photo : Pascal-Jean Rebillat Photographies
Sainte-Croix-Grand-Tonne est un petit village situé entre Caen et Bayeux, à 35oo mètres au delà du bourg important de Bretteville-l'Orgueilleuse, sur la route de Paris à Cherbourg. Le nom que nous lui conservons ici, et sous lequel il est désigné dans les actes administratifs, est une faute provenant d'une corruption par consonance et qui pourrait égarer les fanatiques d'étymologie. La véritable orthographe de ce lieu devrait être Sainte-Croix-Grantonne. En effet, nous trouvons à la date de 1077, dans le cartulaire de l'abbaye de Mondaye, ce village indiqué sous le nom de : Sancta Cruz de Grentone; plus tard, toujours au XIe siècle, Sancta Cruz de Grantonne ; au XIIe, dans le cartulaire d'Ardenne, Sancta Cruz de Granthone ; au XIIIe, Sancta Cruz Super Grantone. Ce n'est qu'au siècle que nous voyons apparaître, francisé, ce nom de Grandthonne dont la consonance donnera lieu aux appellations successives de Grande-Tonne (carte de Petite, 1673) et même de Sainte-Croix-Grandthomme, en 1710 ; enfin, de Grandhomme en 1732 (cartulaire de Cordillon). Il ne faut pas chercher son origine dans l'accouplement hybride de deux mots, l'un français : Grand, et l'autre saxon : town, pour en faire Grand-Bourg; contentons-nous de rappeler que son vrai nom est Grantone, appellation primitive.
Bien qu'on le voie figurer déjà à une date fort éloignée, ce village n'a aucune importance historique. Au point de vue pittoresque, il n'a rien pour attirer l'attention. Composé de rues tortueuses aux maisons de chétive apparence, bâti dans cette partie de la plaine de Caen qui confine au Bessin, il a la physionomie banale de la majeure partie des autres villages de cette contrée.
Néanmoins, nous pouvons sans crainte nous y arrêter, car là existe un château, siège jadis d'une importante seigneurie et qui possède encore quelques vestiges, malheureusement trop rares, de son passé.
Pour s'y rendre, deux chemins, près de l'un desquels est une modeste ferme dont nous parlerons plus tard, s'amorcent sur la droite de la route nationale, en partant de Caen.
Après avoir traversé les rues sinueuses du village, nous arrivons à l'église, construction sans caractère, bâtie au siècle dernier par Madame de Lassay, et consacrée en 1759, dont la petite tour en pierre est terminée par une coupole en forme de cloche et ne présente rien d'intéressant.
A une centaine de mètres, on aperçoit une grille, close de volets de fer, et accompagnée d'une grille C'est l'entrée du château.
Source : La Normandie monumentale et pittoresque 1895.