Fontaine du Pilori

Le mot pilori (du latin pilorium ou spilorium), désignait, dans le principe, un poteau surmonté des armes du seigneur haut-justicier, que celui-ci faisait élever en un carrefour comme marque de sa puissance féodale. On donna ensuite ce nom à un instrument de punition publique, dont la forme variait suivant les localités. C'était souvent un simple poteau avec collier de fer pour mettre au cou du patient ; d'autres fois, il affichait la forme d'une échelle portant à son sommet une planche avec trois trous destinés à recevoir la tête et les mains du condamné. Cet appareil tournait sur un pivot que le bourreau faisait mouvoir.

L'historien Dulaure nous a conservé la description des piloris de la capitale, au XIVe siècle. Celui du carrefour Bussy consistait dans une tour ronde, divisée en deux étages et percée de plusieurs jours. Au milieu, paraissaient les malheureux patients, attachés de la tête et des poignets à un énorme pivot de bois que faisait marcher un engrenage. Le fameux pilori des Halles ne différait du premier que par sa tour de forme octogone. Saint-Jean-d'Angély possédait son pilori, au centre de la ville, près de la fontaine qui a conservé ce nom.

Source : Bulletin des travaux de la Société historique et scientifique de Saint-Jean-d'Angély 1864.

Conférence : la fontaine du pilori

Cette conférence n'a pu avoir lieu, à cause de l'extrême fatigue de M. Puaux.

Le sujet était de nature à intéresser assez vivement son auditoire. Que nous prêchera-t-il, disait-on, avec la Fontaine du Pilori ? quel rapport y a-t-il entre elle et un sujet religieux ? comment se tirera-t-il de là ?.... Voici donc la manière dont il l'aurait envisagé ... Mais disons d'abord quelques mots de cette fontaine.

Elle est située sur la place du Pilori, construite d'une manière très-élégante, et inaugurée en 1818, sous les auspices de M. de Lachadenède, préfet de la Charente-Inférieure et compatriote de M. Puaux. Sur les quatre faces se trouvent quatre cartouches, sur chacune desquelles on lit une inscription latine. Les voici :

  • Deus omnibus. Dieu pour tous.
  • Pax inter nos. Paix entre nous.
  • Honor et patria. Honneur et patrie.
  • Vivat rex. Vive le roi.

Deus omnibus, Dieu pour tous... Oui, Dieu est pour vous tous, eût-il dit, car il vous dispense ses bienfaits et ses faveurs. Mais vous, êtes-vous tous pour Dieu ?... lui avez-vous donné votre coeur, et votre cœur tout entier ?... avez-vous formé le désir de renoncer au monde, à ses pompes et à ses vanités, et de vivre, dans ce présent siècle, dans la justice et la tempérance ?

Pax inter nos, paix entre nous... La paix est une belle chose, elle est l'ornement d'une cité ; mais on peut avoir la paix de la terre sans avoir la paix du ciel Cette paix-là, l'avez-vous ? ... Sans elle, nous sommes ennemis avec Dieu ; et si nous sommes ennemis avec Dieu, nous ne sommes pas ses enfants ; et si nous ne sommes pas ses enfants, sa condamnation pèse sur nos têtes !

Honor et patria, honneur et patrie... Ce sont deux belles choses que l'honneur et l'amour de la patrie ; ceux qui ne se soucient ni de l'un ni de l'autre sont des misérables et de mauvais citoyens ; mais il est un honneur plus beau que l'honneur civil, c'est celui de servir Dieu et de garder sa Parole. Il est une patrie plus belle que la France, c'est la demeure de Dieu, où la justice habite ; c'est ce lieu où toute larme sera essuyée de nos yeux et où les élus de Jéhova régneront avec lui aux siècles des siècles.

Vivat rex, vive le roi... Honorer et respecter le chef du gouvernement est un devoir, s'attacher à lui d'affection est une vertu monarchique ... Mais il est un roi que nous devons aimer, parce qu'il est tout amour, c'est le roi du ciel ... Ce roi-là, l'aimez-vous, et l'aimez-vous de tout votre coeur ? désirez-vous vous engager à son service et confesser son saint nom devant les hommes ?

Le prédicateur eût développé ce qu'il ne fait qu'indiquer, il se fût surtout récrié sur cet usage barbare de graver en latin ce qu'on aurait dû graver en français. Peut-être cette pensée, qui lui vient dans ce moment, lui serait-elle venue en prêchant ... Supposez qu'une émeute éclate dans votre ville, sur la place du Pilori, aux pied même de la fontaine, que serviront les belles sentences qui sont à ses quatre coins ? ... Un coin criera : Paix entre nous ! mais comme il criera en latin, les combattants ne le comprendront pas et continueront à se battre ; un deuxième coin criera : Vive le roi ! pendant qu'on criera vive la république, mais il criera à des sourds, parce qu'il criera en latin ; un troisième criera : Honneur et patrie ! pendant qu'on foulera aux pieds l'un et l'autre.

Mais voici ce que le prédicateur n'eût pas manqué de dire à l'occasion des eaux de cette fontaine ... Il eût d'abord rappelé l'entretien du Sauveur avec la Samaritaine, et, comparant cette fontaine du Pilori avec celle sur les bords de laquelle Jésus de Nazareth s'assit, il eût dit à ses auditeurs que les eaux qu'ils puisaient sur la place du Pilori ne désaltéraient que quelques heures, mais qu'il existait une fontaine ouverte pour la souillure et pour le péché, et que c'était de ces eaux-là qu'il fallait boire pour la vie éternelle ... Et alors il leur eût montré Jésus, la fontaine d'eau vive, Jésus Sauveur, Jésus Rédempteur ; et il les eût pressés de toutes les forces de son âme de se donner à Celui qui est mort pour les péchés des hommes ... Chers auditeurs, leur eût dit M. Puaux, en prenant congé de vous je me sens pressé de demander au Père de toute grâce et de tout don parfait de répandre sur vous sa sainte bénédiction, afin qu'il daigne vous ouvrir les yeux pour comprendre les erreurs du romanisme et les vérités salutaires de l'Évangile.

Telle eût été la dernière conférence du ministre protestant, si son état d'extrême fatigue n'y eût mis obstacle.

Maintenant il quitte Saint-Jean-d'Angély pour reprendre à Luneray ses paisibles fonctions pastorales, heureux d'avoir combattu pour mettre en lumière les salutaires vérités de l'Évangile.

Source : Conférences de Saint-Jean d'Angély par M. François Puaux 1846

photo pour Fontaine du Pilori

Localisation et informations générales

  • identifiant unique de la notice : 21022
  • item : Fontaine du Pilori
  • Localisation :
    • Poitou-Charentes
    • Charente-Maritime
    • Saint-Jean-d'Angély
  • Code INSEE commune : 17347
  • Code postal de la commune : 17400
  • Ordre dans la liste : 10
  • Nom commun de la construction :
    • La dénomination principale pour cette construction est : fontaine
  • Etat :
    • L'état actuel de cette construction ne nous est pas connue.

Dates et époques

  • Périodes de construction : 2 différentes époques marquent l'histoire du lieu.
    • 16e siècle
    • 2e quart 16e siècle
  • Année : 1548
  • Date de protection : 1892/04/25 : classé MH
  • Date de versement : 1993/10/27

Construction, architecture et style

  • Materiaux:
    • non communiqué
  • Couverture :
    • non communiqué
  • Materiaux (de couverture) :
    • non communiqué
  • Autre a propos de la couverture :
    • non communiqué
  • Etages :
    • non communiqué
  • Escaliers :
    • non communiqué
  • Décoration de l'édifice :
    • non communiqué
  • Ornementation :
    • non communiqué
  • Typologie :
    • non communiqué
  • Plan :
    • non communiqué

Monument et histoire du lieu

  • Interêt de l'oeuvre : Provient du château de Brizamboug (Charente Maritime) ; Edifiée en 1819 sur l'ancien puits du canton du Pilori
  • Eléments protégés MH (Monument Historique) :
    • Notre base de données ne comprend aucun élément particulier qui fasse l'objet d'une protection.
  • Parties constituantes :
    • non communiqué
  • Parties constituantes étudiées :
    • non communiqué
  • Utilisation successives :
    • non communiqué

Autre

  • Divers :
    • Autre Information : propriété de la commune 1992
  • Photo : a839fc1de328eaaeb4f16e3e0056d89e.jpg
  • Détails : Fontaine du Pilori : classement par arrêté du 25 avril 1892
  • Référence Mérimée : PA00105180

photo : pierre bastien

photo : pierre bastien