photo : Gagey
Ville de France, en Bretagne au Diocèse de St. Malo. Les Auteurs les plus anciens qui ont fait mention de cette ville récrivent tous en Latin Dìnannum, ensuite on en a retranché une des NN, & dit Dìnanum comme le remarque Hadrien de Valois. Mr. Baudrand traduit Dinantium assez mal, ce me semble, car le nom de cette ville n'est pas Dinant mais Dinan. Mr. Corneille dit encore moins bien Dinentium. C'est une des plus considérables villes de la Province, et les États y ont été souvent assemblez. Elle était déja fondée dès le commencement du XIIe siècle et avait son Seigneur particulier nommé Olivier, comme on voit par une Lettre d'Hamelin Évêque de Rennes rapportée par le P. Sirmond dans ses Notes sur Geofroi de Vendôme. Ensuite cette ville ayant été augmentée, elle a été unie au Domaine Ducal. Cette ville est très forte tant Pour les murailles que de grosses tours défendent que parce qu'elle occupe tout le dessus d'une Montagne escarpée de tous côtez.
Son Château est fort et il y a garnison royale avec un Gouverneur. Les anciens Ducs de Bretagne y avaient leur place d'armes comme dans une ville frontière et l'une des clefs de leur Etat. La plate-forme du Donjon de ce Château est entre deux hautes tours qui font la principale partie de son bâtiment. En sortant delà on trouve une grande place appelée la place de Dinan, où commence la grande rue des Dominicains qui ont là un beau Couvent. Plus avant est la maison de ville avec une haute Horloge. Entre toutes les places qui sont à Dinan celle de la Croix des Cordeliers est la plus considérable. Les maisons qui l'environnent sont très bien bâties et soutenues d'Arcades sous lesquelles on peut se mettre à couvert du mauvais temps.
Le grand Hôpital qui est proche du vieux marché mérite d'être vu aussi bien que l'Eglise Paroissiale de St. Malo avec une haute tour. La Promenade ordinaire des Bourgeois est sur les murailles de la Ville qui sont si épaisses qu'un carosse y pourrait tourner facilement. Il y a plusieurs grosses tours rondes qui les défendent. Celle qu'on appelle la Tour de St.Vincent est remarquable pour avoir été autrefois le Magazin des poudres. Le feu qu'y mirent les ennemis lors qu'ils assiégèrent la Ville, y fit dans terre un abîme si profond qu'en y jetant les plus longues cordes, on n'en put trouver le fond : cet abîme a été rempli depuis.
Ce qui rend encore l'assiette de cette ville très forte c'est qu'il y a d'un coté une grande prairie arrosée d'un petit ruisseau qui la peut entièrement couvrir d'eau et que de l'autre coté la Rivière de Rance (en Latin Rinílus) lui sert de fossé. Cette Rivière après avoir fait le tour de la plus grande partie de la Ville qui est fort élevée se joint au ruisseau pour y faire un port, où peuvent venir de grosses barques; la Mer ayant un flux de cinq pieds de haut dans la Rance qui est naturellement profonde et au bord de laquelle est le grand Faubourg de Jargia, dont une partie s'étend le long d'un coté du quai qui le borde.
Source : Le grand dictionnaire géographique et critique par Antoine Augustin Bruzen de La Martiniere 1737.
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