Restes de l'ancienne église Saint-Martin

Les hauts barons de Gracay, pénétrés de la nécessité d'avoir autour d'eux des seigneurs disposés à soutenir leur cause, soit pour l'offensive, soit pour la défensive, s'étaient aussi dépouillés de gros biens, érigés en fiefs de leur baronnie : on en comptait jusqu'à soixante-huit.

La formule banale de l'antiquité des villes se perdant dans la nuit des temps, a seule répondu à notre investigation quant à l'origine de Gracay : il est évident, toutefois, que sa fondation remonte au moins au Xe siècle, puisque, comme on le verra plus bas, l'existence de la collégiale dédiée à Notre-Dame date des premières années du siècle suivant. La cité se divisait en ville basse et ville haute ou château : l'une et l'autre avait son enceinte particulière. La ville haute, habitée par le seigneur, était entourée de fortes murailles crénelées, que flanquaient plusieurs grosses tours. Le tout était surmonté d'un donjon octogone, élevé sur une butte factice, dont la base hardie reposait sur quatre arcades puissante ; on nommait ce donjon la Tour de Berbe. L'enceinte du château comprenait l'église collégiale et paroissiale de Notre-Dame et partie de la paroisse de Saint-Martin, dont nous parlerons tout-à-l'heure.

Un violent incendie consuma en 1487 une portion considérable de la ville haute ; en 1563, les deux villes furent presque dépeuplées par une horrible peste. Dès la première de ces époques, le fief de Gracay était échu, comme on l'a vu, à des seigneurs ecclésiastiques, qui n'avaient pas le même intérêt que les princes laïques à maintenir la splendeur de cette ville. Le désastre causé par le feu ne fut réparé qu'en faible partie ; la dépopulation qui suivit l'épidémie le fut moins encore ; et depuis lors, la décadence de Gracay ne cessa plus de s'accroître. Le temps, ce grand dévorateur des choses, tempus edax rerum, ne laissait déjà que des restes informes de la forteresse et de la double enceinte des deux villes, lorsque la révolution vînt hâter encore leur destruction. On ne voit plus à Gracay que des murailles déchirées, commémoratives d'une puissance évanouie ; débris auquel le penseur vient s'appuyer pour rêver à cette chose fragile et fugitive, qu'on appelle la grandeur des hommes et des institutions.

La collégiale de Notre-Dame fut fondée en 1002, c'est à dire sous le règne du roi Robert, par Regnaud II, baron de Gracay. Dagbert, alors archevêque de Bourges, consacra la nouvelle basilique le 20 mars de cette même année, sous l'invocation de la Vierge, de Sainte-Croix et de tous les saints. Ce monument appartenait donc nécessairement à l'ère romane, arrivée à sa période la plus abrupte, la plus dépouillée de ses souvenirs de l'élégance gallo-romaine. Mais cette église n'existe plus : elle fut renversée en 1584 par un furieux ouragan, qui dura six heures et désola la ville de Gracay. L'édifice actuel, construit aux frais du chapitre, fut bâti à la fin du XVIe siècle, et consacré en 1602 par un évêque de Castres. Ce monument ne sollicite aucune mention artistique. Les souterrains funéraires de Notre-Dame renfermaient et renferment encore, peut-être, avec la dépouille mortelle de Foulques de Chanac, évêque de Paris, mort en passant à Gracay, les restes d'un assez grand nombre de prieurs qui ont administré ce chapitre pendant plusieurs siècles, entre autres ceux appartenant à la maison des princes de Gracay, qui eux-mêmes avaient leur sépulture dans un charnier encore existant sous le chœur de la nouvelle église.

En 1562, une troupe de huguenots, partie de Romorantin, se jeta sur la ville de Gracay, dont les fortifications étaient sans doute démantelées. Mais les bourgeois s'armèrent promptement, et chassèrent ces calvinistes, au moment où ils s'efforçaient d'incendier l'église de Notre-Dame. Repoussés hors des murs, ils se portèrent avec fureur vers la collégiale de Saint Outrille.

L'église paroissiale de Gracay, dédiée à saint Martin, est, selon les historiens berruyers, plus ancienne que Notre-Dame ; mais ils n'en indiquent pas autrement l'origine, et le monument, reconstruit ou restauré à diverses époques, n'apprend rien à ce sujet. On sait cependant que cette église fut autrefois une communauté dépendant de l'abbaye de Massay, dont Gracay même relevait en fief, avant la fondation de sa puissante châtellenie.

Il y a dans la ville de Gracay un petit hôpital, connu sous le nom d'Hôtel Dieu, et dont l'existence remonte à un temps fort éloigné. Il doit son institution à la charité des habitants. Les revenus de cet hôpital étant insuffisants, on y réunit en 1663, ceux d'un petit établissement du même genre qui existait à Saint-Outrille et que l'on supprima. L'Hôtel-Dieu de Gracay est administré par cinq notables de la ville, sous la présidence du maire.

Gracay, que ne traverse aucune route, que n'anime aucun cours d'eau important, et dont la situation est peu attrayante, joint à ces désavantages celui d'être une ville mal bâtie, mal percée et plus mai pavée : nous n'en connaissons point dans le département qui réunisse plus de conditions disgracieuses. Mais le pays au milieu duquel cette sorte de thébaïde urbaine est bâtie, peut, par sa fertilité, dédommager ses habitants des petits désagréments que nous venons de signaler, si tant est qu'ils y soient sensibles. Nous pouvons en douter; car la population de Gracay nous a paru plus occupée du calcul de ses intérêts que du soin de ses plaisirs : le positif a sur cette localité de fervents sectateurs. Ce chef-lieu de canton est le centre d'un commerce actif des grains et des haricots qui croissent sur les terres de la commune, ainsi que dans celles de Saint-Outrille et de Nohant. Les foires du lieu sont très-suivies : elles ont lieu en mars, juin, octobre et décembre. La population de Gracay s'élève à 2,986 individus; la distance de cette ville à Rourges est d'environ dix lieues, à l'ouest de cette capitale.

Source : La Loire historique: pittoresque et biographique Georges Touchard-Lafosse 1843.

Localisation et informations générales

  • identifiant unique de la notice : 22511
  • item : Restes de l'ancienne église Saint-Martin
  • Localisation :
    • Cher
    • Graçay
  • Adresse : 4 place du Marché
  • Code INSEE commune : 18103
  • Code postal de la commune : 18310
  • Ordre dans la liste : 4
  • Nom commun de la construction :
    • La dénomination principale pour cette construction est : église
  • Etat :
    • Etat courrant du monument : vestiges (suceptible à changement)

Dates et époques

  • Périodes de construction :
    • La construction date principalement de la période : 12e siècle
  • Date de protection : 1930/03/22 : inscrit MH
  • Date de versement : 1993/09/14

Construction, architecture et style

  • Materiaux:
    • non communiqué
  • Couverture :
    • non communiqué
  • Materiaux (de couverture) :
    • non communiqué
  • Autre a propos de la couverture :
    • non communiqué
  • Etages :
    • non communiqué
  • Escaliers :
    • non communiqué
  • Décoration de l'édifice :
    • Le décor est composé de : 'sculpture'
  • Ornementation :
    • non communiqué
  • Typologie :
    • non communiqué
  • Plan :
    • non communiqué

Monument et histoire du lieu

  • Eléments protégés MH (Monument Historique) :
    • Notre base de données ne comprend aucun élément particulier qui fasse l'objet d'une protection.
  • Parties constituantes :
    • non communiqué
  • Parties constituantes étudiées :
    • non communiqué
  • Utilisation successives :
    • non communiqué

Autre

  • Divers :
    • Autre Information : propriété de la commune 1992
  • Détails : Eglise Saint-Martin (restes de l' ancienne) : inscription par arrêté du 22 mars 1930
  • Référence Mérimée : PA00096808

photo : marie

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