photo : Roi Dagobert
Sur la route de Pont-l'Évêque, à 9 kilomètres environ de Beuzeval, on rencontre un carrefour que bordent quelques maisons formant le hameau de Heuland. Ce hameau possède une croix de pierre à laquelle les gens du pays attribuent une origine très-ancienne, mais que M. de Caumont regarde comme appartenant à la deuxième moitié du XVIe siècle. De nombreuses légendes se rattachent à cette croix. S'il faut en croire une des plus accréditées, Rollon (la croix porte encore le nom de croix de Rollon ou de la Mare aux Pois), voulant montrer le respect que ses sujets professaient pour les lois qu'il leur avait imposées et prouver que dans son duché on ne voyait ni volé ni voleur, suspendait aux bras de la croix de Heuland des joyaux, des bracelets d'or et d'autres objets de valeur devant lesquels chacun passait sans y toucher.
Source : Itinéraire général de la Normandie par Adolphe Joanne 1866.
Euland conserve un grand souvenir de Rollon. Ce souvenir est une modeste croix de pierre, a laquelle, suivant les chroniqueurs, le conquérant de la Neustrie, après avoir établi l'ordre dans ses états, aurait suspendu des bracelets ou anneaux d'or que personne n'osait enlever, tant était grande la terreur qu'inspirait la sévérité de sa justice ! C'était comme une espèce de défi porté aux larrons: « Il avait, dit Dumoulin, la coustume de pendre des bagues et carquans d'or, aux petits anneaux de fer, attachez aux croix plantéez dans les chemins, pour apprendre aux passagers que le larcin n'estoit plus en usage dans sa province. Et si la fureur de nos prétendus réformez n'eust abbatu une croix de pierre près l'église du Saint Sépulchre à Caën, et une autre à la Mare-aux-Pois, l'on verrait encore les marques certaines de cette vérité ».
La croix de Heuland est-elle réellement contemporaine de Rollon ? Non, puisque d'après Dumoulin les protestants l'auraient renversée. Néanmoins un simple doute à cet égard est regardé comme une insulte par les gens du pays, qui ont, à cet égard, une foi d'autant plus robuste qu'ils ne sauraient en donner de raison.
Source : Essai historique sur Honfleur et l'arrondissement de Pont-L'Evêque par Augustin Labutte 1840.