Eglise Paroissiale Sainte-Geneviève

L'église paroissiale Sainte-Geneviève de Bégard est un édifice du XVIe siècle ; son clocher porte la date 1577 ; les fenêtre nord du choeur sont du XIXe siècle.

Origine et Étymologie de Bégard

Bégard doit son origine aux fondateurs de l'abbaye, dont nous allons parler plus loin. L'emplacement qu'il occupe se nommait dans le principe Pluscoat. C'était un lieu fort solitaire, qu'habitait seul un pieux ermite ne vivant que d'aumônes et que l'on désignait à cause de cela sous le nom de Bégar, mot qui signifie mendiant dans la langue anglo-saxone. Cet ermite étant devenu célèbre dans la contrée, l'abbaye prit son nom, qu'elle transmit plus tard au bourg lui-même. Ce nom devrait s'écrire sans d final, mais l'usage a prévalu sur la véritable orthographe.

Histoire de l'Abbaye de Bégard

En 1129, quatre Cistériens de l'abbaye de l'Aumône, au diocèse de Chartres, sollicitèrent de Baldric, archevêque de Dol, un établissement de leur Ordre en Bretagne. Le prélat les adressa à Geffroy Botherel, comte de Lamballe, qui lui-même les recommanda à son père, Étienne III, comte de Penthièvre et époux d'Havoïse, comtesse de Guingamp. Etienne engagea ces religieux à se fixer près de lui ; mais ceux-ci ayant visité l'ermite Raoul, surnommé Bégar, qui habitait la forêt de Pluscoat (écorce d'arbre), au territoire de Guénézan, trouvèrent cette solitude si pleine de charmes, qu'ils résolurent d'y bâtir leur couvent.

Cette fondation eut lieu en 1130, le 10 septembre, dit un vieux manuscrit ; mais on croit généralement que ce fut en décembre. Étienne accorda le terrain, et Raoul, évêque de Tréguier, l'autorisation ecclésiastique. Ce monastère fut le premier établissement des Bénédictins de la congrégation de Citeaux en Bretagne, et il se qualifia, pour cela sans doute, de Petit-Cîteaux, nom qu'il remplaça plus tard par celui de Abbatia beatae Mariae de Begario. A cette époque, continuellement tourmentée par des guerres étrangères et intestines, on ne trouvait de sécurité et de calme qu'à l'ombre des autels ; aussi, Bégard fut bientôt peuplé d'une foule d'émigrants, qui, fuyant les troubles et le pillage, suite presque inévitable de la guerre, y apportèrent tout ce qu'ils purent sauver du naufrage. L'édifice modeste qui se voit encore à l'ouest de la vaste et magnifique abbaye dont la façade aspecte le jardin, paraît avoir été le premier asile des religieux. Un parc considérable, dont il reste encore quelques pans de murailles, entourait cette ancienne demeure des enfants de Saint-Benoît, qui apparaissait au milieu de cette solitude comme un palais élevé par une baguette magique. Une petite île, formée par la main des hommes, ajoutait un embellissement de plus à ceux déjà nombreux que réunissait le jardin.

L'église n'a pas de clocher ; c'est un des plus anciens édifices de la contrée. Au concordat, elle devint église curiale. Elle est pavée de pierres plates sans inscriptions ; quelques-unes toutefois portent des écussons dont les armoiries ont été effacées. Ces pierres étaient sans doute autant de tombes recouvrant les restes mortels des abbés et autres personnages de distinction de l'époque. On sait qu'Alain le Noir, comte de Richemont, et Conan IV, duc de Bretagne, mort en 1171, y ont été enterrés.

En 1452, par lettre du 20 juillet, le duc de Bretagne fonda deux anniversaires dans cette église, et, en échange de cette faveur, les religieux de Bégard obtinrent pour eux et pour leurs hommes de la paroisse de Pédernec l'exemption du droit de guet et de la garde de la forteresse de Guingamp.

L'église de Bégard avait de magnifiques orgues, maintenant à la cathédrale de Tréguier. Elle a conservé des sculptures sur bois assez curieuses, entre autres une crosse abbatiale et le buste d'un abbée Bégard ; quelques tableaux, parmi lesquels celui de Judith.

L'abbaye de Bégard, dont la juridiction s'étendait sur un grand nombre de localités des environs, a eu pour premier abbé Jean, auquel succéda Guillaume. Après eux vinrent successivement : Geoffroy en 1202, Salomon en 1267, Éven en 1309, Pierre en 1321, Hervé de Coëtgourheden, Guillaume II en 1417, Conan de Keremborgne en 1442, Vincent de Kerleau, en 1476 , Guillaume l'Épervier en 4515, Pierre de Kerleau en 1526, Guillaume de Kernevenoi en 1560, Pierre de la Baune, conseiller et aumônier de la reine, évêque de Saint-Flour, fit serment comme abbé de Bégard en 1579 et mourut en 1595 ; N... en ... ; Jean Fleuriot en 1624 ; Alexandre de Cossé en 1675 ; Louis Marcel de Coëtlogon assista aux états de Saint-Brieuc en 1677, et fut évêque de la même ville en 1780. Transféré à Tournai en 1702, il mourut le 18 avril 1707.

Melchior de Polignac, le plus remarquable des abbés de Bégard, naquit au Puits le 11 octobre 1661. Pendant qu'il était en nourrice, on l'oublia durant toute une nuit sur un fumier ! En 1689, il accompagna le cardinal de Bouillon au conclave où fut élu Alexandre VIII, et en 1691 à celui qui proclama Innocent XII ; en 1693, il fut ambassadeur en Pologne, près de Jean Sobieski. La calomnie le fit exiler à son abbaye de Bon-Port, où il resta quatre ans ; rappelé et nommé à deux autres abbayes, il fut auditeur de rote, et associé, à Rome, aux affaires de France. En 1707 il fut pourvu de l'abbaye de Bégard. En 1710, il fut envoyé, avec le maréchal d'Uxelles au congrès de Gertrudenberg ; mais les conférences n'aboutirent pas. Il fut plus heureux au congrès d'Utrect. Le 10 février 1713 on le nomma cardinal. A la mort de Louis XIV, il fut éloigné de la cour. Il prit part aux intrigues de Cellemare et fut exilé à son abbaye d'Anchin, en Flandre, d'où il ne revint qu'en 1721. Il prit part à l'élection de Benoît XIII et resta huit ans ministre de France près de ce pontife et près de Clément XII. Il termina les querelles au sujet des Jansénistes. En 1726 il fut nommé archevêque d'Auch, commandeur des Ordres royaux en 1728, de l'Académie, en remplacement de Bossuet en 1704, et membre honoraire des académies des sciences et des belles-lettres. Il mourut à Paris le 20 novembre 1741. Son plus beau titre à la renommée est son anti-Lucrèce, en vers latins. Cet ouvrage a été traduit en plusieurs langues.

Ignace Chaumont de la Galizière succéda au précédent en 1742. Manfré, dernier prieur de Bégard, prêta serment lors de la révolution française et épousa une soeur de l'ordre de Sainte Claire. Un soir, pendant qu'il soupait près de sa femme, un coup de fusil tiré par l'ouverture d'un contrevent l'étendit raide mort, ce qui a fait dire à un historien moderne que « la justice de Dieu n'est pas toujours lente, et qu'en tout cas son jour ne manque jamais de venir.» Pour nous qui n'admettons pas que l'assassinat puisse être jamais une inspiration du ciel, nous ne voyons dans tout attentat contre la vie de nos semblables qu'un crime odieux que l'Éternel réprouve et qu'il punira sévèrement, quels que soient d'ailleurs les motifs qui arment le bras de l'homicide.

Dans le quinzième siècle, le revenu de l'abbé de Bégard, suivant le Pouillé de Tours, était de 16,000 livres. Le roi présentait et le pape confirmait. Au moment de la révolution, l'abbaye possédait de rentes annuelles 80,000 livres. Quant aux moines, depuis longtemps ils s'étaient fort relâchés dans leurs moeurs et donnaient fréquemment lieu au scandale, dit la chronique du pays ; mais puisque ces créations d'une autre époque ont disparu emportées par le souffle des idées nouvelles, laissons les morts dormir en paix dans leur linceul : il n'est jamais bien honorable de s'attaquer à qui ne peut plus se défendre. Un mot encore dans l'intérêt de l'histoire, et nous en aurons fini avec la célèbre abbaye de Bégard. Dans ses Antiquités des Côtes-du-Nord, p. 49, Fréminville dit : « J'aperçus les restes « de l'antique abbaye de Bégard, achetée lors de la révolution par l'un des plus ardents démagogues de Pontrieux, QUI LA FAIT DÉMOLIR EN DÉTAIL.»

Voici la vérité touchant cette calomnie de l'excentrique antiquaire, qui, malheureusement pour sa mémoire, ne sut pas respecter les convictions d'autrui, ni comprendre qu'un historien s'honore en se montrant impartial et modéré surtout envers ceux qu'il regarde comme ses adversaires politiques. M. Le Boutteux de Mousseaux, de Paris, acquit, au directoire du district de Guingamp, le 3 novembre 1791, l'abbaye de Bégard, et, 26 ans plus tard, la vendit à M. Le Gorrec, père du député actuel, le 8 novembre 1817, après en avoir tiré, comme il en avait le droit, le meilleur parti à son profit. L'abbaye et dépendances, intactes en 1791, ne l'étaient plus en 1817 ; bien des dégâts y avaient été commis. Loin de les aggraver, M. Le Gorrec y fit faire des réparations pour en empêcher la ruine, et l'on peut dire que c'est à lui qu'est due la conservation de ce monument, que l'auteur cité prétend qu'il a fait démolir en détail. Cela, du reste, résulte de l'inspection des lieux, où Fréminville lui-même, par une contradiction qui ne surprend pas de sa part, reconnaît que tout est moderne et très moderne, à l'exception de l'église. M. J.-M. Robert de Lamennais, frère de l'illustre auteur de l'Essai sur l'indifférence, a proposé 80,000 fr. pour l'abbaye de Bégard, il y a de cela 25 ou 30 ans. Il avait le projet d'y créer un établissement pour les jeunes vagabonds de toute la Bretagne, auxquels il se proposait de faire apprendre différents métiers. Chacun de ces malheureux aurait reçu, à sa sortie, d'après les intentions du fondateur, les outils indispensables à l'exercice de la profession qu'il aurait embrassée, et un petit pécule. On ne peut que regretter que ce projet n'ait pu être mis à exécution. La commune de Bégard est formée des anciennes paroisses de Trézélan , de Botlézan, de Guénézan et des trèves de SaintNorvez et de Lanneven.

Source : Les Côtes-du-Nord, histoire et géographie de toutes les villes et communes par Benjamin Jollivet 1856.

Localisation et informations générales

  • identifiant unique de la notice : 28920
  • item : Eglise Paroissiale Sainte-Geneviève
  • Localisation :
    • Bretagne
    • Côtes-d'Armor
    • Bégard
  • Lieu dit : Guenezan
  • Code INSEE commune : 22004
  • Code postal de la commune : 22140
  • Ordre dans la liste : 21
  • Nom commun de la construction : 2 dénomiations sont utilisées pour définir cette construction :
    • église
    • église paroissiale
  • Etat :
    • Etat courrant du monument : mauvais état (suceptible à changement)

Dates et époques

  • Périodes de construction : 2 différentes époques marquent l'histoire du lieu.
    • 16e siècle
    • 2e moitié 16e siècle
  • Année : 1577
  • Enquête : 1986
  • Date de protection : 1964 : inscrit MH
  • Date de versement : 1987 AVANT

Construction, architecture et style

  • Materiaux:
    • Cette construction est composée de : granite
  • Couverture : On remarque 4 types de couverture différents :
    • toit à longs pans
    • pignon découvert
    • pignon
    • toit
  • Materiaux (de couverture) :
    • L'élément de couverture principal est ardoise
  • Autre a propos de la couverture :
    • Un mode de couvrement relevé : 'lambris de couvrement'
  • Etages :
    • non communiqué
  • Escaliers : 2 types d'escaliers différents sont présent sur le site :
    • escalier droit
    • escalier dans-oeuvre
  • Décoration de l'édifice :
    • non communiqué
  • Ornementation :
    • non communiqué
  • Typologie :
    • non communiqué
  • Plan :
    • non communiqué

Monument et histoire du lieu

  • Eléments protégés MH (Monument Historique) :
    • Notre base de données ne comprend aucun élément particulier qui fasse l'objet d'une protection.
  • Parties constituantes :
    • PArtie constituante relevée : enclos
  • Parties constituantes étudiées :
    • non communiqué
  • Utilisation successives :
    • non communiqué

Autre

  • Divers :
    • Autre Information : propriété de la commune
  • Référence Mérimée : IA00002896

photo : gerardgg

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