photo : Lomyre
L'arrondissement de Saintes autrefois couvert de monuments gallo-romains, en a conservé des restes souvent enfouis sous des décombres et des remblais; il suffirait dans beaucoup d'endroits d'enlever quelques pouces de terre pour rencontrer des objets intéressants. Ce qu'on a recueilli en 1816, à la suite des déblais, nous en fournit un exemple : plus de 300 médailles, des pierres tumulaires portant des inscriptions, divers ustensiles, et surtout le pronaos d'un temple avec les bases de six colonnes furent le résultat des recherches faites sur un seul point de Mediolanum. De nouvelles fouilles qu'on entreprendrait dans les lieux où il existe des traces de constructions antiques, donneraient beaucoup d'espérance. Je crois pouvoir signaler, en conséquence, l'amphithéâtre de Saintes, les plaines de Courcoury, les anciennes maisons de Tamnum et de Novioregum, les bains de Mediolanum, les champs de St.Séroine, le fort de Suzac : tous ces lieux sont dans l'arrondissement de Saintes.
L'amphithéâtre de Saintes fut en partie détruit à une époque déjà, fort ancienne ; cinq mètres de décombres sont au pied des murs. Si on enlevait ces terres et ces pierres, les archéologues pourraient arrêter leurs idées sur la destination de certaines parties du monument, jusqu'à présent énigmatiques ; on mettrait probablement au jour des caveaux, quelques gradins et toute la base de l'édifice ; on découvrirait peut-être dans les décombres des fragments provenant des décorations supérieures : on trouverait les bouches des canaux qui doivent apporter des eaux, et l'on serait fixé sur l'existence ou la non existence d'une naumachie. S'il était possible d'acquérir les terres renfermées dans l'intérieur, et de disposer de quelques fonds tels que ceux que voulait allouer le ministre, il y a quelques années, et dont on n'a pas profité, on pourrait, par des travaux plus étendus, répandre sur ce monument un intérêt qu'il est loin d'avoir aujourd'hui.
Source : Bulletin monumental 1838.
L'amphithéâtre de Saintes, de forme ovale, se trouve hors de la ville, au fond d'un vallon qui sépare le faubourg Saint-Macoul de la paroisse Saint-Eutrope. Le grand diamètre, qui est d'environ 400 pieds, s'étend parallèlement à la vallée, et le petit diamètre en occupe toute la largeur, de manière que l'édifice s'appuie de deux côtés sur les coteaux qui bordent la gorge au fond de laquelle il est situé.
On arrivait à la terrasse ou corridor qui dominait la cavea par les coteaux du nord et du midi, avec lesquels elle se trouvait de niveau (Description de l'amphithéâtre de Saintes, par M. de Crazannes). On distingue très-bien encore la rampe par laquelle on accédait aux sièges le long du coteau de Saint-Macoul, ainsi que les murs qui servaient à, soutenir les terres supérieures (Ces murs, dans lesquels on remarque des niches cintrées, paraissent avoir suivi le mouvement de la rampe).
Dans l'état de ruine où se trouve aujourd'hui l'édifice, les arcades les plus remarquables sont celles que l'on voit à l'extrémité est, au fond de la vallée, et qui avoisinent la glande entrée de l'arène. Je les ai figurées sur la planche XLII de mon Cours d'antiquités, vues de deux côtés différents. Le niveau de l'arène était beaucoup au-dessous du terrain extérieur, et la grande entrée s'abaissait pour en atteindre le pavé. (V. mon Cours d'antiquités, p. 487.)
L'origine de l'amphithéâtre de Saintes est inconnue : à en juger par le mode de construction et l'irrégularité des arcades, il pourrait dater du règne d'Hadrien.
On vient d'acheter les derniers restes du monument, pour les sauver de la destruction dont ils étaient menacés.
Source : Abécédaire ou Rudiment d'archéologie par Arcisse de Caumont (1802-1873)