Eglise Sainte-Catherine

Eglise construite aux XIVe et XVe siècles, témoignant de la transition locale du style roman vers le style gothique.

Histoire

La Roche-Derrien (à 27 kilomètres de Guingamp), est un chef-lieu de canton offrant encore l'aspect d'une petite ville, mais aujourd'hui bien déchue. Elle s'élève sur la rive droite du Jaudy, qui la met en communication avec la mer. Elle a dû son nom à sa situation topographique et à son fondateur Derrien, fils puîné d'Eudon, comte de Penthièvre, qui y fit bâtir un château en 1070.

Au XIVe siècle, pendant la guerre de la Succession de Bretagne, ce château et la ville furent pris et pillés à diverses reprises par les parties belligérantes. Le comte de Northampton s'en empara en 1345. Charles de Blois voulut les reprendre en 1347, et il se présenta devant la Roche avec une armée très-forte pour le temps. Il commença à faire agir ses machines, qui étaient si puissantes, qu'elles jetaient dans la ville des pierres de trois à quatre cents livres. Comme il ne doutait pas que les Anglais ne se missent en devoir de faire lever le siége, il avait placé un corps de bonnes troupes sur la rive gauche du Jaudy, en un lieu appelé le Placis vert, en Langoat, par où il comptait être attaqué, avec ordre exprès, quoi qu'il advint, de ne pas abandonner ce poste ; quant à lui, il se logea entre la chapelle Notre-Dame de Pitié et la porte appelée de Jument. Mais il fut trompé dans ses suppositions. En effet, Thomas d'Ageworte, lieutenant général pour le roi Édouard III en Bretagne, ayant appris vers Carhaix que la Roche était assiégée, se mit en route avec mille hommes d'armes et huit mille hommes de pied, et, marchant à travers des bois, il arriva le soir du second jour (18 juin 1347) à l'abbaye de Bégard, où il fit halte, à environ quatre lieues de la Roche. Après s'être rafraîchi et être entré dans l'église pour y faire son oraison, d'Ageworte donna le mot du guet à ses gens pour se reconnaître dans l'obscurité de la nuit, leur recommandant de tuer tous ceux qui ne prononceraient pas ce mot. Il se remit aussitôt en route et passa le Jaudy au pont Aziou, sous Trézélan. Instruit de bonne part de la véritable disposition des ennemis, il marcha par le grand chemin qui conduit à la Roche-Derrien, côtoya les fourches patibulaires et arriva au quartier de Charles de Blois, entre le moulin et la Maladrerie, sans que sa présence eût été soupçonnée. La nuit était si obscure, que la garde du camp ne s'aperçut pas de l'approche des Anglais. Mais les valets, qui étaient près de la Maladrerie, ayant entendu le bruit de plusieurs piétons, donnèrent l'alarme.

Toute l'armée prend avec précipitation les armes et court aux Anglais. Thomas d'Ageworte fut fait prisonnier dans cette première attaque ; mais il fut bientôt délivré. Charles de Blois étant survenu, animait ses gens par son exemple et fit encore prisonnier le même d'Ageworte. Le vicomte de Rohan, le sire de Laval et plusieurs autres seigneurs se battaient, à la clarté des torches, avec un courage digne de la victoire. Les Anglais, ayant perdu une seconde fois leur chef, commençaient à plier, lorsque le capitaine de la Roche-Derrien, informé de ce qui se passait dans le camp, sortit à la tête de 500 hommes armés de haches, perça la troupe de Charles de Blois, rendit la liberté à d'Ageworte et fit de tous côtés un horrible carnage. Charles, attaqué par devant et par derrière, environné d'un monceau d'illustres morts, et ne pouvant être secouru des troupes qu'il avait placées de l'autre côté de la rivière, battit en retraite jusqu'à la montagne du Mézou. Là, adossé à un moulin à vent, il se défendit encore quelque temps ; mais enfin, épuisé par la perte de son sang (il avait reçu dix-huit blessures) et ne voulant pas se rendre à un Anglais, il demanda s'il n'y avait pas là quelque chevalier breton. Tanguy du Chastel se présenta et Charles se rendit à lui. Il fut d'abord conduit au château de la Roche-Derrien, puis à Vannes et de là en Angleterre.

Depuis la journée de la Roche-Derrien, les Anglais qui étaient en garnison dans cette place tinrent les habitants du pays dans une grande oppression, pour les punir de ce qu'ils avaient ouvertement favorisé Charles de Blois pendant le siége. Ils en tuèrent un grand nombre et n'épargnèrent que ceux qu'ils jugèrent nécessaires à la culture des terres. Les nobles du pays de Tréguier se plaignirent à Philippe de Valois de ces mauvais traitements et lui demandèrent du secours. Philippe leur envoya quelques troupes sous les ordres du sire de Craon et d'Antoine Doria, qui amenait un corps de Génois : ce secours ne leur ayant pas paru suffisant, ils armèrent tous les gens du pays en état de porter les armes et les conduisirent dans le mois d'août à la Roche-Derrien. La place fut attaquée vivement pendant deux jours et défendue avec beaucoup de courage. Les Anglais, voyant qu'ils ne pouvaient pas soutenir longtemps de si rudes assauts, consentirent à se rendre vies et bragues sauves. Les assiégeants rejetèrent cette proposition et recommencèrent l'assaut, qui dura jusqu'au lendemain. Alors le sire de Craon, craignant que Thomas d'Ageworte ne vint encore au secours de la place, promit cinquante écus au premier qui entrerait dans la ville. La convoitise du gain anima les soldats, surtout les Génois ; ils s'attachèrent au mur de la ville, le sapèrent et en firent tomber environ cinquante pieds de long. Le premier d'entre eux qui monta sur la brèche gagna les cinquante écus. Il fut suivi de toute l'armée, qui passa au fil de l'épée tout ce qui se trouva dans la ville, sans épargner les femmes ni les enfants. 250 Anglais qui s'étaient retirés dans le château se rendirent à condition qu'ils seraient conduits à 10 lieues de la Roche. Mais ils furent massacrés en route par les paysans, quelques efforts que fissent, pour les sauver, les gentilshommes chargés de les escorter. La comtesse de Penthièvre donna ensuite le gouvernement de la Roche-Derrien à Antoine Doria, qui l'avait si bien servie dans le siége.

A son retour des prisons d'Angleterre, en 1356, Charles de Blois fit don de cette seigneurie à Bertrand du Guesclin, tant pour le dédommager des frais qu'il avait faits au siège de Rennes que pour le mettre en état de se soutenir à son service. A la mort du connétable, en 1380, ce château retourna à Jean de Blois, comte de Penthièvre, époux de Marguerite, fille d'Olivier de Clisson. En 1392, Olivier de Clisson fut attaqué dans les rues de Paris par Pierre de Craon, embusqué près de son hôtel avec une troupe de gens armés qui le laissèrent pour mort sur la place. Après cet attentat, Pierre de Craon se retira en Bretagne, et le duc le prit sous sa protection. Mais Clisson, guéri de ses blessures, détermina le roi Charles VI à faire la guerre au duc, s'il ne livrait pas son assassin. Sur le refus du duc Jean IV, l'armée française se mit en marche ; mais la folie du roi s'étant déclarée en route, l'expédition de Bretagne fut ajournée. Clisson, livré à ses propres forces, n'en poursuivit pas moins ses projets de vengeance ; il arma ses vassaux et ravagea les terres du duc.

Ce dernier entra aussi en campagne, et, après avoir pillé les faubourgs de Lamballe, il alla en 1394 assiéger la Roche-Derrien. Rolland, vicomte de Coëtmen, qui y commandait, ne se croyant pas en état de tenir contre l'armée du duc, prit le parti d'aller se jeter à ses pieds, la tête nue et le chaperon à la main, suivi des principaux officiers de la garnison. Le duc voulait lui faire trancher la tête ; mais Roland obtint sa grâce à la sollicitation des seigneurs qui étaient auprès du duc. Quant au château, le duc le fit raser entièrement.

L'année suivante, Jean IV se réconcilia avec Clisson et les Penthièvre ; mais, après leur attentat contre Jean V, en 1420, la seigneurie de la Roche-Derrien fut réunie au domaine ducal. François II en fit don à son fils naturel François, baron d'Avaugour, et les Rohan-Soubise en héritèrent en 1628.

église, sous l'invocation de sainte Catherine de Suède

Du château de la Roche, il ne reste plus que la Motte, au sud ouest de la ville ; elle est surmontée d'un calvaire. Au pied de cette butte, on a récemment trouvé des monnaies enfouies du roi Jean, de Charles de Blois et de Louis, comte de Flandre. L'église, sous l'invocation de sainte Catherine de Suède, a une flèche élevée. La nef est romane, et le transept sud, appelé la chapelle du château, appartient au XIVe siècle. Le maître-autel, en chêne sculpté, possède un beau rétable de la Renaissance.

Il existe en cette ville, dit la nouvelle édition d'Ogée,une coutume qui vient sans doute d'un ancien droit féodal. Le lundi de la Pentecôte, quatre hommes, précédés d'un bouffon et d'un cortège armé, portent, tambour battant, un veau tout écorché au village de la Villeneuve, où le bouffon prononce un discours ; puis on dépèce l'animal, dont on répartit les morceaux entre les jeunes filles des environs de la Villeneuve. Le samedi après la Fête Dieu, les mêmes jeunes filles apportent aux jeunes gens un énorme pot au lait, surmonté d'une couronne de fleurs. Ceux-ci vont en armes à la rencontre des jeunes filles, qui, après leur avoir fait les honneurs d'une collation à une table dressée sur la place, sont reconduites dans le même cortège à leur domicile. »

Source : De Rennes à Brest et à Saint-Malo par Pol Potier de Courcy

photo pour Eglise Sainte-Catherine

Localisation et informations générales

  • identifiant unique de la notice : 31694
  • item : Eglise Sainte-Catherine
  • Localisation :
    • Bretagne
    • Côtes-d'Armor
    • La Roche-Derrien
  • Adresse : place de l'Eglise
  • Code INSEE commune : 22264
  • Code postal de la commune : 22450
  • Ordre dans la liste : 1
  • Nom commun de la construction :
    • La dénomination principale pour cette construction est : église
  • Etat :
    • L'état actuel de cette construction ne nous est pas connue.

Dates et époques

  • Périodes de construction :
    • Nous n'avons aucune informlation sur les périodes de constructions de cet édifice.
  • Date de protection : 1913/09/04 : classé MH
  • Date de versement : 1993/07/08

Construction, architecture et style

  • Materiaux:
    • non communiqué
  • Couverture :
    • non communiqué
  • Materiaux (de couverture) :
    • non communiqué
  • Autre a propos de la couverture :
    • non communiqué
  • Etages :
    • non communiqué
  • Escaliers :
    • non communiqué
  • Décoration de l'édifice :
    • non communiqué
  • Ornementation :
    • non communiqué
  • Typologie :
    • non communiqué
  • Plan :
    • non communiqué

Monument et histoire du lieu

  • Eléments protégés MH (Monument Historique) :
    • Notre base de données ne comprend aucun élément particulier qui fasse l'objet d'une protection.
  • Parties constituantes :
    • non communiqué
  • Parties constituantes étudiées :
    • non communiqué
  • Utilisation successives :
    • non communiqué

Autre

  • Divers :
    • Autre Information : propriété de la commune 1992
  • Photo : 1b05622fc9b5ced8260c6b17554ab734.jpg
  • Détails : Eglise Sainte-Catherine (cad. AC 37) : classement par arrêté du 4 septembre 1913
  • Référence Mérimée : PA00089568

photo : pierre bastien

photo : pierre bastien

photo : pierre bastien

photo : pierre bastien

photo : pierre bastien

photo : pierre bastien

photo : pierre bastien

photo : pierre bastien

photo : pierre bastien

photo : pierre bastien

photo : pierre bastien

photo : pierre bastien

photo : pierre bastien

photo : pierre bastien

photo : pierre bastien

photo : pierre bastien

photo : pierre bastien

photo : pierre bastien

photo : pierre bastien

photo : pierre bastien

photo : pierre bastien

photo : pierre bastien

photo : pierre bastien

photo : pierre bastien

photo : pierre bastien

photo : pierre bastien

photo : pierre bastien

photo : pierre bastien

photo : pierre bastien

photo : pierre bastien

photo : pierre bastien

photo : pierre bastien