Tour Vauban à Port-en-Bessin

Cette localité est l'une des stations de la Manche que les baigneurs fréquentent pendant la belle saison. Ce n'est-pas qu'elle vaille celles qui se trouvent placées entre la Seulles et l'Orne ; mais devant elle la mer est si belle, l'immensité est si imposante, que l'on comprend l'empressement des habitants de la Normandie à se rendre sur cette plage. On s'y baigne comme l'on veut, en tout temps ; et, pourvu que l'on soit. revêtu d'un costume décent, nulle trouve à redire à l'heure, au moment et au lieu que l'on choisi. La plage n'offre aucun danger, et c'est là un point essentiel à signaler. Elle a peu d'étendue, et ses menus galets, sur lesquels on marche sans trop de peine, rendent la mer toujours propre et limpide a la place où l'on se baigne.

Les moyens de transport pour se rendre a Port-en-Bessin sont les mêmes que ceux que l'on trouve pour aller à Arromanches. A la gare de Bayeux (chemin de fer de l'Ouest) stationnent des voitures qui, pour 1 fr. par personne, transportent les voyageurs à Port.

Les débris de constructions romaines retrouvées à Port-en-Bessin font, penser que ce territoire fut, dans les temps anciens, un lieu de débarquement. du XVe siècle, Louis de Harcourt, évêque de Bayeux, y fit creuser un bassin entouré de parapets et fermé par un pont à vannes dont on voit encore les restes. Plus tard, ces constructions furent négligées, puis abandonnées, et le petit port se trouva comblé. Cependant, après une longue suite d'années, de projets et de tentatives, cette commune. vient d'être dotée d'un port de refuge et de cabotage dont la construction, commencée en 1846 a été terminée en 1861.

Deux jetées, construites en granit et pourvues de parapets, s'avancent de chaque côté du village jusqu'à 400 mètres en pleine mer, et offrent une promenade des plus agréables qui permet aux baigneurs de jouir chaque jour du spectacle intéressant qu'offre l'entrée ou la sortie de toute une flottille de barques de pêches composée d'environ 60 voiles. L'avant-port est formé de deux rades foraines qui sont les meilleures et les plus sûres de la Manche. La plus grande a un fond de glaise sur laquelle les ancres ne lâchent jamais prise ; elle porte 14 brasses d'eau et se trouve à couvert des vents d'aval et d'amont. La petite rade, éloignée de 2 kilomètres au plus, n'est pas moins bonne que la précédente son fond est de sable dur, et elle est toujours abritée des vents d'aval.

En 1660, le maréchal de Vauban, visitant la cote, fit construire sur la colline de l'Est une tour ronde qu'on nomme le Castel, et auprès de, laquelle on a établi une batterie de deux pièces de canon. Plus tard, sur la colline de l'ouest, on éleva un petit fort qui est également armé de deux pièces : on le nomme la Galette de Huppain.

Malgré ses avantages naturels et sa position, le petit havre de Port était bien abandonné, lorsque, vers 1845, on eut la pensée de l'utiliser en profitant de ce qui avait déjà été fait. Malheureusement tout était à recommencer : c'était une oeuvre nouvelle à établir. Cependant les difficultés n'arrêtèrent personne, et les travaux qui ont été accomplis se maintiennent en bon état, grâce à leur parfaite exécution, malgré les coups de vent auxquels ils sont exposés.

Source : Guide pratique, historique et descriptif aux bains de mer de la Manche par Eugène d'Auriac 1866.