Pont du Gard et aqueduc romain de Nîmes

Les aqueducs étaient une des merveilles de Rome. Pline les mettait au nombre de celles de l'univers. On comptait à Rome neuf aqueducs qui avaient treize mille cinq cent quatre-vingt-quatorze tuyaux. Trois de ces aqueducs suffisent aujourd'hui abondamment pour la consommation de la ville moderne. Les Romains ont toujours attaché une grande importance à ce genre de construction auquel ils ont su imprimer un caractère grandiose et monumental. Parmi les débris des aqueducs antiques qui existent encore, tant en Italie que dans les provinces conquises par les Romains, aucun n'est peut-être plus propre à confirmer ce que nous venons d'avancer, que la magnifique ruine qui existe en France dans le département du Gard, et qui est connue sous le nom de Pont du Gard. Cette construction gigantesque n'est cependant qu'une partie d'un immense aqueduc qui avait 41 000 mètres de longueur. L'effet que produit le pont du Gard sur ceux qui le voient pour la première fois est toujours au-dessus de ce que l'imagination avait pu prévoir. C'est ce qui faisait dire à Rousseau en présence de cette ruine imposante : « Ce que je vois et ce que j'éprouve est fort au-dessus de ce que je m'étais figuré. »

La colonie de Nîmes, protégée par Auguste, devint bientôt assez populeuse pour que les eaux de sa belle source ne lui fussent plus suffisantes. Chez un peuple qui ne connaissait pas d'obstacles. ce besoin croissant devait être promptement satisfait. Des recherches furent ordonnées, et les sources d'Eure et d'Airan qui se perdaient dans le vallon sauvage d'Uzès fixèrent l'attention de la colonie: l'abondance et la qualité de leurs eaux en déterminèrent le choix. On ne fut arrêté ni par la longueur du trajet ni par les difficultés que présentaient et les vallées à franchir et les rivières à traverser. Il fut décidé que les courants d'Eure et d'Airan seraient conduits à Nîmes pour servir aux cérémonies religieuses, aux bains et à la consommation ordinaire des habitants.

Le pont du Gard franchit une vallée profonde et inculte au fond de laquelle coule la rivière du Gardon, tantôt lentement, tantôt avec fracas au travers des rochers.

Aucune inscription n'a pu permettre de fixer d'une manière certaine l'époque de la construction de cet aqueduc. Aussi les auteurs ne sont-ils pas d'accord à cet égard; mais nous pensons avec quelques uns qu'il peut être attribué à Agrippa, gendre d'Auguste, qui, par suite de son goût particulier pour ce genre de constructions, portait à Rome le titre de Curator perpetuus aquarum, et qui vint à Nîmes l'an 735 de Rome, 19 ans avant Jésus-Christ, pour apaiser les troubles des Gaules.

Le pont du Gard est composé de deux rangs de grands arcs et d'un troisième rang de petits arcs; tous ces arcs sont à plein cintre et portent sur des impostes; c'est au-dessus du troisième rang qu'est établi l'aqueduc ou canal pour le passage des eaux qui franchissaient ainsi la vallée du Gardon , à plus de 48 mètres au-dessus du niveau de cette rivière. Le grand arc qui forme le centre de l'ordonnance générale et sous lequel passe la rivière, a 24m 50 d'ouverture. La hauteur du premier étage, depuis le niveau des basses eaux jusqu'au-dessus de la première cimaise est de 20m 12; celle du second étage jusqu'au-dessus de la seconde cimaise est la même, 20m 12; et celle du troisième jusqu'au dessus des dalles du couronnement, de 8m 53.

L'épaisseur du monument, d'un parement à l'antre, est de 6m 36 au premier rang, 4m 50 au deuxième, et 3m 6 au troisième. Chaque étage forme ainsi une retraite qui est de 0m90. De chaque côté au premier étage, cette retraite augmentée de la saillie de la cimaise formait une largeur totale de 1m 27, qui pouvait permettre aux piétons de traverser la rivière.

Les deux montagnes qui forment la vallée du Gardon n'étant pas également hautes, d'un côté l'aqueduc continuait à être supporté sur des arcades de la grandeur de celles du troisième rang, et de l'autre il s'engageait de suite dans les flancs de la montagne, devenait souterrain, et ne reparaissait suspendu sur de nouveaux arcs que dans la traversée des gorges et des vallées qui divisent et coupent l'espace qu'il devait traverser.

Le pont du Gard est fondé sur le rocher même. Les pierres employées à sa construction sont de la plus grande dimension; leurs lits et leurs joints sont faits avec la plus grande perfection; elles sont toutes posées à sec. Les parements n'étaient que grossièrement épannelés, comme les Romains avaient coutume de le faire dans les constructions de ce genre. On avait laissé subsister les corbeaux de pierre qui ont dû servir à la pose des cintres et des échafauds; la partie au-dessus de l'imposte des arcs du troisième rang est seule en moellons smillés.

Les parois du canal des eaux sont de même en moellons, revêtus d'un enduit de ciment de 5 centimètres d'épaisseur. Ce ciment, composé de chaux vive, de sable fin et de briques pilées, est devenu avec le temps plus dur que la pierre; il était de plus recouvert d'une couche d'un mastic ou stuc très fin qui lui-même était peint d'une couleur rouge aussi unie que le marbre le mieux poli.

On reconnaît sur les parois de cet aqueduc un dépôt de tartre considérable formée par les eaux qui ont coulé pendant plus de quatre siècles dans cette conduite. La pente des eaux était de 4 centimètres pour 100 mètres.

Il est vraisemblable que le pont du Gard fut rompu peu de temps après la première invasion des Barbares, qui, vers 406, durent chercher à priver la ville de Nîmes des eaux qui lui étaient apportées par cet aqueduc.

Lors des malheureuses guerres de religion dans le Languedoc, l'existence du pont du Gard fut gravement compromise par les ordres du duc de Rohan, qui fit couper un tiers de l'épaisseur des piles du second rang pour faciliter le passage de son artillerie. Ce fut seulement en 1099 que ce dommage fut réparé par le conseil du célèbre Daviler, architecte, et de l'abbé Laurens.

Enfin en 1743, M. Pitot, directeur des travaux du Languedoc, fit adosser un pont moderne contre la face orientale de l'aqueduc antique, auquel il fit faire en même temps d'importantes réparations qui en assurent pour long-temps la durée.

D'après ce qui en a été dit plus haut, on comprend que le pont du Gard n'était qu'une partie, mais sans doute la plus remarquable, de cet immense aqueduc qui s'étendait avant et après la vallée du Gardon, depuis la vallée d'Uzès jusque dans la ville de Nîmes.

Source : Le Magasin pittoresque 1839.

photo pour Pont du Gard et aqueduc romain de Nîmes

Localisation et informations générales

  • identifiant unique de la notice : 46592
  • item : Pont du Gard et aqueduc romain de Nîmes
  • Localisation :
    • Languedoc-Roussillon
    • Gard
    • Vers-Pont-du-Gard
  • Lieu dit : Pont-Rou ; Font Menestière
  • Code INSEE commune : 30346
  • Code postal de la commune : 30210
  • Ordre dans la liste : 5
  • Nom commun de la construction : 4 dénomiations sont utilisées pour définir cette construction :
    • site archéologique
    • pont
    • aqueduc
    • pont aqueduc
  • Etat :
    • L'état actuel de cette construction ne nous est pas connue.

Dates et époques

  • Périodes de construction :
    • La construction date principalement de la période : gallo-romain
  • Dates de protection :
    • 1840 : classé MH
    • 1987/02/05 : inscrit MH
    • 1997/12/31 : inscrit MH
  • Date de versement : 1993/10/21

Construction, architecture et style

  • Materiaux:
    • non communiqué
  • Couverture :
    • non communiqué
  • Materiaux (de couverture) :
    • non communiqué
  • Autre a propos de la couverture :
    • non communiqué
  • Etages :
    • non communiqué
  • Escaliers :
    • non communiqué
  • Décoration de l'édifice :
    • non communiqué
  • Ornementation :
    • non communiqué
  • Typologie :
    • non communiqué
  • Plan :
    • non communiqué

Monument et histoire du lieu

  • Interêt de l'oeuvre : Pont du Gard : 18 04 1914 (J.O.) . Site archéologique : 30 346 2 AH. La notice PA00103294 (pont du Gard) a été supprimée.
  • Eléments protégés MH (Monument Historique) :
    • Notre base de données ne comprend aucun élément particulier qui fasse l'objet d'une protection.
  • Parties constituantes :
    • non communiqué
  • Parties constituantes étudiées :
    • non communiqué
  • Utilisation successives :
    • non communiqué

Autre

  • Divers : 6 informations diverses sont disponibles :
    • oeuvre sur plusieurs communes type argilliers
    • propriété de la commune
    • propriété du département
    • propriété privée 1992
    • saint-maximin
    • uzès propriété de l'etat
  • Photo : f143d6bad64675bca2798fd56cd66ad7.jpg
  • Détail :
    • Pont du Gard : classement par liste de 1840 - Tronçon de l' aqueduc romain de Nîmes, lieuxdits Pont-Rou et Font Menestière (cad. C1
    • B3
    • non cadastré) : inscription par arrêté du 5 février 1987 - Vestiges archéologiques de l' aqueduc et les parcelles traversées ou bordées par son tracé (cad. A 113, 116, 117, 136, 139 à 142, 158, 354, 363 à 365, 584, 586, 592, 597, 603, 616, 618 à 621, 647 à 650, 652 à 654, 658 à 662, 1002, 1004, 1005, 1009, 1018, 1019, 1021, 1028 à 1031, 1041 à 1046, 1048 à 1051, 1053, 1054, 1056, 1059, 1062, 1110, 1114, 1115, 1117, 1118, 1142, 1169, 1172, 1199, 1242, 1257, 1261, 1262, 1317, 1328, 1329, 1339, 1356, 1371, 1375, 1379, 1418 à 1426, 1428, 1430, 1452, 1503, 1504, 1562, 1608, 1610, 1616, 1709, 1710, 1712, 1716, 1756, 1757, 1766, 1821, 1861, 1874, 1875
    • B 351, 354, 1008, 1022, 1023, 1062, 1063, 1170, 1171, 1179, 1180, 1204 à 1207, 1209, 1210, 1213, 1214, 1216, 1239, 1257, 1505 à 1507, 1511, 1512, 1764, 1765, 1833, 2040, 2041, 2046, 2047, 2263, 2334, 2378, 2384, 2388, 2390, 2416, 2429, 2430, 2439, 2448 à 2450
    • C 94 à 99, 100, 101, 107 à 110, 115, 165, 166, 170 à 172, 270, 271, 273, 274, 284 à 287, 903, 1207, 1302, 1307 à 1310, 1324
    • D 62, 64 à 66) : inscription par arrêté du 31 décembre 1997
  • Référence Mérimée : PA00103291

photo : filou30

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