photo : pierre bastien
Aleré, vadum d'Alere, d'Alirai, vadiacum, vadum de Alençon, Planras Alerias, ecclesia parochialis Sancti Andreae de vado d'Alizay, ccclesia parochialis Sancti Andræ de vado olereo, Saint André du Gué d'ollereau, le Gué d'Alleré, tels sont les noms de cette localité, aujourd'hui cure du doyenné de Courçon d'Aunis.
Dans les premiers siècles de notre ère, le territoire de cette commune était en partie submergé ; les déchirements de la falaise qui bornait, au Midi, le golfe appelé le Lac des deux Corbeaux, y entretenaient de nombreuses lagunes ; quelques parties du sol assez élevées pour être à l'abri de l'inondation, ou assez solides pour résister à l'érosion, étaient seules habitables, et pouvaient servir aux communications entre les tribus du Midi et celles du Nord, les Santones proprement dits, et les Santones liberi. De là peut-être le nom de Vadum, Gué, donné à cette localité.
Son histoire se relie naturellement à celle de la châtellenie de Benon, dont elle dépendait ; elle dut en suivre la fortune bonne ou mauvaise.
L'ancienne église du Gué n'existe plus : elle a été détruite de nos jours, j'en ignore la cause. Peut-être n'était-elle plus en rapport avec les besoins de la population, peut-être exigeait-elle quelques réparations, et on aura jugé à propos de la remplacer par l'une de ces maisons blanchies, bien revêtues de plâtre en dedans, et percées de larges fenêtres de salon. De larges portes à deux battants conduisent du sanctuaire à la sacristie, d'une part, et de l'autre à la chambre à coucher de M. le Curé. Cela est très commode assurément, mais cela est-il bien convenable ? Faut—il ajouter que le sapin doré remplace l'autel devant lequel s'étaient agenouillées dix générations ! Disons à la louange de M. le Curé actuel du Gué que ces vénérables restes de l'église de St. André n'ont pas été livrés aux flammes ; on en a fait des fonts. La pierre sacrée est remplacée par une cuve baptismale ; le tabernacle et le contre-rétable avec ses statuettes, ses colonnes torses enluminées et rehaussées d'or garnissent le mur. Mieux eût valu, sans doute, laisser cet autel en place ; mais, son remplacement étant décidé, nous devons remercier M. le Curé de l'avoir sauvegardé en l'utilisant quand même.
Source : Excursion archéologique de Saintes à Luçon et retour, en août et septembre 1851 par Joseph-Louis Lacurie