Eglise Saint-Martin

Sans entrer dans le détail d'une étude de toponymie, il n'est peut-être pourtant pas inutile de rappeler que Ygrande est la seule commune de France portant ce nom avec cette orthographe. Les Igrande, Eygurande, Yguirande ne manquent pas par ailleurs, dont les appellations dérivent également de l' « Iquerenda » sous lequel, dès 1095, était connu ce bourg bourbonnais. S'appuyant sur les études de Longnon, de C. Jullian, de Dauzat, de Thomas, un jeune archéologue d'Ygrande, M. Camille Gagnon, conclut, lui aussi, à la traduction par ruisseau frontière, « Iqua », à rapprocher de « aqua » ; « rand » correspondant au latin « fines », limites, frontières. Mais, si les autres Ygrande, ou homonymes, sont situés sur des cours d'eau, il est à signaler, dans ce cas particulier - en dehors du moindre ruisseau - que les eaux d'une source connue sous le nom de Grand - Font - qui faillit donner son nom au village, lorsqu'en 1846 on proposa Ygrande-la-Font et Ygrande-la-Flèche - s'écoulent vers le Bieudre, donc dans le bassin de l'Allier, tandis que, à l'autre extrémité de l'agglomération, vers le cimetière, les eaux sont entraînées vers le Cher. Il y a donc à Ygrande une ligne de partage des eaux qui justifierait son nom.

L'église Saint-Martin d'Ygrande (Classée parmi les monuments historiques en 1873) est une paroisse de l'ancien diocèse de Clermont, donnée au XIe siècle, par le sire de Bourbon, à l'évêque de Nevers ; elle relevait, au siècle suivant, du prieuré de Souvigny, qui la conserva jusqu'à la Révolution.

Cet édifice, de la seconde moitié du XIIe siècle, a été remanié au XIIIe siècle ; il est composé d'une nef de quatre travées, flanquée de bas-côtés et d'un transept légèrement saillant, sur lequel ouvre une abside en hémicycle. Deux petites pièces, terminées à l'est en segment de cercle, flanquaient jadis cette abside, avec laquelle elles communiquaient ; celle du nord, qui a été très remaniée à l'époque moderne, et dont il ne subsiste que des vestiges, a maintenant accès sur le transept ; celle du sud a été démolie lors de la construction de la sacristie actuelle.

On trouve en Berry et dans la partie occidentale du département de l'Allier, à la Chapelaude, à Domérat, à Huriel, à Saint-Désiré, à Saint-Pierre de Montluçon. des petites chapelles ou sacristies flanquant l'abside, mais tous ces édifices, à la différence d'Ygrande, présentent des absidioles ouvrant sur les croisillons, de sorte que les petites sacristies sont logées entre ces absidioles et le choeur.

Plan de l'église d'Ygrande

Intérieur

Une très courte travée, voûtée en berceau, précède le cul-de-four de l'abside. La croisée, limitée par quatre arcs brisés, est couverte d'une coupole reposant sur des trompes coniques, ornées d'un masque à la pointe. L'arc triomphal est adouci d'un tore à chacun de ses angles, et une fenêtre est percée dans le mur qui l'extradosse, ainsi que dans celui du sud, au-dessus du bras méridional du transept.

Le berceau brisé qui couvre la nef est établi à un niveau très supérieur à celui des arcs de la croisée ; il a été lancé postérieurement à la construction de l'édifice, ainsi qu'en témoignent le doubleau retombant sur des corbeaux, qui est simplement plaqué contre la face ouest de Génermont de l'arc triomphal, et les autres doubleaux de la voûte établis en retrait des chapiteaux qui couronnent les colonnes montant contre les piles. Ces piles sont cruciformes, cantonnées de colonnes, sauf du côté des collatéraux ; des feuilles plates et des crochets de feuillages décorent les corbeilles des chapiteaux ; les bases présentent un tore aplati à griffes d'angle, surmonté d'une scotie parfois garnie de dents d'engrenage.

Les grandes arcades sont brisées ; quant aux collatéraux, ils sont couverts de voûtes d'arêtes, à l'exception de deux travées orientales du collatéral nord qui ont reçu des croisées d'ogives à la fin de la période gothique. Des doubleaux brisés sont bandés entre les piles et les colonnes sur dosserets montés contre les murs gouttereaux. Les voûtes de ces bas-côtés sont trop élevées pour que l'éclairage direct du vaisseau central ait pu être pratiqué. La lumière est donnée par les petites fenêtres en plein cintre des bas-côtés, aux piédroits munis de colonnettes à chapiteaux de feuillages.

Extérieur

Le portail occidental, percé, est encadré d'un avant-corps surmonté d'un glacis dont la corniche repose sur des modifions à masques ou à copeaux. Le tympan plein est surmonté de quatre voussures en demi-cercle, entourées d'une archivolte de palmettes et reçues par des colonnettes. Au-dessus de cette porte sont une fenêtre en plein cintre et, de chaque côté, une baie de même tracé, au cintre encadré d'un cordon de billettes qui épouse les contreforts d'angle de la façade et se poursuit le long des murs latéraux, couronnés d'une corniche à modillons à copeaux.

Le portail latéral sud, surmonté d'un gable moderne, présente un cintre surbaissé entouré de quatre voussures émoussées d'un tore ; elle est dépourvue de tympan ; sur les bases et les chapiteaux des colonnettes de l'ébrasement on voit sculptés des oves, des damiers, des étoiles en creux.

Le clocher octogonal s'élève sur la croisée du transept ; il comprend un premier étage d'arcades aveugles en plein cintre, recoupées par des colonnettes, et un second étage percé de baies, avec colonnette jumelle centrale. Il fut couronné, au XIVe siècle, d'une très belle flèche de pierre, à huit pans, la plus haute de la région, garnie de boudins sur les angles et élevée en assises régulières formant larmier ; elle se raccorde par des glacis d'angle au plan carré du clocher. Cette flèche comprend soixante-douze assises de 0m29 de hauteur, ce qui donne an total de 20m88 ; les panneaux triangulaires de chaque octogone ont 2m35 à la base et les boudins d'arête font 0m14 de diamètre. L'épaisseur des assises est de 0m165 à leur base et de 0m14 à leur sommet, ce qui, avec un fruit extérieur de 0m04 et un rétrécissement intérieur d'un centimètre et demi, donne l'angle d'acuité de cette flèche, une des plus élancées de la région, qui en comporte d'ailleurs plusieurs autres, de lignes aussi gracieuses : le Theil, la Féline, Buxières, Saulcet, sans parler de celles qui ont été tronquées comme à Sénat, à Charroux ou à Vicq et de celles qui ont complètement disparu, comme à Souvigny, dont les deux clochers se terminaient par des flèches analogues de 16 à 17 mètres de hauteur.

Clocher avant et après travaux sur l'église d'YgrandeEn raison de sa situation particulièrement exposée, le clocher d'Ygrande a souffert maintes fois des intempéries : le 4 juillet 1919, par deux fois, il était frappé de la foudre. Dans la nuit du 22 au 23 février 1935, à la suite d'un violent ouragan, les assises supérieures furent déplacées de près de 10 centimètres, le vent ayant eu prise sur la surface développée, relativement grande, de la croix terminale en fer forgé. La remise en place, assez délicate, de ces assises faisant corps avec la base encastrée de la croix - qui n'eut pas à être déposée - fut effectuée par le Service des Monuments historiques ; on en profita pour diminuer la surface de la croix, par la suppression de certains ornements décoratifs, et pour exécuter en ciment armé une ceinture de ce sommet soumis aux fréquents coups de la foudre ou aux fortes pressions du vent.

A l'intérieur du clocher, des marques d'appareilleurs en forme d'X, Y H Δ III sont visibles. De plus, à la base de l'étage inférieur sont encastrés extérieurement des fragments de sculptures à entrelacs et à rosaces qui rappellent, ceux qui furent utilisés de même façon à l'église de Colombier et qui paraissent dater de l'époque carolingienne.

Bibliographie

  • Clément (chanoine), Inventaire archéologique du canton de Bourbon, p. 155.
  • Grégoire (Camille), L'ancien canton d'Ygrande sous la Révolution, Moulins, 1893.
  • Gagnon (Camille), Ygrande, énigme bourbonnaise, dans Bulletin, de la Société d'émulation du Bourbonnais, 1928, p. 46. Du même. Ygrande, marche bourbonnaise, dans même Bulletin, 1931, p. 8.
  • Génermont (Marcel) et Pradel (Pierre), Les églises de France. Allier, Paris, Letouzey, 1938, p. 302.

Source : Congrès archéologique de France par la Société française pour la conservation des monuments historiques, notice de Monsieur Marcel GÉNERMONT

L'église Saint-Martin de Ygrande se compose d'une nef avec collatéraux et transepts peu saillants, d'une abside centrale et d'une absidiole nord mutilée. L'absidiole sud a été détruite et la sacristie a été édifiée à son emplacement. Cette église semble appartenir au style roman dans la majeure partie de sa construction. L'influence du style de transition se manifeste à l'intérieur par la disposition des arcs de la nef et des bas-côtés.(Source ministère de la culture)

Localisation et informations générales

  • identifiant unique de la notice : 4005
  • item : Eglise Saint-Martin
  • Localisation :
    • Auvergne
    • Ygrande
  • Code INSEE commune : 3320
  • Code postal de la commune : 03160
  • Ordre dans la liste : 2
  • Nom commun de la construction :
    • La dénomination principale pour cette construction est : église
  • Etat :
    • L'état actuel de cette construction ne nous est pas connue.

Dates et époques

  • Périodes de construction :
    • La construction date principalement de la période : 12e siècle
  • Date de protection : 1875 : classé MH
  • Date de versement : 1993/08/27

Construction, architecture et style

  • Materiaux:
    • non communiqué
  • Couverture :
    • non communiqué
  • Materiaux (de couverture) :
    • non communiqué
  • Autre a propos de la couverture :
    • non communiqué
  • Etages :
    • non communiqué
  • Escaliers :
    • non communiqué
  • Décoration de l'édifice :
    • non communiqué
  • Ornementation :
    • non communiqué
  • Typologie :
    • non communiqué
  • Plan :
    • non communiqué

Monument et histoire du lieu

  • Interêt de l'oeuvre : 18 04 1914 (J.O.).
  • Eléments protégés MH (Monument Historique) :
    • Notre base de données ne comprend aucun élément particulier qui fasse l'objet d'une protection.
  • Parties constituantes :
    • non communiqué
  • Parties constituantes étudiées :
    • non communiqué
  • Utilisation successives :
    • non communiqué

Autre

  • Divers :
    • Autre Information : propriété de la commune 1992
  • Détails : Eglise : classement par liste de 1875
  • Référence Mérimée : PA00093375

photo : Pascal-Jean Rebillat Photographies

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