hôtel de Saulx

L'hôtel de Saulx, propriété des hospices civils de Beaune, est situé dans l'ilôt urbain occupé par l'Hôtel-Dieu, qui lui est presque contigu. il est classé parmi les Monuments Historiques depuis 1921 pour ses parties médiévales.

Hôtels anciens des seigneurset abbés

Lorsque sous la race Carlienne, le royaume de Bourgogne eut été réduit en province, les gouverneurs, les comtes, les ducs, firent leur résidence ordinaire à Beaune. Les premiers ducs propriétaires transférèrent leur Cour à Dijon au XI^e siècle; mais ils conservèrent toujours à Beaune leur palais qu'ils habitaient de temps à autre, et d'où ils allaient dans leurs châteaux de Volnay, de St.-Romain, de Pouilly-sur-Saône et d'Argilly. Il occupait tout le terrain qui s'étend dès les maisons canoniales jusqu'au moulin de l'Hôtel-Dieu. La maison de M. Boussard de la Chapelle était le charbonnier : la place s'appelle encore la Charbonnerie. On voyait au XV^e siècle, dans la cour de ce palais, la tour d'une horloge, sur la cloche de laquelle étaient ces mots: Dedicata huic Ducum castello. Le bailliage en occupe une partie. Antoine d'Oyselet, chevalier, concierge et garde de l'hôtel du Duc à Beaune, ayant pris le parti de Louis XI, Marie de Bourgogne confisqua son office et le donna en 1479 à Evrart Bouton de Corberon, retiré à sa Cour.

Comme les jours généraux s'assemblaient à Beaune, et que le Parlement des ducs y tenait ses séances, la principale noblesse de la Province, les grands-officiers des ducs et plusieurs riches abbés avaient leurs hôtels en cette ville ; voici ceux que nous avons pu découvrir.

1. La puissante Maison de Vienne, partagée en différentes branches, avait deux hôtels. La place de la grande salle de l'Hôtel-Dieu et la tour Lancelot furent données par les princes à Jeanne de Baleure, qui les remit à Claude de Montaigu; d'où elles passèrent aux comtes de Vienne, qui les vendirent à Nicolas Rolin en 1440. Il y joignit les degrés d'Enfer, appelés culina inferior, parce que c'était la cuisine du corps-de-garde des ducs : c'est aujourd'hui le moulin de la ville et les maisons voisines.
2. Un second hôtel de Vienne, anciennement de Ruffey, à Jacques de Toulongeon dit de Vienne, baron de Commarin , qui le vendit 3000 liv. à Pierre de Courcelle, chevalier d'honneur au Parlement en 1574; d'où il passa au président Brondeau, ensuite aux Minimes.
3. Hôtel de Saulx, place Fleuri, où logeait Jean de Saulx, chancelier de Bourgogne en 1404, occupé par M. Regnier, commissionnaire, et jadis par MM. Lorenchet, dont les armes sont sur la porte.
4. Hôtel de Damas, élevé par les Damas de Marcilly, distingués sous nos ducs, occupé depuis par Pierre Damas de Saint-Riran, commandant du château en 1548 , et par Jean Damas de Saint-Riran son fils, seigneur de Meuilley, gouverneur de Beaune en 1585 ; il fut vendu à M. Bourée, et depuis aux Ursulines pour 14000 livres, et fait partie de leur maison. On voit en dehors les armes des Damas sur une grande porte murée.
5. Leur parloir est bâti sur les fonds de l'hôtel Bourée de Chorey , d'une ancienne famille de Bligny-sur-Ouche, établie à Beaune depuis trois siècles, et qui a donné plusieurs conseillers au Parlement de Bourgogne et un président à celui de Paris.
6. Hôtel de Bouvray, où demeurent MM. Grozelier de Beaumont. La terre de Bouvray passa aux Cluny par le mariage de Melehione de Rouvray avec J. de Cluny en 1562. Le traité fait entre leurs enfants en 1581 est daté de la Maison de Rouvray à Beaune. Les armes sont aux deux portes et aux clefs des voûtes.
7. Hôtel de Villers-la-Faye, rue de la Bussière, vis-à-vis les Bernardines, bâti par les seigneurs de ce nom, dont on voit un J. de Villers, chevalier, qui se croisa en 1182; Guy de Villers, seigneur de Magny-sur-Tille, en 1303; Jacques de Villers, chevalier d'honneur au Parlement en 1447.
8. Les Villers, seigneurs d'Igornai, avaient leur hôtel dans l'emplacement des Jacobins dont ils sont fondateurs, aussi bien que des Cordeliers d'Autun au XV^e siècle.
9. L'hôtel Arbalête est le logis actuel du Cheval blanc; on y voit encore leurs armes.
10. La maison de M. de la Chapelle était l'hôtel de Chazans, du nom des anciens seigneurs de Chazans-sous-Vergy. On voit Aimo de Chazans, chambrier de Cluny en 1270; Yves de Chazans, abbé de Cluny en 1275; Humbert de Chazans, chevalier, en 1260, et Guy de Chazans, chevalier, en 1280, bienfaiteurs de Saint-Vivant. Les Saumaise de Chazans ont occupé cet hôtel.
11. Les Bouton de Corberon, riches et illustres seigneurs sous nos ducs, avaient leur hôtel, où mourut Evrart Bouton en 1477. Jacques Bouton donna à ses enfants naturels sa maison de Beaune, située rue de l'Eschelier, en 1478. La belle chapelle de Couches, en la collégiale, fut fondée en 1514 par J. B. Bouton, chanoine, prévôt de Couches, seigneur du Tilliot, mort en 1532.
12. Les Bataille, conseillers des ducs, avaient aussi leurs hôtels dont on ignore l'emplacement. Celui des de Salins était proche l'hôtel de Rouvray. Guigone de Salins occupait pour 4 livres de loyer les salles d'archives du chapitre. On voit les armes des Salins sur la porte de la tour et en d'autres endroits du cloitre. Le cardinal Rolin logeait avec sa sœur dans ces mêmes salles, et donnait 15 livres d'amodiation.
13. Pierre de la Mare, maire de Beaune en 1595, conseiller au Parlement en 1597, ambassadeur à Venise, demeurait en la maison qu'occupe à présent M. Parizot, avocat. C'est le berceau des la Mare, qui ont donné des savants à la république des lettres, des magistrats au Parlement, deux doyens de Beaune, dont le dernier a été élu du clergé.
14. La maison du vertueux citoyen, le maire Belin, était en la rue du Buisson ; ses armes sont sur la porte.
15. Gautier de Moroges, capitaine de la milice bourgeoise en 1422, avait son hôtel, appelé la Tour de Moroges, avec cave dessous, vendu à P. Dumay, conseiller au bailliage, par Philibert Bernardon, procureur du roi en 1577. Les de Moroges sont inhumés aux Jacobins.
16. L'hôtel de l'abbé de Cîteaux était rue des Tonneliers, à M. Bachey. L'abbé avait une autre belle maison hors la ville, dans le parc de l'arquebuse, avec un grand terrain ; elle fut brûlée pendant les troubles, le 23 mars 1478, en haine de ce que l'abbé Jean de Cirey avait pris le parti de Louis XI contre Marie de Bourgogne : on voyait encore en 1727 des restes de murs qui fermaient le meix de Citeaux.
17. L'hôtel de Cluny était près de la tuerie, au sud, où fut le cimetière de l'Hôtel-Dieu : les vignes voisines s'appellent derrière Cluny. Il faisait partie du jardin des Cordeliers, et fut acheté d'eux parle chancelier Rolin qui voulut bien réserver une chambre à l'Hôtel-Dieu pour y retirer leurs malades.
18. L'hôtel de la Bussière fut donné à cette abbaye en 1190 par J. de Pommard.
19. L'abbé de la Ferté avait son logement vers les Capucins, à l'ouest: il s'appelle encore la Ferté-Milet, parce qu'un Milet, qui l'avait acquis, y vécut en philosophe, comme le porte une inscription qu'on lit encore sur la porte.
20. L'hôtel de l'abbé de Maizières subsiste en deux parties ; l'une pour l'abbé, l'autre pour les religieux. La tour de l'horloge fut acquise d'eux par la ville au XV^e siècle.
21. L'hôtel du Commandeur est rue des Tonneliers; il a une autre maison au pourpris de St.-Jacques qui vient des Templiers, et une maison de campagne à Bretheney.

Source : Description générale et particulière du Duché de Bourgogne par Edme Béguillet 1847.