photo : pierre bastien
La commune de Saint-Sauveur-de-Nuaillé, canton de Courçon, arrondissement de la Rochelle, département de la Charente-Inférieure, est autorisée à porter à l'avenir le nom de Saint-Sauveur-d'Aunis (Journal officiel de la République française 1881).
Villa Liguriaco, Sant Sauvor, Saint Salvator in Alnisio, monasterium Liguriacum, Saint-Sauveur de Nuaillé, tels sont les noms qui désignent cette localité et son monastère dans les chartes des Xe , XIIe , XIIIe et XIVe siècles.
Il n'est pas douteux qu'avant la fondation du prieuré et de l'église sous le vocable de Saint-Sauveur, cette localité portait le nom de Villa Liguriaco ; la charte par laquelle Guillaume-Fier-à-Bras, duc d'Aquitaine, fait don à l'abbaye poitevine de Nuaillé d'une église sous l'invocation de saint Sauveur, avec des terres, vignes, prés, et la forêt de Corneto, dans le village de Liguriaco, en 988, ne laisse à cet égard aucune incertitude. Cette forêt de Corneto se rattachait à celle de Rochefort et de Benon, dont les vastes clairières retracent encore l'étendue. Comme en plusieurs autres localités, le vocable de l'église, le nom du patron, aura prévalu sur l'ancienne dénomination.
L'église de Saint-Sauveur-de-Nuaillé est du XIe . siècle, avec soudures des XIIIe et XIVe . La façade et le portail sans ornements sont très-modernes. Ce chef-d'œuvre de mauvais goût est dû, m'a-t-on dit, à un curé qui, par une raison à lui connue, a cru devoir masquer, par un mur en applique, la façade primitive. Je dis par un mur en applique, car le parement intérieur ne paraît pas avoir été touché, et laisse encore apercevoir deux baies de fenêtres très-longues qui ne paraissent pas au dehors. Il serait assez facile de vérifier le fait en enlevant quelques pierres de la façade extérieure. Rien ne me semble avoir motivé cette construction, le mur, à l'intérieur, faisant corps avec les murailles latérales, n'a aucunement perdu de son aplomb.
Contreforts primitifs larges et peu saillants ; quelques-uns ajoutés ou refaits au XIVe siècle.
Trois absides semi-circulaires ; abside principale se prolongeant ; nul ornement à l'extérieur ; cul-de-four. Ces absides ont été exhaussées par un mur en blocage reposant sur la corniche et remplaçant le chemin de ronde et les machicoulis.
Trois nefs ; transepts terminés par des absidioles dans l'axe des nefs.
Cinq travées, les deux premières non voûtées.
Voûte : nef principale, ogivalo-romane, tores pour arcs doubleaux ; petites nefs, blocage, tores croisés.
La voûte de la nef principale, quant aux deux premières travées, avait été refaite au XIIIe siècle ou au commencement du XIVe ; on en voit encore les naissances, faisceaux de jolis tores très-purs.
Clocher sur le transept ; coupole.
Chapiteaux : nef principale ; gauche, premier, lion ; deuxième, mélusine ; troisième, quatrième, cinquième, sixième, frustes ; droite, premier, feuilles d'eau ; deuxième, personnage tenant de chaque main une massue qu'il porte droite, les jambes horizontales ; autre personnage assis, portant de ses deux mains à la bouche une espèce de gâteau qu'il semble manger avec avidité ; troisième, quatrième, cinquième , sixième, frustes.
Nefs : pilastres, feuilles d'eau, rinceaux.
Tour du clocher quadrangulaire, quatre égouts, une fenêtre à chaque face.
Cette église est fort curieuse, bien que par des réparations maladroites on en ait fait disparaître le système de fortification. Il serait bon que messieurs les marguilliers fissent dé-badigeonner le sanctuaire et les chapiteaux des nefs. Il faudrait aussi aviser aux moyens de dégager les murs des terres qui entretiennent une grande humidité fort nuisible à l'édifice. La sacristie occupe le fond de l'abside, abus déplorable et qu'il serait facile de corriger en restituant à l'autel sa place naturelle ; la sacristie pourrait, sans beaucoup de frais, être bâtie à l'extérieur et en avant de la porte ouverte à l'extrémité du transept méridional.
Un castrum du XIe siècle n'a laissé aucune trace.
Source : Bulletin monumental.