photo : Lomyre
Un passage de "La vie publique de Michel Montaigne" (Alphonse Grün en 1855) semble faire allusion directement a cette bâtisse et a une réunion qui s'y est tenue vers 1554.
"Les Périgourdins ne perdirent pas courage; le maire et les consuls assemblèrent de nouveau les notables, bourgeois et habitants de Périgueux. On nomma des délégués, qui partirent en grande hâte pour la cour; ils furent puissamment aidés par les conseils et le concours intéressé de maître Fronton Beraud, seigneur et baron de Tailhecanat, alors avocat général au parlement de Bordeaux, et Antoine Poyne, lieutenant général au siège de Bergerac, tous deux nés à Périgueux, et qui étaient allés à la cour pour se faire pourvoir des offices de premier et de second présidents à la nouvelle cour des aides.
Les délégués firent entendre au roi, en son conseil privé, que la ville de Périgueux, située au milieu de trois généralités, possédant un grand nombre d'hommes savants, expérimentés, capables de bien exercer les fonctions de présidents, conseillers et autres officiers, était le lieu le plus convenable, en même temps le plus commode dans l'intérêt des contribuables, pour l'établissement d'une cour des aides. Les villes de Paris, Bordeaux et Poitiers combattirent ces raisons, et firent au roi des offres considérables; mais un troisième édit de juin (juillet) 1554 ordonna l'établissement définitif de la cour des aides à Périgueux.
La condition de cette concession fut un contrat passé entre le roi et la ville; le maire et les consuls ayant fait délibérer les bourgeois et habitants réunis dans la maison commune de consulat, et ayant été autorisés par le corps et communauté de la ville, s'obligèrent à payer au roi la somme de 50000 francs dus pour la finance des nouveaux offices, et à fournir des personnages capables de les remplir; c'étaient les maire et consuls qui devaient nommer et présenter au roi tous les officiers de la cour des aides. L'édit fut publié et enregistré.
Conformément aux motifs qui avaient fondé leur demande, le maire et les consuls ne présentèrent au roi, qui les institua, que des personnes dont ils justifièrent l'extraction périgourdine."
Paul d'Hollander, dans un ouvrage récent, "Temporalités, Espaces et pouvoirs. Édifices et cortèges de l'antiquité a nos jours" publié en 2008, nous donne un aperçu de l'usage de cette bâtisse au travers de la répartition de son espace entre les différents occupants.
A périgueux, la compagnie présidial siège dans l'hôtel du consulat, vaste bâtisse d'époque médiévale, depuis la création du tribunal au milieu du XVIe siècle jusqu'aux années 1737. Un plan dressé en 1737 permet d'appréhender la disposition intérieure de la maison commune et le partage de l'espace entre les institutions municipales et royales. Trois institutions siègent dans l'édifice dans la seconde moitié du XVIIe siècle et la première partie du XVIIIe siècle : le consulat. l’élection du Périgord et le présidial. Le partage de l'espace est inégal. Les officiers de finance et les édiles doivent se satisfaire les uns et les autres de deux pièces pour tenir leurs réunions. En revanche les magistrats bénéficient de cinq pièces : un vestibule également accessible aux justiciables, une salle d'audience, un parquet, la Chambre du Conseil et une chapelle. Ils disposent d'un espace plus vaste, plus différencié et varié que les autres occupants. Le prestige de la compagnie et de la justice royale est marqué. même si les officiers de judicature sont simplement locataires. Au quotidien, cette utilisation de l'espace a été vécue dans le calme. indice d'un usage professionnellement satisfaisant de l'édifice entre plusieurs institutions.
Source : courte citation tirée de l'ouvrage de Paul d'Hollander, "Temporalités, Espaces et pouvoirs. Édifices et cortèges de l'antiquité a nos jours" publié en 2008 (voir couverture en médaillon).