Château de Condé

Histoire très riche dès le XIIe siècle : tour à tour demeure des Montmirail, Coucy, Bar, Bourbon-Vendôme, Bourbon-Condé, Bourbon-Soissons, Savoie-Carignan ...

Lieu qui vit naître le titre de Prince de Condé, porté par Louis Ier de Bourbon, chef du parti protestant, prince du sang et oncle du futur Henri IV.

Source : Bourbon-Soissons

Notice sur la Principauté de Condé-en-Brie d'après les pièces de la Principauté de Condé-eu-Brie.

Les géographes et les historiens (Anselme, La Martinière, Moreri, et, de notre temps, Lebas, l'Encyclopédie Didot, etc., etc.), après avoir énuméré ce que l'on trouve de remarquable à Condé-en-Hainaut, ajoutent :

« Mais la ville de Condé est devenue bien plus célèbre pour avoir donné son nom à plusieurs héros de la royale maison de Bourbon. »

L'objet de notre Notice est de détruire cette vieille erreur, répétée encore de nos jours par nos historiens les plus sérieux, et de montrer que l'illustre Maison de Condé tire son nom de Condé-en-Brie, près de Château-Thierry.

Donnons d'abord une rapide analyse des premiers seigneurs de Condé-en-Brie.

Le bienheureux Jean de Montmirail, avant de se faire pauvre moine de Longpont, avait été un brillant chevalier de la cour du roi Philippe-Auguste. Jeune, noble et riche, il avait épousé la belle Helvide de Dampière, dont il eut plusieurs enfants.

Jean de Montmirail était vicomte de Meaux, seigneur de La Ferté-sous-Jouarre et de Condé. Sa fille Marie épousa celui que les historiens nomment le grand Enguerand, sire de Coucy. Ce seigneur ajouta à ces titres celui de seigneur de Condé-en-Brie.

Enguerand IV, fils du grand Enguerand et de Marie de Montmirail, affectionnait surtout la seigneurie de Condé. Au dernier siècle, on lisait encore sur sa tombe, à Longpont : « Cy gist Monseigneur Enjoran de Coucy, sire de Marle, La Fère, Montmirel, Tresmes, Condé-en-Brie, et vicomte de Meaux, qui trépassa l'an de grace mil trois cents unze, le vingtiesme ior du moys de mars ».

La dernière de cette illustre Maison de Coucy, héritière de Condé et Montmirail, porta en dot à Henri de Bar le reste des biens qu'elle n'avait pas vendus à Louis d'Orléans, frère du roi Charles VI (1400).

Les biens des Coucy, disent les généalogistes, passèrent dans la maison de Bar, puis dans celle de Luxembourg, et enfin dans la Maison royale de Bourbon.

Il résulte de ce simple énoncé que Condé-en-Brie appartenait à Louis de Luxembourg, et que c'est par sa fille Marie, qu'il entra dans la maison de Bourbon.

Une charte de 1476, qui indique Louis de Lenoncourt, chambellan de Louis XI, comme seigneur de Condé-en-Brie, semble jeter une certaine incertitude au milieu de nos précédentes assertions. Mais cette date de 1476 explique tout. Louis XI venait de faire décapiter ce pauvre Luxembourg, de confisquer ses biens et de les donner a des favoris.

Ce n'est que par une déclaration du roi Charles VIII, donnée à Ancenis, en juillet 1487, que les deux orphelines de Luxembourg purent rentrer dans les biens de leur père. Six semaines plus tard, Marie de Luxembourg épousa François de Bourbon, père du premier prince de Condé, créateur de notre principauté.

Bien que les puissants seigneurs de Coucy se soient parés du titre de seigneurs de Condé-en-Brie, Condé n'était qu'un simple fief noble, ayant haute, moyenne et basse justice.

Lorsque Antoine de Bourbon, l'aîné de notre prince de Condé, eût épousé Jeanne d'Albret, reine de Navarre, Louis de Bourbon se fit appeler Monsieur le Prince.

Jusque là, les amis des Bourbons les nommaient les princes du sang, les descendants de nos rois ; mais d'autres se moquaient de ces prétentions vaniteuses, et Tavanes, leur contemporain, leur décochait les traits suivants :

« Le nom de Prince est donné à ceux qui sont issus des roys ; cette qualité est maintenue ou perdue selon la fortune ou courage de ceux qui la possèdent … Plusieurs qui sont sortis de race royale sont maintenant laboureurs … Plusieurs qui sont en France sont déchus de ce rang de princes, encore qu'ils soient issus de la seconde lignée par Loys le Gros, roy de France. Le nom de Prince n'est receu au Levant, en Pologne ny en Espaigne, c'est un titre, en beaucoup de personnes, appreuvé par fantaisie et voix populaire. »

Un siècle plus tard, alors que les Bourbons étaient arrivés au trône de France, Saint-Simon écrivait dans ses Mémoires (Tome IV, chapitre XXXI, il ajoute : « Rien n'égale la promptitude des Français à se soumettre aux prétentions … comme ce titre ne donnait ni rang ni avantage à ce prince, le roi laissa dire et faire » ) : « Que jamais on n'avait ouï parlé de ce nom de Prince avant que les menées de la maison de Lorraine contre le sang royal eussent fait prendre les armes aux Huguenots. Le Prince de Condé se fit leur chef … En parlant de lui, le parti s'accoutuma à le nommer Monsieur le Prince. Cet usage prévalu si bien, tant une fois établi, ils ont de force sur la multitude, qu'après la bataille de Jarnac, son fils fut appelé par le parti, Monsieur le Prince. »

Le nom de Prince de Condé, d'après toutes nos recherches, est un véritable nom de fantaisie. La proximité d'Enghien et de Condé-en-Hainaut a seule jeté les historiens dans l'erreur que nous signalons aujourd'hui.

Le 15 novembre 1550, Louis de Bourbon, âgé de vingt ans, épousa la fille du seigneur de Buzancy et Muret près de Soissons, Éléonore de Roye, âgée de quinze ans. Louis de Bourbon était alors catholique. Sa sœur Catherine, toute jeune encore, était déjà abbesse de Notre-Dame de Soissons.

Bien que notre pays fût proche du diocèse de Meaux, premier foyer du protestantisme dans nos contrées, la nouvelle croyance n'avait pas encore pénétré dans le gouvernement de Château-Thierry.

« Cependant en 1546, dit Théodore de Bèze, Pouillot, natif de Normandie, établi à Meaux, vint se retirer à Fère-en-Tardenois, où il amena plusieurs âmes à la connaissance du salut ».

Nos villages de Saponay, Bézu-Saint-Germain, Mareuil-en-Dôle, Vilhomée, Baulne près de Condé, comptèrent bientôt un certain nombre de Huguenots.

Ce que nous appelons, improprement peut-être, les guerres de religion, allaient commencer dans notre pays (Davila, qui avait été dans l'intimité de la plupart des agitateurs de cette triste époque, dit : « Gli interesi et odii privati si coprono col velame di rilegione, e si dividono i signori in due fationi catolica ed ugonota. »). Notre prince de Condé fût choisi comme chef par les mécontents. On sait que les Guises se posèrent en défenseurs de la religion catholique.

Le peuple, excité par l'un et l'autre parti, se porta à de terribles excès. Cependant bien des gens se mettaient, ou plutôt cherchaient à se mettre à l'écart de ces fatales luttes ; un bon curé de Cœuvres, dont la mémoire doit nous être chère pour la peine qu'il a prise de nous retracer jour par jour, l'époque de si triste souvenir de septembre 1567 à janvier 1568, quatre mois pendant lesquels notre pays fut en proie aux dévastations de l'armée du prince de Condé, depuis Château-Thierry jusqu'à Soissons et au delà.

Le bon curé de Cœuvres aimait la religion de tout son cœur, mais il était entre les mains des Huguenots qui essayaient de le convertir par tous les moyens possibles. Les ministres de la jeune princesse de Condé ne le quittaient pas: « Eh Messieurs, leur disait-il, je ne suis ni papiste ni huguenot. De nos deux religions ne pourrait-on faire une bonne sans tout piller et détruire comme on le fait ? »

Puis, en l'absence des ministres, il confiait tout bas ses réflexions à son frère : « Si d'advanture l'Evesque vouloit permettre que, à l'issue des mastines, messes ou vespres, on chantasse ung psalme en françois, clergé et peuple ensemble, comme un Salve, cela contenteroit plusieurs. »

Son frère lui répondait :

« Vous vous rompez la teste ! et sont toutes paroles perdues ce que vous dites ; car cela ne se peut faire, et quand encore on l'aurait faict, si esse que lesdicts Huguenots ne s'en contenteroient pas, et ne se déporteroient, car il y a aultre chose qui les maine que vous ne savez pas. »

Il y avait aussi autre chose qui menait les Guises, autre chose que la défense de la religion catholique.

Nous ne suivrons pas Condé dans les intrigues diverses qu'il poursuivit et dont il fut poursuivi. Nous ramènerons plutôt nos regards sur le château de Condé, où sa jeune femme se consumait, pleurant sur ses enfants la perte du cœur de son époux.

C'est une singulière et bien triste époque que celle dont nous retraçons l'histoire ; on ne vivait que de révolte, de poésie et de sales galanteries ; des femmes folles et des plus considérables de la cour se disputaient le cœur de Condé ; l'une d'elles, la veuve du maréchal Saint-André, lui faisait don d'un château magnifiquement meublé par son défunt mari. Mademoiselle de Limeuil se livrait à Condé. La mère de Henri IV, cette femme que l'on a quelquefois peinte d'une vertu sévère, riait des aventures scandaleuses de son beau-frère en faisant des chansons que divers recueils nous ont conservées.

Éléonore de Roye n'était plus. Elle était morte à Condé-en-Brie, le 23 juillet 1564, âgée de trente et un ans, elle laissait Henri qui fut prince de Condé, Charles mort jeune, et François qui fut prince de Conti (Les quelques documents et titres de propriété de M. de Sade, actuellement propriétaire du château de Condé, indiquent que ce château a d'abord été habité par le Cardinal frère du Prince, qui y fit travailler et que Éléonore de Roye y fut inhumée).

Condé veuf épousa, le 8 novembre 1565, Françoise d'Orléans Longueville, descendante du célèbre Dunois. C'est de cette seconde femme qu'est né Charles de Bourbon, comte de Soissons, seigneur de Condé, ainsi que nous le verrons plus loin.

Nous ne pouvons indiquer, même en passant les principaux faits de la vie de Condé ; nous nous bornerons à esquisser rapidement ce qui intéresse directement notre localité.

Les deux premières années du mariage du prince furent assez calmes. Le massacre de Vassy souleva ensuite les Huguenots.

Le 10 septembre 1567, le roi était dans notre pays, à Fère-en-Tardenois : il donna, de ce lieu, une ordonnance royale qui défend toute espèce d'armement ; malgré cette défense, les Huguenots se soulevèrent quelques jours après.

Les troupes de Condé prirent Soissons le 27 septembre 1567. Tous nos villages furent dévastés par ses soldats. La Ferté-Milon et Coincy-l'Abbaye furent, peut-être à cause de leurs fortifications, les seuls lieux qui échappèrent aux ravages des Huguenots.

La jeune princesse de Condé était logée dans le palais épiscopal de Soissons, dont l'évêque s'était enfui. Condé, par égard pour sa sœur catholique, abbesse de Notre-Dame, avait défendu à son lieutenant Vendy de laisser pénétrer ses troupes dans Notre-Dame. Plusieurs prêtres soissonnais trouvèrent là un refuge contre la cruauté des Huguenots qui en avaient écorché et pendu un certain nombre dans les environs de Soissons.

Cependant les ministres de la jeune princesse de Condé prêchaient si bien, selon le curé de Cœuvres, qu'ils tiraient les larmes des yeux mêmes des catholiques : on allait les entendre dans la cathédrale.

Le 18 novembre 1567, la princesse apprit à Soissons que Condé et ses enfants étaient prisonniers. Elle partit, se dirigeant vers leur château de La Ferté-sous-Jouarre ; son escorte ayant été attaquée, elle fit brûler un village où elle avait été arrêtée.

Heureusement la nouvelle était fausse. La cour avait été obligée de fuir de Meaux à Paris, protégée par les Suisses et surtout par le guidon de Guise, Conflans, seigneur de Brécy.

Condé eut des alternatives de succès et de revers, il fut un moment obligé de chercher un refuge vers La Rochelle, sa femme était enceinte et portait son premier-né dans ses bras. Lui-même portait deux enfants en croupe, fuyant sans escorte devant l'armée catholique qui le poursuivait.

Mais le parti protestant abattu aujourd'hui se relevait demain plus fort que jamais.

En 1569, Condé sort tout à coup des marais du Poitou, il rassemble une armée ; et nous allons le voir combattre en désespéré à la bataille de Jarnac.

L'armée catholique, commandée par Tavannes, ayant sous ses ordres Eustache de Conflans, seigneur de Brécy, épiait l'armée protestante ! Triste résultat des guerres civiles, cet Eustache de Conflans avait été élevé par le père de Condé, c'est avec Condé qu'il avait fait ses premières armes, ils étaient du même âge, du même pays ; quelques lieues seulement séparent Condé de Brécy.

Condé ayant été aperçu du côté de Châtelleraux, le seigneur de Brécy fut envoyé pour l'observer « et fut ordonné le vicomte d'Ochy (seigneur de Brécy) pour les aller recongnoistre avec quatre cents chevaux sans toutefois les attaquer qu'on ne luy mandast. »

Après plusieurs courses sans sérieuses rencontres, on en vint aux mains à Jarnac, c'était le 13 mars 1569.

La veille de ce jour, Condé avait été blessé au bras. Voyant que Tavannes pressait l'armée protestante, il accourt avec trois cents chevaux. En partant pour charger les catholiques, il reçoit du cheval de la Rochefoucault, son beau-frère, un coup de pied qui lui casse la jambe ; malgré cette blessure il se précipite sur l'ennemi : « Voyez, dit-il, en quel état Louis de Bourbon entre au combat pour Christ et sa patrie ! »

Condé a-t-il réellement prononcé ces paroles. Nous savons tous jusqu'à quel point il faut croire ces citations de mots héroïques qui font l'ornement de l'histoire.

Ce qui est plus certain, c'est que Condé, tombé à bas de cheval, privé d'un bras et d'une jambe, se défendait comme un lion. Enfin épuisé de force, il se rendit au gentilhomme Le Rosier. En ce moment arrive le baron Montesquiou : « Qu'est ce ? Dit-il ; c'est Monsieur le Prince ; tuez ! Tuez ! Mordieu ! s'écria-t-il, et s'approchant de luy, deschargea sa pistolle dans sa tête et mourut aussi tost ».

Les catholiques poussèrent un hourra de joie et une vile multitude, dans laquelle figuraient plusieurs gentilshommes, traita ignominieusement le corps du prince ; on le plaça sur un âne en faisant des huées dérisoires.

L'an mil cinq cent soixante-neuf,
Entre Jarnac et Château-Neuf,
Fust porté sur une asnesse
Cil qui vouloit oster la messe.

Lorsque le duc de Guise apprit ce fait, il en témoigna son mécontentement et fit renvoyer honorablement le corps de son plus grand ennemi. Le petit roi de Navarre, Henri, neveu de Condé, fit conduire le corps de son oncle à Vendôme, sépulture de la famille des Bourbons.

La jeune Françoise de Longueville se trouvait veuve après quatre ans de mariage.

Dans le partage de la succession du prince, la principauté de Condé demeura à la princesse veuve. Un acte de 1573, conservé aux archives du Tribunal de Château-Thierry, commence par ces mots :

« Ce iourd'hui, septiesme ior de iullet l'an 1573, Nous, Jehan Le Cointe, bailly de la Principauté de Condé, pour Madame la Princese dame dudict lieu … »

Parmi les liasses assez considérables provenant de la justice de Condé-en-Brie, il n'y a que celle que nous citons qui soit de cette époque. Les autres pièces sont plus modernes.

Françoise de Longueville, après la mort du prince de Condé son époux, s'était retirée dans l'obscurité de la vie privée.

La terre de Condé fut administrée et la justice continua d'être rendue en son nom, pendant la minorité de son fils Charles, comte de Soissons.

L'abbé de Brantôme a eu l'impudence d'insérer le nom de notre princesse dans son livre licencieux intilulé : Les Femmes galantes. Ne trouvant, dans la vie de cette femme vertueuse, aucune de ces aventures scandaleuses dont il aimait tant à salir sa plume, il n'en dit que quelques mots insignifiants ayant trait à l'étonnement qu'éprouvaient les seigneurs de la cour en voyant qu'une si jeune et si jolie dame ne songeait point à se remarier.

Françoise avait toujours été amie de sa belle-sœur Catherine de Bourbon, abbesse de Notre-Dame de Soissons. Après la Saint-Barthélemy, elle avait promis au roi d'élever le jeune comte de Soissons dans la religion catholique ; Charles y persévéra malgré l'exemple de son frère le prince de Condé, et celui de son cousin, le jeune roi de Navarre.

La cour de Rome venait de fulminer contre ces deux derniers une déclaration ainsi intitulée : Declaratio contra Henricum Borbonium assertum regem Navarae et Henricum Borbonium praetensum principem Condensent, haereticos.

Cet adjectif praetensum montre que l'on ne se trompait pas à Rome sur la valeur du titre de Prince de Condé.

Françoise avait abandonné la nouvelle religion. Condé-en-Brie était échu à Charles son fils, et ici nous constatons un fait ignoré des historiens, c'est que le prince de Condé fut alors un prince sans principauté et que notre Condé-en-Brie demeura jusqu'en 1789 une principauté sans prince.

Charles de Bourbon, comte de Soissons, ne fut que simple seigneur de Condé bien que sa mère ait porté le titre de princesse de Condé jusqu'à sa mort arrivée le 11 juin 1601.

Charles, seigneur de Condé, épousa Anne de Montafié et mourut encore jeune, le 1er novembre 1602.

C'est sa fille Marie, née le 3 mai 1606, qu'échut la terre de Condé-en-Brie. Marie épousa, le 6 janvier 1624, Thaumas François de Savoie, prince de Carignan.

Condé conserva son titre de principauté énoncé dans plus de trois cents pièces provenant de sa justice. Ces pièces déposées aux archives du Tribunal de Château-Thierry sont encore complètement inconnues. Du reste, leur plus grand intérêt consiste dans les noms des seigneurs hauts-justiciers qui figurent à plusieurs pages.

La justice de Condé n'était point rendue au nom du prince de Carignan, mais au nom de la princesse sa femme. Elle eut plusieurs intendants remarquables, dont les noms ne sont pas encore sans importance dans la localité.

Nous devons surtout mentionner Maître Chevalier, qui institua un petit collège à Condé, lequel collège fut confié en 1657 à l'ordre des Picpus, dont la principale maison, dans le diocèse de Soissons, se trouvait sous le château de Rouge-Maison, près Vailly.

Marie de Bourbon perdit le prince de Carignan son époux, le 22 janvier 1656 ; elle vécut encore fort longtemps. Voici un acte extrait des archives du tribunal de Château-Thierry qui montre que Condé était encore administré en son nom en 1690 ; elle avait quatre-vingt-quatre ans :

« Loys Nauldé, notaire royal, lieutenant au baillage, justice, terre et principauté de Condé, Saint-Oyne, Courthiézy-sur-Marne et lieux en dépendant, pour l'absence de monsieur le bailly, juge civil et criminel desdicts lieux pour Son Altessse Sérénissime Madame Marie de Borbon, princesse du sang et de Carignan, dame desdicts lieux (novembre 1690). »

Marie de Bourbon, dame de Condé mourut deux ans plus tard, le 3 juin 1692.

Pendant la longue existence de cette princesse, Condé fui plusieurs fois la résidence de grands personnages, surtout quand Louis XIII et sa cour venaient habiter Château-Thierry, Richelieu se logeait à Condé. Mazarin, jeune et intrigant, commença ses entrées à la cour de France en venant caresser l'orgueilleux cardinal dans le château de Condé.

Condé passa à Emmanuel-Philibert-Amédée de Savoie, fils aîné de Marie de Bourbon. La vie singulière de ce prince, né muet et devenu habile diplomate, est trop connue pour que nous en parlions dans cette courte notice.

Victor-Amédée de Savoie n'avait que dix-neuf ans lorsque son père, le prince muet, mourut en avril 1709.

Nous sommes obligé ici de remonter quelques années en arrière pour mentionner le petit abbé de Carignan, cousin de notre seigneur de Condé, et dont le sort si extraordinaire eut des conséquences fatales pour notre principauté.

Le petit abbé de Carignan avait deux abbayes ; il en demanda une troisième au roi Louis XIV, qui la lui refusa. Blessé de ce refus, il quitta l'habit ecclésiastique et vint demander un régiment au roi, qui, cette fois, se moqua de lui ; l'ex-abbé en alla demander un à l'empereur, et chacun sait que sous le nom de Prince Eugène, il fit payer cher à Louis XIV son premier refus d'une abbaye.

Victor, notre jeune seigneur de Condé, excité par la gloire que son cousin recueillait au service de l'empereur d'Allemagne, lui demanda un emploi auprès de sa personne. Aussitôt que la nouvelle en vint à Louis XIV, il fit confisquer tous les biens que Victor-Amédée de Savoie possédait en France. C'était en 1711, Condé cessa d'appartenir à la maison de Bourbon.

Cependant, certains rapports qui existèrent plus tard entre les acquéreurs de Condé et Carignan indiquent que c'est avec l'agrément du prince que François l'Eriget de la Faye fit l'acquisition de Condé confisqué.

Le 7 novembre 1714, le jeune Carignan épousa la fille doublement adultère de la comtesse de Verrue et du duc de Savoie. Voici un acte extrait des registres de baptême de Condé qui montre les relations des Carignan Verrue et l'Eriget de la Faye.

« Le 12 juin 1732, la petite cloche de cette paroisse a esté bénite par nous Antoine de Saint-Leque, prestre curé de Condé, soussigné. Elle a été nommée Baptiste par maistre Antoine-Berthrand Pigache, avocat en Parlement, fondé de procuration de messire Jean-François l'Eriget de la Faye, conseiller du roy, et secrétaire du cabinet de Sa Majesté, Seigneur de Condé et autres lieux. La marraine a esté damoiselle Madeleine-Françoise de Bonnefoy, fondée aussi de procuration de très haute et puissante dame Jeanne-Baptiste d'Albert, comtesse de Verrue. »

Cette haute et puissante dame dont la vie scandaleuse a fourni plusieurs pages à Saint-Simon, était la belle-mère d'Eugène-Amédée de Savoie, dépossédé de Condé. Ce baptême montre bien, comme nous l'avons dit, l'entente du nouveau et de l'ancien propriétaire de Condé.

François l'Eriget de la Faye était un personnage distingué. Deux ans avant cette bénédiction de cloche, il avait été nommé de l'Académie française. Sa biographie se trouve partout, nous n'en grossirons pas notre notice.

Nous citerons seulement ces vers que fit sur lui Voltaire, ordinairement fort réservé dans la louange de ses confrères :

Il a réuni le mérite
Et d'Horace et de Pollion
Tantôt protégeant Apollon
Et tantôt chantant à sa suite.
Il reçut deux présents des dieux
Les plus charmants qu'ils puissent faire
L'un était le talent de plaire,
L'autre le secret d'être heureux.

La Faye était l'ami des gens de lettres et des artistes ; Odry et Servandony vinrent décorer le château de Condé de peintures de chasses, de fresques, qui faisaient encore l'admiration des connaisseurs au moment de la Révolution.

La postérité de La Faye posséda Condé pendant le dix-huitième siècle. Madeleine l'Eriget de la Faye porta cette terre en dot au comte de la Tour du Pin ; elle comparut elle-même à Château-Thierry dans l'assemblée de la noblesse de 1789, sous le nom de comtesse de la Tour du Pin, dame de Condé.

Jusqu'à ce dernier moment les officiers de sa justice s'intitulèrent : Officiers de la justice de la Principauté de Condé-en-Brie. (Une Lettre de M. le Secrétaire de la Mairie de Condé-en-Hainaut m'affirme qu'il n'y a aucune pièce qui puisse faire soupçonner que Condé-en-Hainaut ait jamais eu le titre de principauté)

Au moment où se terminait l'impression de notre travail, M. Rollet, notre Collègue, toujours zélé pour tout ce qui intéresse notre histoire locale, nous communique les notes suivantes extraites d'un ouvrage sur les Condé que publie en ce moment M. le duc d'Aumale, héritier de toutes les archives de la maison de Condé.

« Desormeaux dans des notes manuscrites que j'ai sous les yeux, déclare incontestable que le premier prince ait tiré son nom de Condé-en-Brie.

En effet, dans le contrat de mariage de Louis Ier, que nous lisons au commencement de cette note, la seigneurie de Condé-en-Brie figura dans la liste des propriétés du Prince. Il y possédait un château (Ce château, bâti par le père du Prince où habitait le cardinal, et qu'affectionna-tellement Condé qu'il en prit le nom, existe encore aujourd'hui en grande partie : c'est là que mourut l'héroïne du protestantisme, l'âme de la religion nouvelle, car pour le Prince, il n'avait pas de religion. - A. de V.) où il a souvent résidé et passé des actes authentiques, tandis que nous ne connaissons aucune pièce officielle qui le concerne où il soit fait mention de Condé sur l'Escaut (Histoire des Princes de Condé, par le duc D'aumale, vol. Ier, page 338).

Les titres assignés au même Prince dans un bail concédé par lui au chastel de Condé en Brye le Ier novembre 1558, Loys de Bourbon, prince de Condé, comte de Roucy, vicomte de Meaux et seigneur de la Ferté-au-Coul, etc. » (Même volume page 340) (Nous ferons remarquer à M. le Duc d'Aumale que l'orthographe de cette pièce ne nous paraît pas exacte, car dans tous les actes de la principauté de Condé-en-Brie, le nom du Prince est toujours Borbon et jamais Bourbon. - A. do V.)

Lettre du prince datée de Condé 6 mai 1564.

« Mon nepveu, le désir que j'ai d'entendre de vos nouvelles me faict vous escrire ceste lettre et par icelle vous suplier (si vostre comodité se présente venir veoir et consoller vostre bon parent et amy qui est fort ennuyé de l'extrême maladye qua eue sa femme) avec vos levriers et aussi vos chevaulx et armes s'il est possible et vous prometz que je vous montreray icy une aultant belle carrière que sauriez veoir. Mes chevaulx et armes arriveront aujourd'hui en ce lieu. Espérons que si vous venez nous aurons moien de nous réjouir si Dieu plaist. » (Pièces et documents du même vol. page 509.)

A. DE VERTUS.

Source : Annales de la Société historique et archéologique de Château-Thierry 1869.

Histoire

Plusieurs personnages célèbres ont habité le château : Louis de Bourbon, 1er prince de Condé ; Louis de Bourbon (1604-1641), comte de Soissons cousin de Louis XIII de France et prince du sang ; Thomas de Savoie, prince de Carignan (1620) et comte de Soissons (1641) ; Jean-François Leriget, marquis de La Faye (diplomate, mécène et académicien).

Desciption

Façades et toitures du château et de l'ancienne capitainerie ; grille et clôture d'entrée ; escalier droit Renaissance de l'aile Ouest ; escalier de l'aile Est avec sa rampe fer forgé ; départ de l'ancien escalier droit de l'aile Est ; pièces suivantes avec décor : au rez-de-chaussée : chambre des princes, chambre du donjon ; au premier étage : palier du premier étage orné de peintures murales, grand salon peint en trompe-l'oeil, salon orné de tableaux d'Oudry, petit salon et cabinet attenant, petite salle à manger de l'aile Est, grande salle à manger, bibliothèque, chambre dite de Richelieu, chambre d'angle dite chambre rose, première chambre de l'aile de la chapelle ainsi que le dessus de porte représentant une scène galante dans le couloir de l'aile de la chapelle (cad. B 9 à 11) : classement par arrêté du 18 octobre 1979

Source : Ministère de la culture.

photo pour Château de Condé

Localisation et informations générales

  • identifiant unique de la notice : 1272
  • item : Château de Condé
  • Localisation :
    • Aisne
    • Condé-en-Brie
  • Code INSEE commune : 2209
  • Code postal de la commune : 02330
  • Ordre dans la liste : 1
  • Nom commun de la construction :
    • La dénomination principale pour cette construction est : château
  • Etat :
    • L'état actuel de cette construction ne nous est pas connue.

Dates et époques

  • Périodes de construction : 3 différentes époques marquent l'histoire du lieu.
    • 12e siècle
    • 16e siècle
    • 18e siècle
  • Date de protection : 1979/10/18 : classé MH
  • Date de versement : 1993/12/03

Construction, architecture et style

  • Materiaux:
    • non communiqué
  • Couverture :
    • non communiqué
  • Materiaux (de couverture) :
    • non communiqué
  • Autre a propos de la couverture :
    • non communiqué
  • Etages :
    • non communiqué
  • Escaliers :
    • non communiqué
  • Décoration de l'édifice : 2 formes de décor sont présentes :
    • ferronnerie
    • peinture
  • Ornementation :
    • non communiqué
  • Typologie :
    • non communiqué
  • Plan :
    • non communiqué

Monument et histoire du lieu

  • Eléments protégés MH (Monument Historique) :11 éléments font l'objet d'une protection dans cette construction :
    • donjon
    • escalier
    • élévation
    • toiture
    • salle
    • clôture
    • grille
    • décor intérieur
    • bibliothèque
    • salon
    • salle à manger
  • Parties constituantes :
    • non communiqué
  • Parties constituantes étudiées :
    • non communiqué
  • Utilisation successives :
    • non communiqué

Autre

  • Divers :
    • Autre Information : propriété d'une personne privée 1992
  • Photo : 143f983e7518e2788f2c6e0e36385dff.jpg
  • Acteurs impliqués dans l'oeuvre : Sade Donatien Alphonse François, marquis de (personnage célèbre)
  • Détail :
    • Façades et toitures du château et de l' ancienne capitainerie
    • grille et clôture d' entrée
    • escalier droit Renaissance de l' aile Ouest
    • escalier de l' aile Est avec sa rampe fer forgé
    • départ de l' ancien escalier droit de l' aile Est
    • pièces suivantes avec décor : au rez-de-chaussée : chambre des princes, chambre du donjon
    • au premier étage : palier du premier étage orné de peintures murales, grand salon peint en trompe-l' oeil, salon orné de tableaux d' Oudry, petit salon et cabinet attenant, petite salle à manger de l' aile Est, grande salle à manger, bibliothèque, chambre dite de Richelieu, chambre d' angle dite chambre rose, première chambre de l' aile de la chapelle ainsi que le dessus de porte représentant une scène galante dans le couloir de l' aile de la chapelle (cad. B 9 à 11) : classement par arrêté du 18 octobre 1979
  • Référence Mérimée : PA00115608