F...T EN L'ANNÉE 1593 LOVlS TESSIER DICT LE POVLLOVNOIS ET MARRIES ROBELIEN SA FAMES.
Qui est ce Tessier ? d'où lui vient son surnom ? Je suppose que ce Tessier a du faire partie de la troupe de gens qui suivit le duc d’Anjou en Pologne, quand celui-ci alla prendre possession du trône auquel il venait d'être élevé. On sait qu’il s'évada aussitôt qu'il apprit la mort de son frère, Charles IX, pour devenir Henri III, roi de France. Tessier revint avec lui sans doute (1574). Quelle que soit la circonstance qui lui valut ce chaffre, Tessier était connu sous le qualificatif de polonais devenu inséparable de son nom. Je l’ai rencontré dans les minutes de Tourtellot, notaire à Cozes. Le 20 juin 1596, Louis de Belcier, baron de Cozes, donne quittance à Louis Texier. dit le Poullonnois, marchand à Saintes, de 999 écus un tiers, dont celui—ci était débiteur comme fermier de la baronnie de Cozes. Le 25 juin 1599, sa femme, Marie Robelin, « Mme la Poullonnoise, femme de Sire Loys Texier, dit le Poullounoi, demeurant au château d'Echillais, » afferme à Louis Robert, marchand à Cozes, le huitième de tous les vins et autres « breuvages » qui se vendront en détail sur les paroisses de Cozes, d'Arces et Barzan, moyennant 166 écus 2 livres soit 350 livres. Elle agit suivant la procuration de son mari qui est dit fermier de Saint—Martin de la Coudre et de Malvaud, qu'il tient de Mme de Potonville.
Quelques jours plus tard, elle afferme le greffe et le minage de la baronnie de Cozes.
Cet homme jouissait vraisemblablement d'une certaine considération. Un voyage à l'étranger assure toujours à qui en revient un peu d'autorité. Le notaire l'appelle Sire, terme qu'il ne prodigue pas, et, quand il nomme Marie Robelin Mme la Poullonnoise, c'est assurément pour marquer son respect. En 1596, Tessier ne devait plus posséder Chalézac, s'il en fut jamais propriétaire. Il paraît d'ailleurs n'avoir aucun coin de terre, puisqu'il ne se qualifie pas de sieur de ..., c'est rare. Il est singulier qu'en 1596 il ne soit pas sieur de Chalézac, s'il a fait construire le puits trois ans auparavant. Aussi est-on autorisé à douter que ce petit monument soit en place, et à croire qu'il a été transplanté d'un autre logis. La margelle, semble-t-il, devrait être ronde, elle est, au contraire, carrée avec angles abattus pour servir de bases aux montants des ouvertures, lesquelles, nouveau motif de soupçon, sont plus larges en bas qu'en haut.
Il existe, à Arvert, non loin de Chalézac, par conséquent, dans la cour du presbytère, un puits de forme analogue. Il mesure 4m80 de haut,1m11 de diamètre intérieur, 1m50 de hauteur aux arcades qui ont 0m69 de largeur. La margelle est carrée avec pans coupés, mais les montants des ouvertures formés d'une colonne galbée sont d'aplomb. Aucune sculpture, aucune inscription n'ajoutent d'intérêt à ce petit édifice qui ne manque pas d'élégance. ll n'a jamais changé de place.
CH. DANGIBEAUD.
Source : Bulletin de Saintonge & d'Aunis par la Société des archives historiques 1924-1929.
