Hôtel Chappaz à Béziers

Hôtel Chappaz à BéziersPar Fatma Alilate Avril 2014.

L'hôtel Chappaz a été la propriété de Joseph Chappaz (1830-1898) qui a fait fortune dans le vin, le vermouth. La demeure située à l'Est de Béziers dans la zone la plus urbanisée face à un centre commercial est à l'état d'abandon. Sa construction date de la fin du Second Empire.

L’hôtel Chappaz offre à la vue du passant de somptueuses cariatides, quatre femmes engainées vue de dos ou de face entourent deux portes-fenêtres. Toute la statuaire de la façade est signée Jean-Antoine Injalbert (1845-1933), sculpteur nourri de mythologie qui a obtenu le Grand Prix de Rome en 1874 et qui est l’auteur d’œuvres majeures dont les statues du Pont Mirabeau à Paris. Cet artiste est très présent à Béziers, sa ville natale. Ses œuvres sont exposées au Musée Fayet où une salle lui est consacrée, au Plateau des Poètes (parc paysager), à la Villa Antonine (villa de villégiature léguée à la Municipalité par sa veuve), au Cimetière Vieux...

A l’étage de la maison, le sculpteur se serait inspiré de la fenêtre Renaissance de la rue Gaveau à Béziers pour concevoir une fenêtre d’abord ornée de La Vieillesse (vieillard nu debout) et de La Jeunesse (jeune femme nue debout), et puis de trois autres statues plus petites (un vieillard assis, deux femmes engainées).

L’hôtel Chappaz incarnerait la splendeur passée de la ville qui connut un formidable essor dès le dernier quart du XIXe siècle en raison du développement commercial du vin et de l’arrivée du chemin de fer. Béziers a aussi été au centre d’une grande richesse culturelle : concerts d'art lyrique, artistes de renom...

La demeure par sa présence presque irréaliste semble résister à toute l’agitation qui l’entoure : forte urbanisation, travaux incessants, circulation intense… L’intérieur correspondrait à de grandes surfaces « tristounettes ». Il n’y a plus la cheminée en marbre réalisée en 1890 mais commandée à Injalbert dès 1884. Cette cheminée a été retirée pendant la Seconde Guerre mondiale avant que l’hôtel Chappaz soit réquisitionné par les Allemands. L’ornementation de cette cheminée monumentale représentait L’enlèvement de Déjanire, Diane, La musique. La cheminée est reproduite dans l’ouvrage de Jean-Pierre Van der Spelden d’après Charles Ponsonailhe (1855-1915) - Jean-Antonin Injalbert. L'Artiste et l'Œuvre (vers 1891).

Hôtel Chappaz à Béziers

C'est très étonnant de découvrir « le château » appelé ainsi par les habitants du voisinage dans un environnement aussi dense, alors que l'hôtel Chappaz ressemble à un îlot suspendu dans le temps.

Non classée au titre des Monuments historiques, cette belle demeure mériterait un soutien pour une restauration et une véritable protection.

Sources :

Van der Spelden J.P. (1991) - Injalbert Statuaire 1845-1933, Musée des Beaux-Arts, Béziers.

Entretien téléphonique avec Jean-Pierre Van der Spelden.

Article Midi-Libre : Boillot E. (18 février 2013). Patrimoine : il faut sauver la maison Chappaz-Fournaise.