Eglise

St Sulpice de Secqueville ; Patron, l'abbaye de St-Étienne.

Le clocher de Secqueville en Bessin, un des plus beaux du diocèse, il se compose d'une flèche gothique, portée sur une tour d'intertransept romane, qui existait déjà en 1105, comme le prouve le fait suivant : « Au printemps de l'année 1105, dit M. de Caumont dans sa Statistique monumentale du Calvados, pendant le siège de Bayeux par Henri Ier, roi d'Angleterre, Robert Fitz-Hamon, qui tenait pour Henri, fut surpris à Secqueville par les soldats du duc Robert, et ne trouva d'autre moyen de défense que de se réfugier dans la tour de l'église ; mais les soldats du duc allumèrent du feu sous la tour et le forcèrent à se rendre. M. l'abbé Adam m'a assuré qu'avant de faire réparer les piliers qui supportent cette pyramide, il avait encore vu sur eux des traces du feu auquel ils avaient été exposés en 1105.

M. Viollet-le-Duc, qui raconte aussi celle histoire dans son Dictionnaire raisonné de l'architecture française, parait avoir été trompé par une citation incomplète. Dans un ouvrage contenant tant de faits et d'idées, il ne peut manquer de se rencontrer quelques erreurs de détail ; il importe peu d'ailleurs au lecteur que le fait se soit passé à Baveux ou à Secqueville. Mais de ce cas fortuit, que Fitz-Hamon poursuivi par les Baycusains se réfugia dans le clocher bâti sur le centre de cette dernière église, M. Viollet-le-Duc arrive de suite à cette conclusion: « On considérait donc dans certaines circonstances critiques les clochers des églises comme des forteresses, et leur emploi comme beffroi n'était parfois qu'accessoire. »

De même que, pour lui, les constructeurs de la cathédrale de Laon avaient pour but d'élever moins un temple à Dieu qu'un immense prétoire pour le pouvoir temporel de l'évêque, de même les tours d'église avaient, selon lui, d'abord pour but la défense : a Ce qui fut d'abord, dit-il, commandé par « la nécessité, devint bientôt une disposition consacrée ; chaque église voulut avoir sa tour. »

Ces théories, développées avec un talent incontestable, contiennent, croyons-nous, juste assez de vérité pour faire passer l'erreur. Laissant de côté le rôle politique des cathédrales qui ne rentre pas dans notre sujet, nous pensons qu'il est vrai que les clochers, comme les églises, comme les granges, comme toutes les constructions solides en un mot, ont souvent servi de refuge aux populations surprises à l'improviste ; nous avons même montré que ce cas semble avoir été prévu par l'architecte de l'église de Ver ; mais il y a loin de là à faire de la défense le but principal, et des cloches un simple accessoire, et nous ne voyons pas que, sauf la position élevée de la porte du clocher que nous venons de signaler, l'idée de défense ait beaucoup influé sur la disposition des clochers romans du Bessin. Cinq ou six tours d'églises voisines de l'embouchure de l'Orne sont, à la vérité, couronnées de plates-formes pouvant servir de points d'observation ; mais toutes ces plates-formes sont des additions et appartiennent à des époques assez modernes.

Mais revenons à Secqueville. Si la défense de Fitz-Hamon n'a influé en rien sur les dispositions de son clocher, elle a néanmoins pour nous, réunie à l'observation de M. l'abbé Adam, l'avantage de former un point de repère dans l'histoire de l'architecture normande, en nous indiquant l'existence de ce clocher en 1105.

Les transepts sont décorés à l'extérieur d'arcs de grandeurs inégales découpés dans une seule pierre, ornés de moulures différentes appliquées contre les murs et reposant sur des colonnes en délit, séparées par de petits pilastres aussi en application. Ces pilastres, ainsi qu'une grande partie des pierres employées dans la construction, ont été décorés d'étoiles, de rosaces et autres ornements taillés en creux dans la pierre avant la pose. A l'intérieur de la nef, ce genre de décoration est employé avec une telle profusion qu'un chapiteau en est presque entièrement revêtu.

Le clocher s'élève hardiment, porté sur les quatre piliers de l'intertransept, les claveaux de l'arc triomphal placé entre la nef et le clocher sont aussi décorés d'étoiles en creux. Au-dessus de cet arc, du côté de l'épître, est une petite arcade qui semble contemporaine de celles qui ornent a l'extérieur le clérestory des transepts, et qui, par sa position, rappelle celle que nous avons signalée à Cerisy.

Il est assez remarquable qu'un clocher de cette importance et placé dans cette position ne présente aucune trace d'un escalier primitif ; celui par lequel on arrive maintenant sur la voûte relativement moderne qui couronne l'intertransept, a été ajouté, longtemps après la construction de ce clocher, à l'extérieur de l'angle nord-ouest du transept septentrional. Un escalier en charpente massive conduit de là sur la voûte qui couronne maintenant l'intertransept, en passant par une des fenêtres qui, avant la construction des voûtes, ouvraient du clocher sur les diverses parties de l'église. A partir de ce point, le reste de l'ascension se fait au moyen d'échelles.

Plus le clocher s'élève au-dessus des toits, plus il s'écarte du style de la nef ; ainsi, tandis que les chapiteaux des deux étages inférieurs ressemblent à ceux de l'église et reposent sur des colonnes en délit, celles de l'étage supérieur, construites par assises, ont des chapiteaux du style plus avancé ; cet étage est celui qui ressemble le plus aux constructions du XIe siècle de l'abbaye de St-Étienne.

Malgré ces différences de détails, la portion romane de ce clocher présente beaucoup d'unité. Un caractère qu'il présente d'une manière frappante, mais que l'on peut remarquer dans toute l'église, c'est l'allongement et la maigreur des contreforts.

Le couronnement primitif du clocher était probablement de forme quadrangulaire ; car, pour élever la flèche octogone gothique qui existe maintenant, il fallut insérer dans les angles du clocher roman les trompes destinées à porter les faces secondaires de l'octogone et les clochetons qui les accompagnaient alors.

Source : Bulletin monumental, Volume 37 1871.

Localisation et informations générales

  • identifiant unique de la notice : 13746
  • item : Eglise
  • Localisation :
    • Basse-Normandie
    • Calvados
    • Secqueville-en-Bessin
  • Code INSEE commune : 14670
  • Code postal de la commune : 14740
  • Ordre dans la liste : 1
  • Nom commun de la construction :
    • La dénomination principale pour cette construction est : église
  • Etat :
    • L'état actuel de cette construction ne nous est pas connue.

Dates et époques

  • Périodes de construction :
    • Nous n'avons aucune informlation sur les périodes de constructions de cet édifice.
  • Date de protection : 1840 : classé MH
  • Date de versement : 1993/11/22

Construction, architecture et style

  • Materiaux:
    • non communiqué
  • Couverture :
    • non communiqué
  • Materiaux (de couverture) :
    • non communiqué
  • Autre a propos de la couverture :
    • non communiqué
  • Etages :
    • non communiqué
  • Escaliers :
    • non communiqué
  • Décoration de l'édifice :
    • non communiqué
  • Ornementation :
    • non communiqué
  • Typologie :
    • non communiqué
  • Plan :
    • non communiqué

Monument et histoire du lieu

  • Interêt de l'oeuvre : 18 04 1914 (J.O.).
  • Eléments protégés MH (Monument Historique) :
    • Notre base de données ne comprend aucun élément particulier qui fasse l'objet d'une protection.
  • Parties constituantes :
    • non communiqué
  • Parties constituantes étudiées :
    • non communiqué
  • Utilisation successives :
    • non communiqué

Autre

  • Divers :
    • Autre Information : propriété de la commune 1992
  • Détails : Eglise : classement par liste de 1840
  • Référence Mérimée : PA00111728

photo : Pascal-Jean Rebillat Photographies

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