Manoir

Ancien logis de la dame de Robinaux et du sieur des Angles (armoiries signalées par Galeron en 1830) . Construit au XVIe siècle. Détruit en partie en 1975 (rampant de lucarne sculpté au château de Villeray, commune Moutiers-en-Cinglais) . Grange, pressoir et pavillon XVIIe siècle.

Sanctus Laurentius in Cingalesio, sanctus Laurentius de Condetlo, tels sont les noms de cette localité dans les anciens titres. Il ne paraît pas qu'elle ait eu quelque importance historique dans le moyen-âge. Nous ne la trouvons ciiée qu'une seule fois avant le XIVe siècle, à l'occasion des dons faits par les riches seigneurs du nom de Tesson, à l'abbaye de Fontenay, en l'an 1070.

Voici dans quels termes s'exprime la charte de fondation de Fontenay :

« Dédit quoque (Radulfus Taxo) omnes eleemosinarios de Condelto qui habitant juxtà silvam et ce omnem terrant qu? est habilis ad arandum et habitandum juxtà eamdem silvam ad dexteram partem viae quae ducit Toereium, et il donna tous les serfs de Condel qui habitent près de la forêt, et toute la terre qui est propre à être labourée et habitée près de la même forêt, à la droite du chemin qui conduit à Thury. »

On reconnaît bien là l'emplacement du village actuel de Saint-Laurent-de-Condel. Ceux que la charte nomme elemosinarii (les serfs ou pauvres vassaux), devaient être établis sur le côté gauche de la route ; et les terrains du côté droit, regardés comme propres à être labourés et habités, sont ceux qu'occupent l'église et une partie notable des habitations. Successivement ces habitations se seront étendues en longueur sur les deux côtés du chemin de Thury, et elles auront formé le long et beau village que nous voyons, et dont la prospérité s'est accrue surtout dans ces derniers temps.

Le roi Philippe de Valois, donnant au sire de Mathefelon le domaine du Thuit, en 1343, y joignit d'autres concessions, et, entre autres, ce une ce foire se tenant à Saint-Laurent-de-Condel, le jour ce « Saint-Laurenti. » Cette foire ne s'est pas maintenue jusqu'à nous.

Les registres des tabellions de Caen mentionnent Pierre Hamel, escuyer, seigneur de St.-Laurent-de-Coudel, en 1470 ; Robert Connart, escuyer, seigneur dudit lieu, en 1474 ; et André Le Clerc, escuyer, aussi seigneur, en 1475. Ainsi, dans cinq années, la seigneurie de Saint-Laurent avait passé dans trois maisons différentes.

En 1519, Guillaume du Quesney, curé de Saint-Laurent-de-Condel et chapelain du Boishalbont, fut nommé recteur de l'Université de Caen. L'année suivante, le même personnage devint doyen de la Faculté de Théologie, dans la même ville

Dans le XVIIe siècle, on cite une dame de Robinaux, que l'on disait être fille naturelle de Louis XIV, et un sieur des Angles, comme ayant eu la seigneurie de Saint-Laurent. Cette seigneurie passa ensuite aux Piedoue et aux Mannoury, de Croisilles.

Saint-Laurent-de-Condel a pour abornemens : Boulon, Barbery, Fresney-le-Vieux, Espins, les Moutiers-en-Cinglais, Grimbosq et Mutrécy. Son étendue est de 1195 arpents métriques ou hectares (1463 acres), sur lesquels 135 arpents en labour, 35 en prairies, 1011 en bois, et le reste en cours, jardins, vergers, etc. On voit que les cinq sixièmes, au moins, de la commune sont en bois, qui font partie de la forêt de Cinglais. Ces bois sont beaux en général, bien ouverts, et plusieurs coupes sont d'un grand produit. C'est la richesse de cette localité.

Le village principal et une partie du bas de Saint-Laurent, seul hameau qui en dépende, renferment 137 maisons, et 546 habitants qui se livrent à l'exploitation des bois, à l'agriculture et à divers petits commerces particuliers que leur position, sur une route fréquentée, permet d'exercer avec un peu d'avantage. Il y a de belles auberges, des épiciers, des merciers, des boulangers, des débitants de tabac, un tanneur, un teinturier, etc. Soixante femmes travaillent à la dentelle. Vingt-cinq à trente fagotiers, qui ne sont pas assez occupés pendant l'hiver, vont à l'émondage vers Bayeux et Courseules, et en rapportent de bons bénéfices. Mais, en avril, au moment de l'abattage des coupes, chacun se retrouve à son poste. Ce moment est le plus important pour ces populations bocagères. Le jour choisi pour un abattage, on met cent vingt haches dans une coupe, avec une centaine de femmes. Tout est tombé avant la nuit. Chaque ouvrier abat le plus qu'il peut et travaille à l'excès, bien qu'il ne soit pas payé ce jour-là. On ne lui donne qu'un pot de cidre pour se rafraîchir. Mais tout ce qu'il a abattu lui appartient exclusivement, c'est-à-dire, qu'il eu met seul ensuite en fagots, pour chacun desquels il reçoit 10 centimes (2 sols) ; et comme il peut faire 25 fagots dans un jour, il se ménage d'autant plus de journées à 2 fr. 5o cent., qu'il est parvenu à abattre plus de bois. Il peut se faire assister le jour de l'abattage par sa femme et ses enfants qui emportent le menu bois. Ces usages existent également à Boulon, à Grimbosq et aux Moutiers.

Les mille arpents de la forêt, qui dépendent de St.-Laurent, sont coupés de routes qui conduisent à Bretteville, à Barbery, à Fresney-le-Vieux et à Espins. L'une d'elles porte le nom de Route Ducale. Au point central des bois, à-peu près, on montre une devise que l'on dit être celle des trois Seigneurs. C'est là, assure-t-on, que venaient se rafraîchir quelquefois, aux retours des chasses, les propriétaires des bois d'Alençon, d'Harcourt et de Barbery. Chacun restait sur son terrain. Des fontaines, formant un petit ruisseau, sont à peu de distance, ainsi que la demeure du garde principal. Cette demeure, entourée de grands arbres, recevait les ducs d'Harcourt avec leur suite, dans les grandes chasses du dernier siècle. Ou parle encore de ces chasses comme de fêtes merveilleuses. Là se forçaient de nombreux cerfs, des sangliers, et ces chevreuils légers dont la race même a disparu de ce pays. Nul grand gibier n'existe plus dans la forêt. Pour nous cette destruction est d'un bien mince intérêt ; mais on entend encore quelques vieillards la déplorer. Les bois de Cinglais ont conservé des gardes de nos jours, mais c'est pour les préserver du pillage et pour veiller à leur entretient.

Les habitants de Saint-Laurent voient les bois de leurs taillis exportés vers Caen, où ils sont très recherchés. Les essences principales sont la chêne et le bouleau. La forêt renferme de très-bonnes coupes, mais on y remarque de grands espaces dégarnis, où la mousse et la bruyère couvrent seules le sol. Il est à présumer que l'on en pourrait tirer quelque parti en y semant ou en y plantant des arbres verts. Mais de grands propriétaires, qui résident loin de leurs domaines, se décident difficilement à tenter de pareils essais. On y arrivera plus tard, quand des hommes d'affaires intelligents s'occuperont sérieusement d'améliorer les biens confiés à leurs soins. La partie de la forêt qui dépend de Saint-Laurent, appartient à M. le prince de Beauveau, par héritage des Harcourt.

Saint-Laurent n'offre rien autre chose de remarquable sous le rapport des produits du sol. L'agriculteur imite ses voisins ; il cultive les grains du pays, avec un peu de colza, de pommes de terre et de fourrages pour ses besoins. Quarante-cinq chevaux, 60 bêtes à cornes et moins de cent moutons, suffisent pour l'exploitation. On compta 50 ruches dont le produit annuel est porté à 12 fr. Deux mille pieds d'arbres fruitiers donnent un cidre assez estimé. On prétend que le produit moyen de la terre de labour est, à Saint-Laurent, de 40 fr. ; celui de la prairie, de 75 fr. , et celui des bois, de 36 fr. Les bons bois rapportent 5o fr.

Outre la grande route de Caen à Condé, qui traverse tout le village, il existe dans la commune un chemin vicinal allant à Mutrécy, et six chemins communaux d'exploitation.

Saint Laurent a une école réunissant 60 enfants des deux sexes. La population, comme celle de Fresney, est bien constituée. Les hommes sont grands, nerveux, les femmes bien prises, élancées. Elles ont quitté dans ces derniers temps le bonnet à bavolet du pays pour celui de Bayeux, plus coquet et plus économique. Elles portent, dans l'intérieur, le bonnet de coton ceint d'un ruban noir. L'ensemble de leur tenue ne manque ni d'assurance ni d'une certaine grâce. Les hommes passent pour être des buveurs intrépides. Le soir des dimanches, dans l'été, on voit la jeunesse des deux sexes jouer et se promener sur les gazons, à l'entrée des taillis qui bordent la route. Il y a quelquefois des danses et des chansons.

Il est né, dans cinq ans, à Saint-Laurent, 61 individus, et il en est mort 56. L'air doit être sain au milieu de ces bois. Les maisons du bourg, bien bâties, bien ouvertes, annoncent l'aisance et la propreté ; tout semble dans une condition favorable pour la santé publique. Cependant, on remarque qu'il y a peu de vieillards dans cette localité. L'hydropisie de poitrine y atteint beaucoup de personnes dans un âge encore peu avancé. La cause en peut être recherchée par les hommes de l'art, ainsi que le remède. Nous nous bornons à consigner ici cette observation.

On a pu voir que nous n'avions mentionné aucun fait historique sur Saint-Laurent. Il nous a été rapporté qu'au centre des bois, des enfants de bûcherons avaient dû trouver des monnaies qui, dit-on, étaient romaines. Nous ne les avons point vues. Le maire nous a donné, pour le cabinet de la ville, trois autres monnaies, aussi romaines, en m. b. , recueillies par lui dans le pays. L'une est à l'effigie de Claude, Ti. Claudius Caesar Aug. P. M. Tr. P. Imp., avec le revers S. C. Constanti ? Augustin la seconde appartient à Néron, Nero Claud. Ccesar Aug. Ger. P. M. Tri. P. Imp., avec le revers S. P. Q. R. Securitas Augusti ; la troisième appartient à Domitien, Vespasian. F. Domitianus, ayant au revers S. C. ZV P. Cos. XIII. Toutes ces pièces sont du premier siècle de notre ère (de l'an 41 à l'an 69 ). On nous a parlé encore de cercueils en pierre et d'ossements trouvés en ouvrant une carrière. Mais ces documents sont trop vagues pour s'y arrêter.

L'église, que le Livre Pelut mentionne, en 1356, sous le nom de Sancti Laurentii de Condello, est un édifice romano-gothique de bonne apparence. Une partie des ouvertures, notamment le portail du bout et les fausses fenêtres du nord et du chevet, sont à cintres ronds, simples, purs, sans ornements. Le reste est à ogives longues, avec colonnes et chapiteaux à feuilles. La grosse tour a des ouvertures ogivales. On voit quelques rangs de maçonnerie à arrêtes au-dessus du portail et dans la maçonnerie de la nef, vers le nord. Le cimetière est bien clos. Douze tombes et un gros et vieil if en font l'ornement.

Les anciennes habitations de la dame de Robinaux et du sire des Angles existent encore en partie au dessus de l'église. On distingue sur un des pavillons des reste d'armoiries.

Saint-Laurent a pour maire depuis longtemps M. Surville, qui nous a transmis un travail très étendu sur sa commune. Nous en avons extrait nos renseignements statistiques. L'adjoint est M. Marie; le desservant, M. Halley; l'instituteur, M. Falaise, et le percepteur, M. Tiger.

La commune paie annuellement en impôts directs, 7,566 fr. 14 cent.

Source : Statistique de l'arrondissement de Falaise par Frédéric Galeron 1829

Localisation et informations générales

  • identifiant unique de la notice : 13616
  • item : Manoir
  • Localisation :
    • Basse-Normandie
    • Calvados
    • Saint-Laurent-de-Condel
  • Code INSEE commune : 14603
  • Code postal de la commune : 14220
  • Ordre dans la liste : 6
  • Nom commun de la construction :
    • La dénomination principale pour cette construction est : manoir
  • Etat :
    • L'état actuel de cette construction ne nous est pas connue.

Dates et époques

  • Périodes de construction : 2 différentes époques marquent l'histoire du lieu.
    • 16e siècle
    • 17e siècle
  • Enquête : 1986
  • Date de versement : 1987 AVANT

Construction, architecture et style

  • Materiaux: 2 types de matériaux composent le gros oeuvre.
    • calcaire
    • moellon
  • Couverture : On remarque 4 types de couverture différents :
    • toit à longs pans
    • pignon découvert
    • pignon
    • toit
  • Materiaux (de couverture) :
    • L'élément de couverture principal est tuile plate
  • Autre a propos de la couverture :
    • non communiqué
  • Etages :
    • Etage type : 1 étage carré
  • Escaliers : 6 types d'escaliers différents sont présent sur le site :
    • escalier en vis
    • escalier de distribution extérieur
    • escalier droit
    • escalier demi-hors-oeuvre
    • escalier en vis sans jour
    • escalier de distribution
  • Décoration de l'édifice :
    • Le décor est composé de : 'sculpture'
  • Ornementation : 2 motifs orenementaux on été relevés :
    • blason
    • griffon
  • Typologie :
    • non communiqué
  • Plan :
    • non communiqué

Monument et histoire du lieu

  • Eléments protégés MH (Monument Historique) :
    • Notre base de données ne comprend aucun élément particulier qui fasse l'objet d'une protection.
  • Parties constituantes : 4 parties constituantes distinctes relevées :
    • grange
    • enclos
    • pressoir
    • pressoir à cidre
  • Parties constituantes étudiées :
    • non communiqué
  • Utilisation successives :
    • non communiqué

Autre

  • Divers :
    • Autre Information : figures fantastiques et grotesques propriété privée
  • Référence Mérimée : IA00000232

photo : michel