Ancien château des ducs de Bourbon

Le Voyage pittoresque est précédé d'une longue introduction, dans laquelle M. Batissier traite des mœurs, des costumes, des superstitions, des antiquités, de la langue, des chants populaires, et du droit coutumier du pays. Le récit des événements dont chaque localité a été le théâtre, et la description des sites les plus pittoresques, viennent ensuite. Nous avons pensé qu'on lirait avec intérêt un court fragment de l'histoire de Moulins, qui a été presque toujours la capitale du Bourbonnais.

« Les ducs de Bourbon avaient des possessions si étendues, et leur influence dans les affaires du royaume était si grande, que Louis XI n'hésita pas à donner sa fille, Anne de France, en mariage au sire de Beaujeu. Quand cette princesse, devenue duchesse de Bourbon, arriva à Moulins, elle fut accueillie avec enthousiasme et avec les fêtes les plus brillantes. Les historiens ne nous ont conservé aucun détail sur les cérémonies de son entrée ; mais un poète galant, qui a écrit tout un poème en l'honneur de la fille de Louis XI, n'a pas oublié l'arrivée de son héroïne dans la capitale du duché ; après l'avoir comparée à Scipion, à Annibal, à César, à Judith, a Arthémise, à tous les guerriers et à toutes les femmes illustres de l'antiquité, après nous l'avoir montrée les surpassant tous en courage et en vertu, il ajoute:

Pour son entrée à Molins
Trois triumphes y avoit seurement,
Tous pleins de très beaux musequins,
Et parés très richement,
Qui parloient honnestement,
Et prioient Dieu de paradis
Qu'il lui donnast un très beau fils.

On luy fit de très beaux présent
De licornes et de griffons,
Et aussi de grands cerfs-volans,
Et de truchements qui étoient bons;
Et pour parer tretous ces dons,
Dessus avoit six belles filles
Prophétisant comme sybilles.

Il y eut maint autre mystère,
A chacun quarré de la rue
Qui serait trop long a retraire,
Car trois cents ans ne fut venue
Où fut si belle chose vue,
Ni de si beaux esbattemens
Ni de si riches habillemens.

Possesseurs d'immenses richesses, les ducs de Bourbon embellirent à l'envi la capitale de leur duché, pendant les longs séjours qu'ils y firent. Ils y donnaient de grandes fêtes, auxquelles assistaient les plus braves chevaliers des plus nobles maisons de la France. Toutefois, la plus mémorable de ces fêles est celle que le connétable, Charles de Bourbon, donna pour le baptême de son fils. Marillac nous en a laissé une description pleine de charme et de vérité.

« Madicte dame, sa femme, dit-il, accoucha (le 17 juillet 1317) d'un fils qui fut le très-bien venu, comme celuy qui estoit désiré ; de quoy toute sa maison et subjets de ses païs furent merveilleusement resjouys et en feirent partout les feux dejoye, car en ladicte maison de Bourbon n'y avoit point eu de fils, depuis les enfans du duc Charles le premier, quatre-vingts ans avoit. De quelle chose mondit Seigneur feit advertir le roy par un des plus apparents de ses gentilshommes, suppliant le roy de le vouloir tenir aux fonts de la baptesme, ce que le Roy accorda libéralement, et manda à mondit sieur, que pour ceste cause il seroit à Moulins le plus tost que possible luy seroit, ce qu'il ne faillit de faire, arrivant à Moulins au mois d'octobre ensuivant, à la venue duquel, mondit Seigneur feit aller au devant de luy plusieurs bandes de genlilhommes, les uns habillez à l'Albanoise, les autres à l'Espaignole : autres armez et bardez, lesquels sur le chemin du Roy, et pour luy donner plaisir, vindrent rompre lances et faire bonhourdis en foulle comme à la guerre, que le Roy trouva fort beau, et le print bien en gré, et après qu'il fut arrivé à Moulins, fut le baplisement faict du petit sieur, qui comme l'aisné de la maison, porta le tiltre de comte de Clermont, et le nomma le Roy par son nom, François, et fut baptisé par Monsieur l'Évesquc de Lisieux, qui estoit venu avec le Roy, en présence de plusieurs autres Évesques et Abbés dedans la chapelle du chasteau de Moulins, moult richement parée et aornée, et fut marreine madicte dame Anne de France, sa grand'mère : et ce faict, et le Roy fut mené etaccompaigné par mondit sieur en son eschaffaut sur les Lices, en la rue d'Allier, audit Moulins, là où il veil courir à la jouste de fer csmoulu, et haut appareil; lesquelles joustes, mondit sieur avoit faict dresser comme dignes de la présence du Roy, où il y eust plusieurs belles courses, force lances bien courues et rompues, et beaux coups donnez et receupz, et duraient lesdicles joustes, ensemble les combats à cheval et à pied, l'espace de douze ou quinze jours, le tout ès despens de mondit sieur de Bourbon. Quant aux tenans et aydes, ilz estoient fort richement accoustrez : et lesdictes joustes, tournois et combats finis, le Roy s'en retourna : et mondit sieur après l'avoir convoyé, s'en revint en sondit chastel de Moulins... »

Ce récit de Marillac nous donne une grande idée sans doute de la somptuosité de cette solennité chevaleresque, et cependant il oublie certains détails que Brantôme n'a pas manqué de recueillir. Le baptême, à ce que rapporte ce dernier, fut si superbe, « qu'un roi de France eust esté bien empesché d'en faire un pareil, tant pour la grande abondance des vivres que pour les tournois, mascarades, danses et assemblées de gentilshommes ; car il s'y en trouva un fort grand nombre. Il y en avoit cinq cents habillés tous de velours, que tout le monde ne portoit pas en ce temps-là, et chascun une chaisne d'or au col, faisant trois tours, qui estoil pour lors une grande parade et signe de noblesse et richesse; le roi François luy en porta force envie (au connétable). » Ajoutons que les appartements du château et les estrades étaient décorés des plus précieuses tentures. La place des Lices elle-même était entourée d'échafauds dressés pour les tournois, d'où le peuple et la cour voyaient les joules, et la galerie préparée pour le roi et sa suite, était recouverte de drap d'or. Les empereurs romains qui venaient assister aux combats de gladiateurs ou aux courses de chars, dans leurs gigantesques amphithéâtres, n'avaient pas déployé un luxe plus grandiose que Charles de Bourbon. Tout était fêtes et joies dans Moulins; on y était accouru de toutes les provinces voisines. Le duc de Bourbon avait reçu dans les vastes appartements de son château ducal, le roi, les grands seigneurs et leur suite : pour le peuple, il campait sous des tentes, hors de la ville. Toutes ces fêtes pourtant, toutes ces prodigalités étaient faites en l'honneur d'un enfant, héritier d'un grand nom, être faible et chétif, que la mort devait enlever bientôt aux plus brillantes destinées. C'est en vain que l'illustre guerrier sans peur es sans reproche, que Bayard l'avait sacré chevalier dans les bras de sa nourrice ; avait mis, au lieu d'un jouet, dans les mains débiles de cet enfant, sa lourde épée, si meurtrière et si terrible pour les ennemis de la France. La mort ne laissa pas le temps à cette jeune fleur de chevalerie de s'épanouir. Deux ans après ces fêtes, l'enfant avait quitté le doux sommeil de son berceau doré pour le sommeil de l'éternité. De cette époque, le mot espérance ne devait plus être la devise de la maison de Bourbon.

Source : L'Artiste journal de la littérature et des beaux-arts 1839

Fragments

Moulins a été plusieurs fois désolé par la peste ; celle de 1547 y fit de tels ravages, qu'il fut question de transférer les tribunaux à Souvigny. Le choléra l'a épargné en 1832 et n'y a fait qu'une très-courte apparition en 1849. Un incendie désola cette ville en 1755 et y ruina le magnifique château des ducs de de Bourbon (Petite géographie du département de l'Allier par L. J. Alary 1851).

Parmi les édifices, on remarque la cathédrale de Notre-Dame, qui est inachevée ; l'église du lycée (autrefois de la Visitation), qui renferme le beau mausolée élevé au dernier duc de Montmorency, décapité sous Louis XIII; le château, ancien palais des ducs de Bourbon, dont il ne reste plus qu'une tour et un corps de logis servant de caserne à la gendarmerie ; la tour de l'Horloge, l'hôtel de ville, etc. (Géographie universelle de Malte-Brun par Conrad Malte-Brun etThéophile Sébastien Lavallé 1855)

Les restes du château on été affectés a l'usage de prison (CPA)

Localisation et informations générales

  • identifiant unique de la notice : 3618
  • item : Ancien château des ducs de Bourbon
  • Localisation :
    • 03
    • Moulins
  • Code INSEE commune : 3190
  • Code postal de la commune : 03000
  • Ordre dans la liste : 2
  • Nom commun de la construction :
    • La dénomination principale pour cette construction est : château
  • Etat :
    • Etat courrant du monument : vestiges (suceptible à changement)

Dates et époques

  • Périodes de construction : 4 différentes époques marquent l'histoire du lieu.
    • 14e siècle
    • 2e quart 14e siècle
    • 15e siècle
    • 4e quart 15e siècle
  • Années :
    • 1340
    • 1488
  • Date de protection : 1875 : classé MH

Construction, architecture et style

  • Materiaux:
    • non communiqué
  • Couverture :
    • non communiqué
  • Materiaux (de couverture) :
    • non communiqué
  • Autre a propos de la couverture :
    • non communiqué
  • Etages :
    • non communiqué
  • Escaliers :
    • non communiqué
  • Décoration de l'édifice :
    • non communiqué
  • Ornementation :
    • non communiqué
  • Typologie :
    • non communiqué
  • Plan :
    • non communiqué

Monument et histoire du lieu

  • Eléments protégés MH (Monument Historique) :
    • Notre base de données ne comprend aucun élément particulier qui fasse l'objet d'une protection.
  • Parties constituantes :
    • non communiqué
  • Parties constituantes étudiées :
    • non communiqué
  • Utilisation successives : Cette construction a été affectée a différents usages au fil du temps. Nous lui connaissons 2 usages successifs :
    • agence des bâtiments de france
    • prison

Autre

  • Divers :
    • Autre Information : propriété de l'etat les restes du château : classement par liste de 1875 1992 type propriété de l'etat les restes du château : classement par liste de 1875 1992
  • Observations : 18 04 1914 (J.O.)
  • Référence Mérimée : PA00093190

photo : P_J_reb

photo : Pascal-Jean Rebillat Photographies

photo : Pascal-Jean Rebillat Photographies

photo : Pascal-Jean Rebillat Photographies

photo : Pascal-Jean Rebillat Photographies

photo : Pascal-Jean Rebillat Photographies

photo : Pascal-Jean Rebillat Photographies

photo : Pascal-Jean Rebillat Photographies

photo : Pascal-Jean Rebillat Photographies

photo : Pascal-Jean Rebillat Photographies

photo : Pascal-Jean Rebillat Photographies

photo : Pascal-Jean Rebillat Photographies

photo : Pascal-Jean Rebillat Photographies

photo : Pascal-Jean Rebillat Photographies

photo : Pascal-Jean Rebillat Photographies

photo : Pascal-Jean Rebillat Photographies

photo : Pascal-Jean Rebillat Photographies

photo : Pascal-Jean Rebillat Photographies

photo : Pascal-Jean Rebillat Photographies

photo : Pascal-Jean Rebillat Photographies

photo : Pascal-Jean Rebillat Photographies

photo : Pascal-Jean Rebillat Photographies

photo : Pascal-Jean Rebillat Photographies

photo : Pascal-Jean Rebillat Photographies

photo : Pascal-Jean Rebillat Photographies

photo : Pascal-Jean Rebillat Photographies

photo : Pascal-Jean Rebillat Photographies

photo : Pascal-Jean Rebillat Photographies

photo : Pascal-Jean Rebillat Photographies

photo : Pascal-Jean Rebillat Photographies

photo : Pascal-Jean Rebillat Photographies

photo : Pascal-Jean Rebillat Photographies

photo : Pascal-Jean Rebillat Photographies

photo : Pascal-Jean Rebillat Photographies

photo : Pascal-Jean Rebillat Photographies

photo : Pascal-Jean Rebillat Photographies