Croix romane route de Feuguerolles à Saint-André

Il y avait autrefois à Feuguerolles trois croix la croix romane qui existe encore aujourd'hui, et qui, appelée quelquefois la Croix de la Bruyère, était le plus souvent nommée la Croix, sans qualificatif, ce qui indique qu'elle était la plus ancienne des trois la Croix boissée et la Croix de plomb.

La Croix romane se trouve actuellement placée sur un tertre, près de la route de Saint-André à Feuguerolles, à la sortie du pont du chemin de fer. Elle a 1 m. 80 de haut. On peut l'attribuer, semble-t-il, au XIe ou au XIIe siècle son manque complet d'ornementation, sa grossièreté, pourrait-on presque dire, ferait penser plutôt au XIe qu'au XIIe cependant la dureté des matériaux employés peut aussi expliquer son extrême simplicité.

La Croix romane ayant été renversée et brisée, la Société des Antiquaires de Normandie la fit relever en 1916. Elle n'occupe son emplacement actuel que depuis une soixantaine d'années nous n'avons pu déterminer l'endroit exact où elle se trouvait précédemment. Tout ce que l'on sait, c'est qu'elle fut déplacée au moment où la construction de la ligne de chemin de fer de Caen à Laval fit modifier, sur une centaine de mètres, le tracé de la route de Saint-André à Feuguerolles. La Croix se trouvait-elle sur le parcours du nouveau tracé, ou sur la partie de la route qui fut supprimée ? Nous n'avons pu l'établir.

En tout cas, son ancien emplacement était au plus à une centaine de mètres de l'emplacement actuel. Par qui et pour quoi fut-elle érigée ? On est réduit à ce sujet à de pures hypothèses.

  1. Première hypothèse. Au moyen-âge, les établissements religieux qui recevaient des biens en aumône les marquaient souvent de croix, qui servaient en même temps de limites.
    L'abbaye de Fontenay reçut des terres à Feuguerolles, dans la vallée de l'Orne, lors de sa fondation, peu avant 1050. Les prébendes de Missy, de Saint-Patrice et de Feuguerolles furent créées et dotées avant 1074. Adélaïde Haldup donna en 1066 à l'abbaye de Sainte-Trinité de Caen les terres qui constituèrent plus tard le fief l'Abbesse. Enfin, le patronage de Feuguerolles fut aumôné au prieuré du Plessis-Grimoult, vers 1150, par l'évêque de Bayeux, Philippe d'Harcourt. La Croix romane fut-elle destinée à perpétuer le souvenir d'une de ces donations ?
    La delle de dessous la Croix, qui formait une partie de la delle nommée au Cadastre la Roquette, comprenait au XVIe siècle un assez grand nombre de parcelles dont la contenance variait de 1 vergée (11 ares environ) à 6 vergées. Parmi celles-ci, et sans nous occuper de celles qui relevaient du fief Beuville, une demi-acre était tenue de la prébende de Missy, une acre de la prébende Saint-Patrice, sept pièces (2 de 1 vergée, 1 de 2 vergées, 3 de 1 acre et 1 de 6 vergées) relevaient du fief l'Abbesse. Faut-il donc attribuer la Croix romane soit à l'abbaye de Sainte-Trinité, soit à l'un des premiers chanoines de Missy ou de Saint-Patrice ? Si la Croix romane s'était élevée sur une partie de terre d'une étendue quelque peu importante relevant de l'un ou de l'autre de ces fiefs ecclésiastiques, cette hypothèse aurait eu pour elle toutes les vraisemblances. Mais elle devient beaucoup moins satisfaisante si l'on envisage la contenance minime des pièces de la delle de dessous la Croix. Cependant l'existence de la Croix s'expliquerait si la parcelle sur laquelle elle avait été érigée s'était trouvée être, malgré son peu d'étendue, le chef d'un des fiefs ecclésiastiques envisagés. Malheureusement, nous n'avons pu déterminer où se trouvaient les chefs des prébendes et du fief l'Abbesse.
  2. Deuxième hypothèse. La delle de dessous là Croix était voisine de la delle de dessous le Houx. Si cette dernière appellation rappelle vraiment (ce qui est, d'ailleurs, au moins douteux) l'existence sur la crète, à l'extrémité Est de la Bruyère, d'une idole druidique, on pourrait se demander si, ce qui n'est pas sans exemple, la Croix romane n'aurait pas été érigée pour remplacer cette idole druidique. Mais, dans ce cas, l'emplacement choisi pour la Croix aurait dû être, semble-t-il, le bord du plateau, et non l'extrémité inférieure de la pente.
  3. Troisième hypothèse. Des parcelles de la delle de dessous la Croix buttaient d'un bout sur la Brière et d'autre sur la Maladrerie. Nous connaissons très peu de choses sur la Maladrerie de Feuguerolles. Il est, cependant, permis de supposer que, comme tous les établissements de ce genre, elle comprenait un cimetière où les lépreux étaient inhumés. La Croix romane n'aurait-elle pas été la croix du cimetière des lépreux ? On peut faire deux objections à cette hypothèse la Maladrerie se trouvant à 250 mètres environ au Sud de l'emplacement actuel de la Croix, il faudrait supposer un premier déplacement qui aurait amené la Croix à la place qu'elle occupait avant 1860. D'autre part, la Maladrerie ne peut dater au plus tôt que de la fin du XIIe siècle, et la facture de la Croix semble annoncer une époque plus ancienne.
  4. Quatrième hypothèse. Peut-être existait-il au moyen- âge, en Normandie, la même coutume qui s'est perpétuée en Lorraine jusqu'à, nos jours, et qui consiste à élever une croix à l'endroit où, dans la campagne, un homme est mort de mort violente. Cette croix pourrait être, par exemple, le souvenir de la mort d'un des fuyards du Val des Dunes, qui aurait été atteint en cet endroit par les vainqueurs lancés à sa poursuite. A cette dernière hypothèse il ne manque qu'un texte sur lequel s'appuyer, c'est-à-dire tout.

En résumé, si aucune des hypothèses précédentes n'est absolument impossible, toutes se heurtent à des objections plus ou moins graves. Il nous faut renoncer à élucider l'origine de la Croix romane.

  • Titre : Bulletin de la Société des antiquaires de Normandie.
  • Auteur : Société des antiquaires de Normandie.
  • Éditeur : Le Brument
  • Date d'édition : 1860

Localisation et informations générales

  • identifiant unique de la notice : 12488
  • item : Croix romane route de Feuguerolles à Saint-André
  • Localisation :
    • Basse-Normandie
    • Calvados
    • Feuguerolles-Bully
  • Adresse : route de Feuguerolles à Saint-André
  • Code INSEE commune : 14266
  • Code postal de la commune : 14320
  • Ordre dans la liste : 1
  • Nom commun de la construction : 2 dénomiations sont utilisées pour définir cette construction :
    • croix de chemin
    • croix
  • Etat :
    • L'état actuel de cette construction ne nous est pas connue.

Dates et époques

  • Périodes de construction :
    • La construction date principalement de la période : 12e siècle
  • Date de protection : 1932/10/04 : inscrit MH
  • Date de versement : 1993/11/22

Construction, architecture et style

  • Materiaux:
    • non communiqué
  • Couverture :
    • non communiqué
  • Materiaux (de couverture) :
    • non communiqué
  • Autre a propos de la couverture :
    • non communiqué
  • Etages :
    • non communiqué
  • Escaliers :
    • non communiqué
  • Décoration de l'édifice :
    • non communiqué
  • Ornementation :
    • non communiqué
  • Typologie :
    • non communiqué
  • Plan :
    • non communiqué

Monument et histoire du lieu

  • Eléments protégés MH (Monument Historique) :
    • Notre base de données ne comprend aucun élément particulier qui fasse l'objet d'une protection.
  • Parties constituantes :
    • non communiqué
  • Parties constituantes étudiées :
    • non communiqué
  • Utilisation successives :
    • non communiqué

Autre

  • Divers :
    • Autre Information : propriété d'une personne privée 1992
  • Détails : Croix romane : inscription par arrêté du 4 octobre 1932
  • Référence Mérimée : PA00111334

photo : Roi Dagobert