Eglise Saint-Laurent

Le bourg de Deux-Chaises vient après celui de Cressanges dans l'ordre d'importance ; mais il ne nous offre aucun objet digne d'être cité. Il n'en est pas ainsi du bourg de Châtel-de-Neuvre, le dernier que nous ayons à mentionner dans le canton du Montet. Jean Ferault-d'Aignet, dans sa Topographie du Bourbonnais, ouvrage resté manuscrit, et le géographe Picolai, avancent que de Monestay à Châtel-le-Neuvre, il est aisé de reconnaître des traces d'existence d'une importante ville. On peut affirmer au moins que sur tout le versant de la colline qui s'étend de l'un à l'autre lieu, on a trouvé des débris d'antiquité, comme briques romaines, tuiles, poteries, ustensiles en bronze ; enfin tout ce qui rappelle le séjour des légions que l'antique reine du monde entretint dans les gaules. A Monestay, il existait autrefois un prieuré qui datait apparemment des premiers temps du christianisme ; car on a longtemps mis à découvert au milieu des magnifiques vignobles qui garnissent ce coteau, des sépultures en pierre qui appartiennent à cette époque reculée.

Quant à Châtel-de-Neuvre, Nicolaï dit textuellement: « Sur le mont, il y a apparence de quelques antiquités, tant par une vieille motte qui y est que par quelques anciens fragments de murailles qui s'y trouvent. Même à la porte de l'église, il y a un très-ancien chapiteau d'ordre corinthien fait du temps des Romains ; et plusieurs écrivains pensent que ce lieu s'appelle Châtel-de-Neuvre, par un mot corrompu de Château-d'Honneur, lequel César en ses Commentaires, appelle Castrum Honoris ». L'aspect des lieux, sans confirmer précisément les conjectures de Nicolaï, les appuie du moins de certains témoignages matériels : ainsi l'on voit à Châtel-de-Neuvre une cuve baptismale revêtue à l'intérieur d'un véritable béton romain, et qui forme aujourd'hui le pied d'une croix. Une seconde cuve en marbre a été trouvée près de l'église ; et là aussi le terrain raviné a offert des monceaux de briques, de tuiles, de poteries et des fragments de marbres divers.

L'église de Châtel-de-Neuvre, bâtie sur un mamelon qui s'avance au-dessus du cours de l'Allier, est un édifice du plus ancien style roman : on peut la considérer comme le type de l'architecture religieuse du X^e siècle en Bourbonnais et en Auvergne. La sévérité est le caractère de ce monument comme de tous ceux de la même époque : le portail n'offre aucun ornement ; l'intérieur se compose d'une nef étroite, allongée, basse, et de deux collatéraux présentant les mêmes dispositions. Les arceaux de la nef, d'un cintre bien régulier, retombent sur de simples impostes sans moulures, qui couronnent des piliers carrés. Les bas-côtés sont voûtés en demi-berceau. Les fenêtres, cintrées, évasées en dedans et fort petites, ne laissent pénétrer dans l'église qu'une faible lumière : il y règne cette demi-obscurité mystérieuse qui porte l'âme à la méditation et à la prière.

Source : La Loire historique, pittoresque et biographique par Georges Touchard-Lafosse 1851.

Selon la coutume, cet édifice aurait été bâti à l'emplacement d'un temple antique. Trois fragments de cippes gallo-romains montrant des têtes de personnages sont incrustés dans les murs, deux sur la façade à l'ouest et le troisième sur le transept méridional. La nef, du XI^e siècle, de quatre travées est couverte par un berceau recoupé par un seul doubleau. Les collatéraux sont voûtés en quart de cercle. La partie orientale, du XII^e siècle, comprend la croisée avec petite coupole sur trompes et trois absidioles circulaires.

Au XV^e siècle, une chapelle est ajoutée au bras nord du transept, et une à la dernière travée du collatéral sud. Le tympan de la porte occidentale a été supprimé. Le clocher carré est percé sur chaque face d'une baie jumelle avec deux colonnettes. Traces de copeaux et de figures géométriques sur les modillons de l'entablement. Il s'agit sans doute d'une des plus anciennes églises du département.

Source : Ministère de la Culture.