Eglise de la Trinité

Note : Attention la citation de l'ouvrage "Recherches historiques sur Falaise" qui va suivre basée sur des publications plus anciennes encore (1686) et corrigé du vieux Français pour une lecture plus commode est fortement remise en question par d'autre auteurs plus "contemporains" et notamment par celui qui a rédigé la description de la ville de Falaise consultable en suivant ce Lien. Cette citation trouve toutefois toute son importance et sa place dans l'évolution historique et archéologique dans la mesure ou si tout n'a pas toujours été comme c'est aujourd'hui, tout ne sera pas forcement demains comme nous le pensons aujourd'hui. J'ai sélectionné ce passage en particulier pour sa saveur un peu décalée qui rompt un peu avec les traditionnelles description architecturales très classiques.

Recherches historiques sur Falaise

Mais revenons à notre ville (Falaise). C'est une vérité constante qu'elle a toujours été la plus forte de tout le pays , ayant un fort bon château dont toutes les pièces étaient autrefois exactement régulières, ses dehors très-bien fortifiés de bastions, cavaliers, fossés, glacis, basternes, dont nos modernes professeurs de mathématiques composent les plus régulières fortifications.

Les enfants de Noë s'étant trouvés enveloppés dans les ténèbres de l'idolâtrie, par les malheurs des temps, les Falaisiens prirent pour leur déesse et protectrice, Felé, ou Diane, sœur du Soleil, d'où ils furent nommés, comme nous avons dit, Falaisiens, et lui bâtirent un temple, selon la coutume des anciens, proche le château de leur ville, en forme ronde, qui devait être , à mon avis, l'église même qui maintenant est dédiée à l'adorable Trinité, ce dont j'ai trois fortes conjectures:.

• La première est tirée des anciennes coutumes que les païens observaient en bâtissant leurs temples. Ils commençaient par faire une fosse qu'ils nommaient la commixtion ou la commission, ou l'assemblage, et dans ce lieu ils jetaient de la terre des diverses provinces dont ils étaient venus, et qu'ils avaient apportée avec eux, et mettaient, avec cette terre, quelque chose des vivres dont ils usaient dans leur ancienne patrie, et ensuite ils recouvraient cette fosse; et proche de ce lieu, ils bâtissaient leurs temples et leurs châteaux, pour dire qu'ils mettaient leurs villes et leurs forts sous la protection, des dieux, et qu'ils les prenaient à témoins qu'ils étaient autant unis de cœur que les terres et les vivres qu'ils avaient jettes dans cette fosse étaient unis ensemble. Or, il est constant que l'on trouve encore aujourd'hui les marques de toute cette cérémonie, proche l'église de la Trinité, y ayant eu autrefois un fossé que la tradition, fait encore aujourd'hui appeler Fosse Couverte, de laquelle le château est fort proche. Et tout ce qu'on y voit de l'ancien bâtiment de la même église, est une forme qui approche beaucoup de la ronde.

• Je tire la seconde conjecture de l'Histoire profane qui nous apprend qu'il n'y avait presque point de bourg ni de village qui n'eût son temple et son idole d'où l'on doit, sans doute, juger que Falaise étant célèbre dans ce temps, devait avoir son temple et ses sacrifices. Et en effet, les modernes et les anciens historiens nous apprennent qu'on les faisait, en ce lieu, de fiel d'ours et de chat, choses consacrées à Diane, nommée Felé, ou Felis; et il est très-constant que l'on voit encore, maintenant (1686), sur les murailles de cette église, quelques vestiges ou hiéroglyphes de cette déesse, comme son croissant, et des figures du ciel, en la manière que les désignent les astrologues, par un carré divisible en douze parties, dont ils composent les douze maisons célestes, telles qu'on les voit encore aujourd'hui sur la vieille sacristie de la même église, qui faisait une partie de l'ancien corps du temple de la déesse Felé, et que l'on peut dire avoir été le lieu qui servait à la purification des prêtres, avant qu'ils s'appliquassent aux mystères de cette déesse.

• Enfin, la dernière conjecture se tire des archives de l'abbaye aux Dames de la Trinité de Caen, bâtie par le duc Guillaume le Conquérant. Dans ces archives on lit que la raison pour laquelle il dédia cette maison religieuse, sous le titre de l'auguste et adorable Trinité, c'est parce qu'il reçut la régénération spirituelle ou le saint Sacrement de baptême, dans l'église Sainte-Trinité de Falaise (l'année de sa naissance 1027).
  Or, je dis que du temps de la naissance du duc Guillaume , l'église de Saint Gervais n'existait pas encore, et que, par conséquent, l'église de la Trinité était la première église de cette ville. Car s'il y eût eu une église paroissiale où est maintenant l'église Saint-Gervais, sans doute qu'on y aurait fait baptiser, par préférence, le duc Guillaume , puisqu'elle aurait été beaucoup plus proche du lieu de sa naissance, qui est dans la place que l'on nomme maintenant de Saint-Gervais, que non pas l'église de la Trinité.

En effet, ce ne fut que sous le règne de ce duc, qu'on commença la bâtisse de l'église de Saint-Gervais, dans le lieu même où était sa chapelle ducale, près son palais, que chacun sait avoir été dans cette place, qui est devant le portail de Saint-Gervais; et les figures de ce duc , que l'on y voit, font encore assez connaître que c'était là le lieu de sa demeure.

C'est là tout ce que j'ai pu tirer des; ténèbres de l'antiquité, de vraisemblable sur cette matière; et je puis dire que je ne suis pas tellement attaché à cette opinion, que je ne la change volontiers, quand on m'aura fait connaître quelque chose de plus clair et de plus palpable sur ce sujet.

Source : Recherches historiques sur Falaise par Pierre Gilles Langevin 1814.

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