photo : Roi Dagobert
Je me suis trop longtemps attardé autour de ces nobles demeures, vestiges du brillant passé de la ville de Caen. Il faut s'arracher aux charmes de leurs souvenirs. Et cependant, combien n'y aurait-il pas encore à citer de luxueux hôtels ou de plus modestes maisons qui proclament bien haut le goût des propriétaires, l'habileté des architectes, le talent des décorateurs, les uns comme les autres artistes dans le sens le plus large du mot, et dont le nom a été injustement oublié.
Voici, au hasard, l'hôtel de Loraille, où la ville reçut le duc de Bourgogne en 1464 l'hôtel du Quesnay du Thon, avec ses toits gigantesques et ses belles lucarnes; l'hôtel Patrix, surchargé d'ornements riches mais lourds l'hôtel de Colomby, à l'aspect sévère ; cent maisons disséminées par toute la ville, avec leurs escaliers à vis dans des tourelles formant presque toujours encorbellement, et leurs élégantes sculptures aux huis, aux. fenêtres, aux frontons, lucarnes, aux gables, aux rampants : armoiries, chiffres, devises, Pinacles, vases de fleurs, têtes d'hommes ou d'animaux, enseignes de marchands, emblèmes de toute espèce ; et, tout là-bas, dans un faubourg perdu, le manoir du Pont-Créon, daté de 1599, avec sa belle porte d'entrée, son pavillon à toit pyramidal, son grand colombier, type achevé d'une agréable gentilhommière, à la fois maison de ville et maison de campagne.
Comme l'atteste la photo ci dessous, le Manoir a perdu de son élévation, le portail du XVIe cité ci avant par Émile Travers n'est plu qu'un vague souvenir sans consistance (réutilisation ?). On notera au passage la réouverture de certaines fenêtres.
On note dans le Bulletin de la Société des antiquaires de Normandie (T44 1936, page 414) :
M. le Dr Gosselin, conservateur des collections, annonce l'entrée dans notre musée :
Il ajoute que nos confrères, MM. Lapouza et Brisson, ont bien voulu donner à la Société deux fenêtres du manoir du Pont-Créon et les faire remonter dans la cour de notre musée.
M. le DP Gidon signale avec insistance l'intérêt qu'il y a à prendre des photographies des vieilles lucarnes caennaises qui, depuis quelques années, disparaissent de plus en plus rapidement.
L'Ouest Eclair (3/9/1939 numéro 15636) nous apprend qu'une blanchisserie se tenait autrefois dans ce manoir :
Un cycliste est renversé par une auto dont le conducteur prend la fuite
Se dirigeant vers le boulevard des Alliés, M. Ali Tameu, 42 ans, employés la Blanchisserie Normande, au manoir du Pont-Créon. descendait à bicyclette le boulevard Bertrand.
Il arrivait plage Gambetta lorsqu'à hauteur de la rue Daniel-Huet, il fut renversé par une auto qui lui coupa la route pour s'engager dans cette dernière rue.
Peu sérieusement atteint, le cycliste se releva rapidement, mais déjà la voiture qui l'avait tamponné, était partie, son conducteur ayant pris la fuite. M. Tameu ne put même pas relever le numéro d'immatriculation.
Le blessé, qui se plaint de douleurs dans les reins, s'est rendu au commissariat où il a signalé l'accident dont il venait d'être victime.