveurs nouvelles accordées à la collégiale de St.-Martin et non de sa création. Celle-ci était établie de fait avant 1234, année de son institution canonique par Grégoire IX.

En 1263, JS Théodoiic, évêque de Véronne, accorde quarante jours d'indulgence aux fidèles qui apporteront leurs aumônes pour la construction de l'église St.-Martin de Colmar, ad s. Martini fabrice consummationem quae sumptuoso incohata opère. Hunkler, ajoute que les travaux marchaient lentement et que cet évêque envoya une somme importante au, doyen de la collégiale pour les continuer. L'auteur de la notice du Musée pittoresque, dit que le chapitre se met en quête de lettres d'indulgences pour les fidèles qui participeront à la construction.

En 1282, Le chapitre de Saint-Martin de Colmar use encore de la ressource des indulgences pour la construction de l'église collégiale.

En 1315, Le 1er Mars, Gérard de Wippens, évêque de Bâle, approuve le règlement du chapitre de Saint-Martin, pour la célébration du service religieux aux différents autels de cette église. Il s'agit de l'ordre dans lequel la messe sera dite aux différentes chapelles de la collégiale. Comme l'église n'était alors pas encore dans les conditions où elle se trouve aujourd'hui, il importe de retenir, selon l'ordre réglé pour la célébration du service religieux, le nombre et la dédicace des autels qui existaient, ce sont : ceux de St.-Jacques, de St.-Michel, de St.-Léonard, de St.-Laurent, de la Vierge, de St.-Jean-Baptiste, de St.-Oswald, de St.-Erhard et de St.-Antoine, soit en tout, outre le maître-autel de St.-Martin, dix autels, dont le nombre sera augmenté et la dédicace de quelques-uns changée, lorsque l'église aura reçu son complément de construction. Le même jour, le même évêque de Bâle ratifie une décision du chapitre qui affecte les revenus des prébendes vacantes, pendant deux années, à la reconstruction du coeur de la collégiale de St.-Martin, et pendant une année à son ornementation et à ses besoins ordinaires.

En 1366, Le 12 Février, Mort de Guillaume de Marbourg, architecte du choeur de l'église de Saint-Martin. Il est enterré dans le cloître de la collégiale de Saint-Pierre-le-Jeune de Strasbourg Son tombeau le représente tenant, de la main droite, un cercle et la main gauche une équerre.

En 1372, on installe au clocher de Saint-Martin la première horloge de cette église.

En 1449, les travaux de construction de l'église collégiale de Saint-Martin de Colmar n'étaient pas achevés. A l'intérieur, il restait encore à élever le jubé, et il fallait pour cet ouvrage des matériaux choisis qui se tiraient de Rouffach. On fit marché avec un carrier, nommé maître Jean, qui vendit à la fabrique une carrière (berg und rume), susceptible de fournir les pierres de taille nécessaires (glenstücke). Il reçut à l'avance 2 1/2 livres deniers, mais il mourut sans avoir rien livré. On apprit alors qu'il avait disposé une seconde fois de sa carrière en faveur de maître Bernard, le maître de l'oeuvre (Werkmeister), à Thann. Ce contre-temps émut extrêmement les administrateurs de l'Oeuvre de Saint-Martin, moins pour la perte d'argent qu'ils faisaient, que parce que tous leurs travaux en étaient retardés et compromis. A leur prière, la ville intervint ; elle écrivit, le mardi, jour de sainte Agnès (21 janvier 1449), au receveur et au Conseil de Thann, et le veudredi,jour de saint Marc (25 avril), à maître Bernard lui-même, pour demander, sinon autant de pierres que maître Jean aurait dû fournir, du moins les six blocs dont la fabrique de Saint-Martin avait besoin pour l'achèvement des travaux commencés. Ces détails ne sont pas dénués d'intérêt pour l'histoire de l'art de bâtir au moyen âge. Ils donnent en même temps la preuve que, dès le quinzième siècle, les carrières de Rouffach fournissaient très parcimonieusement cette belle pierre silico-calcaire que les hommes de l'art considèrent comme la meilleure matière des constructions en Alsace. Mais ce qui mérite le plus de fixer l'attention, c'est le nom de ce maître Bernard, qui ne peut être que l'un des architectes qui ont présidé à l'érection de la collégiale de Saint-Thiébaud de Thann. Le maître de l'oeuvre qui fait des marchés, qui traite avec le carrier de Rouffach à la fois pour sa carrière et son travail, à qui les administrateurs de Saint-Martin de Colmar sont obligés de faire leur cour pour obtenir les matériaux.

En 1572 (23 Mai), un violent incendie détruit la flèche du clocher sud, les toitures et les combles de l'église, de même que le clocheton qui s'élevait sur la croisée du transept. En remplacement, on y fait construire un lanternon à bulbe qui la domine encore actuellement.

Sources :

• Chronique de Colmar, Numéro 1300,Volume 1 par Joseph Liblin 1867.
• Bulletin de la Société pour la conservation des monuments historiques d'Alsace 1868.
• Wikipédia