photo : Lisamaria
La voie qui, au XIVe siècle, devint route royale de Paris a Bayonne, par Chizé, Saint-Jean et Taillebourg, parlait de Saintes, traversait la Charente à Saint-Vaise, passait a Taillebourg, Mazeray et Saint-Jean-d'Angély, où se trouvait une station, et où l'on a découvert récemment des nombreux débris galloromains, et de la se rendait a Bernay pour se diriger ensuite vers Nantes.
On est peu d'accord sur l'origine du nom de Chemin-de-la-Princesse, donné à cette voie à la sortie de Mazeray ; selon les uns, cette dénomination lui serait venue de ce qu'une princesse de La Trémoille, dame de Taillebourg, l'aurait fait réparer ; selon d'autres, et c'est là la version la plus généralement admise, ce nom lui serait resté en souvenir de Charlotte de la Trémoille, princesse de Condé, qui, en 1588, lors de sa captivité à Saint-Jean, suivait cette voie pour aller, sous l'escorte de soldats huguenots, voir son fils, Henri de Condé, en nourrice à Mazeray.
Après avoir suivi, à pied, la portion de la voie qui traverse le bois de Beaufief, les membres de la Société remontaient en voiture, et, quelques minutes plus tard, s'arrêtaient sous les châtaigniers séculaires qui couvrent de leur feuillage le porche de l'église de Mazeray.
D'abord villa romaine, Mazeray devint, au moyen âge, le siège d'un prieuré de bénédictins dépendant de l'abbaye de Saint-Jean-d'Angély. Des murs en ruines, répandus sur un vaste espace, des caves voûtées qu'on retrouve fréquemment en faisant des constructions nouvelles, une citerne, aussi voûtée, parfaitement construite et destinée a recevoir les eaux qui, lors des grandes pluies, descendaient des coteaux environnants, tout ferait présumer que le monastère devait avoir une importance considérable. Mazeray possédait autrefois une église romane, du XIe siècle, dont il ne reste que la tour mutilée qui occupe le centre de l'église actuelle, élevée vers le XIVe tiède. Il existait encore à Mazeray deux chapelles, aujourd'hui détruites, dédiées, l'une a saint Barnabe, patron du lieu, renversée a la fin du XVIIIe siècle et dont il ne reste que les fondations ; l'autre a sainte Apolline, disparue depuis fort longtemps et sur laquelle il nous a été impossible de nous procurer aucun renseignement.
C'est dans le cimetière de Mazeray que repose la mère de l'homme éminent auquel la ville de Saint-Jean-d'Angély a érigé, l'année dernière, la statue qui décore la place de l'Hôtel-de-Ville.
Pendant qu'a Mazeray une partie des membres de la Société s'occupaient à examiner l'église et les restes du monastère, les autres, sous la conduite de M. Pinalel, allaient explorer la contrée boisée qui s'étant de Mazeray à Saint-Hilaire-de-Villefranche, et dont l'aspect est si différent de celui de la plaine que l'on vient de quitter.
Source : Bulletin des travaux de la Société historique et scientifique par Société historique et scientifique de Saint-Jean-d'Angély 1863.