photo : Tesla
Le château est situé dans le département d'Eure-et-Loir, l'une des merveilles de l'art français à l'époque de la Renaissance.
Henri II le fit bâtir en 1552 pour Diane de Poitiers, sur les plans de Philibert Delorme, et le fit décorer par Jean Goujon et le peintre Cousin. Diane s'y retira après la mort de son royal amant pour y finir ses jours, en 1566. Ce château, qui passa ensuite a différentes familles, était la propriété du duc de Penthièvre lorsque la Révolution éclata. Il fut alors confisqué et livré au vandalisme de quelques forcenés. Au mois de juin 1795, la populace, ayant à sa tête les nommés Moulins, commissaire du comité de sûreté générale, et Bonjour, son adjoint, pénétra dans la chapelle, brisa le tombeau de Diane de Poitiers et la plupart des chefs-d'oeuvre représentant des sujets religieux. Les marbres de l'autel, les bas-reliefs, les statues, les colonnes, furent vendus à vil prix à des entrepreneurs de maçonnerie. L'admirable sarcophage de marbre noir où reposaient les restes de la maîtresse de Henri II fut acheté par un laboureur, qui en fit une auge pour faire boire ses chevaux. Les autres parties du château furent successivement pillées, saccagées détruites.
En 1798, l'administration fit faire l'inventaire des meubles et des objets d'art qui avaient échappé à la dévastation; mais les plus beaux avaient disparu. Deux ans après, Alexandre fut chargé de restaurer le portique du château et de l'appliquer à la porte d'entrée de la salle d'introduction du Musée des monuments français, dont ce savant était alors conservateur. Ce bel ouvrage est aujourd'hui un objet d'étude pour les élèves de l'Ecole des Beaux-Arts, qui occupe l'ancien local du Musée.
Le château d'Anet, qui, depuis la Révolution, a appartenu a divers propriétaires, notamment à M. Passy et à M. de Caraman, a été restauré dans quelques-unes de ses parties mais il est bien loin d'offrir le même intérêt artistique qu'autrefois.
On admirait dans cette magnifique résidence l'architecture de trois ordres de colonnes; le portique, orné d'une figure de Diane, d'un cerf et de quatre chiens; la galerie régnant autour d'une admirable horloge;les fenêtres d'un croissant; la chapelle, rotonde décorée de pilastres en marbre blanc et des statues des apôtres; le tombeau de Diane; les peintures des vitraux;le grand escalier, orné de bustes de marbre; l'appartement du roi, la salle des gardes, le portrait du duc de Vendôme, la tableau de toutes ses conquêtes en Italie, le cabinet des singes, avec des tapisseries représentant les occupations de ces animaux le salon de marbre, le cabinet des Muses,le cabinet entouré de glaces l'orangerie, le parc, les canaux, la fontaine de Diane, avec sa figure en marbre; un bois de haute futaie percé de grandes allées, et les bords d'un canal; l'île d'Amour, les bosquets, le labyrinthe.
L'imagination peut seule concevoir le goût et les merveilles de ce château, qui n'était qu'un riche boudoir; le fameux cadran où le pied d'un cerf frappait l'heure, que répétaient les aboiements des chiens les fontaines, les colonnes, les peintures, les balustrades de pierres finement découpées, les allégories mythologiques, et mille autres chefs d'œuvre à jamais perdus.