Pont sur l'Eygues

Nyons est une des cités principales des Voconces, dont l'origine se perd dans la nuit des siècles ; il en est fait mention dans la géographie de Ptolémée, sous le nom de Neomagus.

Cette ville est dans une situation pittoresque , sur la rivière de l'Eygues, que l'on traverse sur un pont remarquable, au débouché d'une vallée délicieuse, qui présente, dans la belle saison, le spectacle d'un immense jardin arrosé par de nombreux canaux. Deux chaines de montagnes servent comme d'amphithéâtre à cette plaine et l'enveloppent de deux rideaux couverts d'oliviers entremêlés de vignes et de mûriers. On y trouve une source d'eau minérale ferrugineuse.

La ville est entourée de murailles flanquées de tours et généralement mal bâtie : on y entre par quatre portes. Elle est divisée en trois quartiers, selon ses différents accroissements, renfermant chacun une fontaine remarquable par l'abondance et la limpidité de se» eaux, et ne communique avec les autres que par de fausses portes renfermées dans la ville : le premier quartier est appelé les Forts, de trois forts qui le défendaient, et dont il ne reste plus que des ruines ; le second quartier (formant la ville actuelle proprement dite) est celui des Halles, nom qu'il tire d'un vaste carré de galeries, qui s'ouvrent de chaque côté par dix ou douze arcs, et sont, en tout temps, un lieu fort agréable de réunion et de promenade ; le troisième quartier est celui du Bourg, qui s'étend depuis la tour du Clocher jusqu'au pont construit sur l'Eygues, à l'entrée de la gorge de Pilles.

Ce pont, d'une hardiesse noble et frappante, consiste en une seule arche en pierres de taille, de 120 pieds d'ouverture, et de 60 pieds de hauteur sous clef : au sommet de son cintre s'élève une petite tour carrée percée d'une porte ; la culée de gauche est aussi percée d'une porte par où passe le chemin de Mirabel, ce qui a donné lieu au dicton qu'il faut passer sous le pont de Nyons avant de passer dessus. Ce pont s'appuie, au sud-est, à un plateau couronné par les ruines d'une citadelle, qui commandait le coté gauche de la gorge, tandis que les forts défendaient le coté droit, ce qui faisait de Nyons une des plus fortes places du Dauphiné. La citadelle fut démolie par ordre de Louis XIII.

Source : Guide pittoresque du voyageur en France par Eusèbe Girault de Saint-Fargeau.