Château de Gevrey

En 1275, l'abbé de Cluny, déjà propriétaire de la moitié de la seigneurie de Gevrey, acquit l'autre moitié du duc de Bourgogne Robert II, ainsi que la haute, moyenne et basse justice, avec le droit de servage sur trois hommes que ce prince y possédait encore. Cet abbé, de la famille des Vergy, qui se nommait Yves de Chazan, et qui avait succédé à son oncle, de même nom que lui, fondateur du collège de Cluny à Paris, fit bâtir le château et maison forte où les habitants de Gevrey avaient droit de retraite à l'approche de l'ennemi, en par eux concourant au guet et à la garde du dit château, à peine de 65 sols d'amende, et en contribuant, sous la même peine, à certaines réparations et menus emparements.

Ce château, qui ne devait avoir été construit que dans le but de protéger les agents et les vassaux du seigneur contre l'invasion et l'attaque de ces bandes de partisans qui, sous des noms et des chefs divers, portèrent le deuil et la désolation dans la province, ne les garantit pas de leurs violences. En 1356, le chevalier Louis de Neufchâteau ou Neufchâtel (de Novo Castro), pour se venger de l'abbé de Cluny, qu'il regardait comme l'auteur de l'arrêt qui le bannissait du royaume de France, se présenta devant le château de Gevrey, à la tête de cent vingt hommes armés. Il en fit enfoncer les portes et faire main basse sur les munitions et provisions de tout genre qui s'y trouvaient.

Le château

Le château, bâti vers la fin du treizième siècle par Yves de Chazan, trentième abbé de Cluny, était clos par de hautes et épaisses murailles crénelées et banquetées, flanquées aux quatre angles, ainsi que contre la porterie, de tours et tourelles de différentes hauteur, forme et dimension. L'ensemble formait un parallélogramme de 58 mètres 47 cent., de longueur de l'est à l'ouest, et de 29 mètres 25 cent., du nord au sud, entouré d'un fossé large et profond, que l'eau des sources qui y existent remplissait à volonté.

On pénétrait dans l'intérieur du château par une grande porte et une plus petite ou guichet défendues par des ponts-levis. Entre ces portes, et une seconde arcade profonde dont la voûte surbaissée supportait le pavé de la grande salle d'apparat ou d'audience, on passait, sur un pont volant, un second fossé. L'entrée de cette arcade se fermait par une porte épaisse à doubles vantaux derrière lesquels une herse massive était suspendue. De ces fortifications et des quatre tours angulaires il ne reste plus que la grande et solide tour carrée, dont la masse imposante est assise à l'angle sud-est. Cette tour, dont les souterrains servaient de prisons, est jointe par des constructions sans symétrie à la porterie, au-dessus de laquelle on aperçoit encore les baies dans lesquelles s'engageaient les flèches assemblées dans la bascule destinée à soulever le tablier du grand pont-levis et la planchette du guichet.

La partie inférieure de la tour du nord-est, qui n'est autre chose qu'un massif dont le revêtement est en pierres de taille, dépasse à peine le niveau de la terrasse du jardin. Les deux autres, construites dans l'intérieur et touchant aux fortifications, mais sans liaison avec les murailles, ont été détruites ou sont tombées depuis longtemps ; ni l'une ni l'autre n'ont été relevées. Il existe encore deux moindres tours, l'une extérieure et carrée, à côté du guichet de la porterie, l'autre à pans coupés, dans la cour, servant de cage à un escalier en escargot dont les marches sont en pierres taillées. Au-dessus des fenêtres croisées selon l'usage du temps, et faisant partie de la couverte, on aperçoit un écusson chargé des armoiries aux trois quarts effacées de l'abbaye de Cluny.

La porterie était précédée d'une avant-cour dans laquelle se trouvait une petite maison où l'on établissait le corps de garde. On ne trouve rien dans les archives de la commune qui ait rapport aux événements dont ce château a pu être le théâtre depuis sa construction. Le procès-verbal qui constate les dégâts faits par les reîtres du prince de Deux-Ponts en 1576, et les malheurs éprouvés par les habitants, ne fait pas mention qu'aucun de ceux-ci y aient trouvé un asile dans ces terribles circonstances, ni que le château ait été lui-même menacé par ces ennemis féroces qui certes ne respectaient ni les biens, ni les gens d'église ; mais dans un terrier de 1578, déposé aux archives du département, il est dit que les bâtiments du côté du couchant ont été deux fois incendiés par les reîtres, et que c'est à ces barbares qu'est due la destruction de la tour nord-ouest, que l'on appelait la tour Mierlin.

Le château de Gevrey avec ses dépendances a été vendu comme bien national en 1790, et acquis par la commune, qui elle-même l'a revendu peu après en totalité, à l'exception du fossé occidental, afin de s'assurer l'entière propriété de la source, dont elle ne pouvait disposer que d'un pouce en vertu du traité fait en 1773 avec monseigneur Dominique de la Rochefoucaud, archevêque de Rouen, abbé commendataire de Cluny, et en cette dernière qualité seigneur temporel de Gevrey. Par sa position, par l'étendue des jardins et clos y attenant, par la pérennité des eaux d'une autre source qui se trouve au levant, le château est susceptible de se prêter à tous les embellissements, à toutes les constructions, à tous les agréments que le bon goût inspirerait à un riche particulier; tel qu'il est, c'est une belle ruine conservant le cachet du régime féodal, sous lequel il a été bâti.

Source : Gevrey-Chambertin notice historique, topographique et statistique par Henri Vienne 1850.

Localisation et informations générales

  • identifiant unique de la notice : 26530
  • item : Château de Gevrey
  • Localisation :
    • Bourgogne
    • Côte-d'Or
    • Gevrey-Chambertin
  • Code INSEE commune : 21295
  • Code postal de la commune : 21220
  • Ordre dans la liste : 1
  • Nom commun de la construction :
    • La dénomination principale pour cette construction est : château
  • Etat :
    • L'état actuel de cette construction ne nous est pas connue.

Dates et époques

  • Périodes de construction :
    • Nous n'avons aucune informlation sur les périodes de constructions de cet édifice.
  • Date de protection : 1993/09/24 : inscrit MH
  • Date de versement : 1995/07/12

Construction, architecture et style

  • Materiaux:
    • non communiqué
  • Couverture :
    • non communiqué
  • Materiaux (de couverture) :
    • non communiqué
  • Autre a propos de la couverture :
    • non communiqué
  • Etages :
    • non communiqué
  • Escaliers :
    • non communiqué
  • Décoration de l'édifice :
    • non communiqué
  • Ornementation :
    • non communiqué
  • Typologie :
    • non communiqué
  • Plan :
    • non communiqué

Monument et histoire du lieu

  • Interêt de l'oeuvre : Inscriptions 22 03 1993 et 25 05 1993 (arrêté) annulées.
  • Eléments protégés MH (Monument Historique) :2 éléments font l'objet d'une protection dans cette construction :
    • donjon
    • pont
  • Parties constituantes :
    • non communiqué
  • Parties constituantes étudiées :
    • non communiqué
  • Utilisation successives :
    • non communiqué

Autre

  • Divers :
    • Autre Information : propriété d'une société privée 1993
  • Détails : Château, pont dormant, sols et donjon (cad. AC 183, 185, 186, 343) : inscription par arrêté du 24 septembre 1993.
  • Référence Mérimée : PA00125315

photo : perrine

photo : perrine

photo : perrine

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