photo : gerardgg
Sablonceaux, bourg de la Saintonge, non loin de Saujon et des rives de la Seudre, à trois lieues et demie au couchant d'hiver de Saintes, sur un terrain sablonneux, d'où saillent plusieurs fontaines d'une eau la plus limpide, la plus légère et la meilleure du royaume ; diocèse et élection de Saintes, parlement de Bordeaux, et intendance de la Rochelle. La dénomination de ce lien vient de sablons et d'eaux, on y compte 5 à 600 habitants. II y a une abbaye commendataire de chanoines réguliers de l'ordre de saint Augustin, de la congrégation et réforme de Chancellade : elle a été fondée par Guillaume, duc d'Aquitaine, mort en 1137 et on croit devoir fixer l'époque de sa fondation avant l'an 1136. Les privilèges qui furent accordés à cette abbaye, sont considérables ; ils sont détaillés dans les titres de fondation et de confirmation, dont les originaux font à St Germain-des-Prés à Paris, et dont il y a une copie en forme à l'abbaye de Sablonceaux. Cette abbaye fut régulière jusqu'en 1615, pendant lequel temps elle eut quinze abbés. Son premier abbé régulier fut Geoffroy de Lauréole, de le dernier Gabriel Martel.
Le monastère ayant été brûlé en 1568, sous la prélature de Renaud du Gua, avant-dernier abbé régulier, Gabriel Martel avait été obligé de demeurer à Castillon, n'ayant que le titre sans émoluments ni fonctions. Ce fut dans ces circonstances que les religieux, n'ayant presque plus de revenus, demandèrent en cour de Rome un abbé commendataire, qui leur fut accordé : Hugues fut le premier ; Raimond de Mortagne, prêtre du diocèse de Bordeaux, président au présidial de Saintes, et depuis évêque de Baïonne, est le second qui fut pourvu de l'abbaye de Sablonceaux, mais à la charge d'en réparer l'église et les bâtiments réguliers. Henri d'Escoubleau de Sourdis, archevêque de Bordeaux, chevalier commendeur de l'ordre du Saint Esprit, fut le troisième abbé commendataire de cette abbaye. Ce prélat, voyant avec douleur le peu d'ordre qui régnait dans ce monastère, dispersa tous les religieux, en leur donnant des pensions; le le 25 octobre 1633, il fit un accord avec Alain de Solminiac, abbé et réformateur de Chancellade, qui lui envoya douze chanoines réguliers de fa réforme. Cette colonie ne fut pas plutôt introduite dans l'abbaye de Sablonceaux, que les anciens prirent conseil entr'eux, et se glissèrent la nuit dans la communauté et forcèrent à main armée les nouveaux réformés à quitter la place.
Ceux-ci reprenaient déjà le chemin de Chancellade; un seigneur voisin (le sieur de Balanzac) les arrêta, et leur promit qu'ils seraient bientôt rétablis. En effet il assembla une compagnie de cavalerie, qui était en garnison dans Corme-royal, conduisit cette troupe sous les murs de l'abbaye ; fit faire une décharge de mousquéterie, et menaça les anciens de les faire brûler dans la communauté, s'ils ne se retiraient promptement : ils obéirent, et les autres furent remis en possession. Depuis ce temps-là, les chanoines, bien nommés réguliers, ont vécu tranquillement, et vivent encore d'une manière à mériter les respects du public.
M. de Sourdis a fait bâtir la maison abbatiale, et le principal autel de l'abbaye qu'il a aussi beaucoup réparé. Ses armes sont sculptées fur les bâtiments dont on lui est redevable.
L'abbaye de Sablonceaux a été pillée et saccagée deux fois pendant les guerres de religion : la première fois en 1559 et la seconde en 1621, par le prince Soubise qui á la tête de deux mille hommes et avec trois pièces de canon, l'assiégea s'en rendit maître et y commit routes sortes de dégradations. Ces violences ont occasionné la perte de plusieurs manuscrits et mémoires de temps qui étaient conservés dans cette abbaye.
II n'y reste que des procès-verbaux, des transactions passées avec les abbés commendataires, et quelques censis qui assurent encore aux religieux une partie des cens et des rentes dont l'abbaye fut dotée.
II parait que les ducs d'Aquitaine faisaient, de temps en temps, leur résidence dans ce canton : il y a dans le palais, qui joint l'abbaye, un vieux appartement qu'on nomme la salle des pages ; et à un quart de lieue, on trouve des masures que les habitants ont toujours appelées le Château Guillaume.
L'abbaye de Sablonceaux vaut environ 4000 livres de rente à son abbé commendataire, qui paie 1000 florins a la cour de Rome pour ses bulles, Pierre Valentin Duglas, vicaire général et archidiacre d'Aufch, pourvu en 1763 de cette abbaye, est son vingt deuxième prélat et son septième abbé commendataire
Source : Dictionnaire universel de la France: contenant la description géographique par Robert de Hessein 1771.
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