photo : michel
Le village d'Allemagne , Alamannia ou Alemannia, sur la rive droite de l'Orne, près la route de Caen à Condé, avait jadis deux paroisses: Saint-Martin ou la Haute-Allemagne et Notre-Dame de la Basse-Allemagne, dont les cures étaient l'une et l'autre à la nomination de l'abbaye de Saint-Etienne de Caen.
Ces deux églises existent encore, mais l'église Notre-Dame de la Basse-Allemagne est celle où se fait habituellement l'office.
L'abbé De La rue rapporte, d'après le témoignage de Zozime, que vers l'an 406, les Alains ayant dévasté les parties de la Gaule déjà ravagées par les Saxons, s'établirent sur plusieurs points de ce pays, et qu'on donna le nom d'Alamannia à ces établissements ; il conclut de là que le village d'Allemagne pourrait avoir tiré son nom d'une colonie d'Alains ; cette conjecture me paraît tout-à-fait gratuite et dénuée de vraisemblance.
La partie du village qui avait la dénomination d'Allemagne-la-Haute, occupe le plateau qui domine le bassin de l'Orne, tout près de la ville de Caen, et se trouve contiguë au territoire de Vaucelles ; les carrières qu'on y exploite depuis longtemps sur le bord de la rivière fournissent des pierres à bâtir d'une qualité supérieure.
La nef de l'église d'Allemagne offre des murs en arêtes de poisson, mais elle est percée de fenêtres peu anciennes, les unes en ogive du XVIe ou du XVIIe siècle ; les autres carrées d'une époque plus moderne encore. La tour placée au centre est remarquable à l'extérieur par l'intersection des cintres ornés de zigzags qui décorent les fenêtres, je la crois du XIIe siècle ou de la fin du XIe.
A l'intérieur, elle est assise sur une base qui descend jusqu'au niveau du sol, et qui restreint singulièrement la communication de la nef avec le chœur.
Cette dernière partie de l'église est peut-être du XVIe siècle, et les chapelles de la croisée paraissent encore plus modernes.
La tour de l'église de la Haute-Allemagne a été gravée dans l'ouvrage de MM. Turner et Cotman, intitulé: Architectural Antiquities of Normandy.
L'église d'Allemagne-la-Basse, située au sud de la précédente, tire cette dénomination de la position moins élevée du terrain sur lequel elle est assise. La nef est romane, mais des fenêtres percées dans le mur méridional sont modernes, ainsi que le portail de l'ouest. Le chœur, fort court, appartient aussi au style roman ; la tour latérale, au nord, entre le chœur et la nef, paraît du même temps, mais la pyramide a quatre pans qui la surmonte est de l'époque ogivale; une sacristie a été récemment construite à l'extrémité du chœur.
Source : Statistique monumentale du Calvados par Arcisse M. de Caumont