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Le 10 mai, je reçus de M. Ladislas Chamski une lettre d'où j'extrais ce qui suit:
« Il y a douze à quinze ans, un brave homme, en défonçant son champ, trouva une vieille pierre, quelque peu rongée par le temps, qu'il se préparait à transformer en belle et bonne pierre à bâtir par un grattage et un sciage intelligents - ou plutôt inintelligents - ; par bonheur, feu Mme de Mandajors de Dignes, ma grand-mère, en eut connaissance, acheta la pierre et la plaça dans un coin de son jardin, où elle se trouve encore. J'ignore le lieu précis où cette pierre fut trouvée ; mais je puis affirmer que ce fut dans la vallée qui s'étend entre Ribaute, Bagard et Saint-Chistol-lez-Alais , sous le plateau de Camp-Gailhan.
» Les dimensions et la hauteur de cette pierre en font un véritable petit monument funèbre. Elle a 1 mètre de haut, 0,86 de large, sur 0,36 d'épaisseur. Le haut et le bas sont ornés de corniches, talons et boudins, qui se continuent sur les quatre faces. Le monument est surmonté par cette ornementation, assez en usage chez les Romains, affectant la forme de deux cornes d'abondance renversées et placées en sens contraire.
» L'inscription qui occupe la face principale nous fait connaître que Julia Sécundilla, fille de Titus [Julius]. éleva ce monument à la mémoire de son excellent mari Jullinus, fils de Maria, et de son vivant s'y réserva à elle-même une place.
» A quelle époque ce monument remonte-t-il ? Est-il païen ou chrétien ? Le D.M. est-il là pour mémoire, ou dans un sens véritablement païen ? Le nom de Maria était-il usité chez les femmes romaines, comme Marias l'était pour les hommes » ?
En répondant à M. L. Chamski et en le remerciant de sa communication, je l'informai que l'inscription qu'il croyait inédite avait été communiquée, en 1808, à l'Académie du Gard par le baron d'Hombres-Firmas et publiée dans la Notice de ses travaux (Notice des Travaux de l'Académie du Gard, pendant l'année 1803, p. 346). Seulement M. d'Hombres-Firmas indiquait la pierre de Julia Sécundilla comme ayant été découverte « lors de la construction de la route qui conduit d'Alais à Montpellier » ; il ajoute qu'elle était alors « déposée à l'Hôtel-de-Ville d'Alais ». Ce second renseignement pourrait n'être pas exact, puisque cette pierre se trouve depuis si longtemps dans le jardin du château de Ribaute. Plus tard (1841), le même auteur (Recueil de Mémoires et d'Observations, par le baron L.A. d'Hombres-Firmas, 5e partie, planche I) indique cette même pierre comme ayant été « trouvée à Mais, dans la terre dite Las Faïssos, au faubourg du Soleil ».
Quoi qu'il on soit de l'emplacement précis de la découverte, M. Chamski, ainsi qu'il me le fait observer dans une seconde lettre, ne s'éloignait pas beaucoup de la première indication de M. d'Hombres-Firmas, en désignant la plaine de Saint-Christol et de Ribaute, puisque la route d'Alais à Montpellier traverse cette plaine.
« M. d'Hombres-Firmas ajoute (me dites-vous) que « quelques-uns ont prétendu que c'est là que se trouvait la maison campagne de Tonance Ferréol, décrite par Sidoine Apollinaire ». Je me rappelle, en effet, avoir lu que M. de Mandajors, mon grand-oncle, qui s'est beaucoup occupé des antiquités d'Alais, plaçait la maison de Tonance à Montmoirac, petit hameau de la commune de Saint-Christol. Dans tous les cas, cela ne nous éloigne pas beaucoup de la plaine de Saint-Christol et de Ribaute».
C'est donc là une inscription, non pas découverte, mais retrouvée.
Source : Découvertes archéologiques faites à Nimes et dans le Gard, pendant l'année 1869 par Eugène Germer-Durand 1869.
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