rambouillet

Rambouillet, bâti dès les premiers temps de la monarchie, au milieu de la vaste forêt d'Yveline, faisait alors partie du domaine royal. Sous les rois de la troisième race, il appartenait à la maison des comtes de Montfort; il passa ensuite, par alliance, aux seigneurs de la Roche-Tesson, en Normandie, puis à la famille Bernier qui le donna en échange d'autres terres, en 1368, à Regnault d'Angennes, écuyer, premier valet tranchant de Charles VI. Celui-ci agrandit sa terre en se faisant successivement acquéreur de tous les fiefs environnants et de la seigneurie des Essarts dont il était le vassal. Son arrière-petit-fils, Jacques d'Angennes, y reçut, avec une grande partie de sa cour, François Ier, qui y mourut le 31 mars 1547. En 1562, Catherine de Médicis, accompagnée de son fils Charles IX, vint attendre à Rambouillet l'issue de la bataille de Dreux. En 1588, Henri III, fuyant de Paris après la journée des Barricades, y vint prendre gîte et « y coucha tout botté, » suivant le Journal de l'Estoile.

Érigée en marquisat en l'année 1612, la terre de Rambouillet appartenait alors à Charles d'Angennes, dont la femme, Catherine de Vivonne, exerça, sous le nom de marquise de Rambouillet, une si puissante influence sur le mouvement littéraire du xvii" s. Après la mon de Charles, Rambouillet échut au duc de Montausier, mari de lu célèbre Julie d'Angennes. La seconde fille de Julie l'apporta en mariage au duc d'Uzès; mais elle mourut sans postérité, et, après la mort du duc, Rambouillet, saisi féodalement sur ses héritiers, fut, par décret du parlement, adjugé au directeur général des finances, Fleuriau d'Armenonville, qui y fit des embellissements considérables; mais il le revendit bientôt au comte de Toulouse, dernier fils légitimé de Louis XIV et de Mme de Montespan, en faveur duquel la terre de Rambouillet, avec les châtellenies, fiefs et seigneuries qui y avaient été ajoutées en grand nombre par ses différents propriétaires, fut érigée en duché-pairie. Louis XIV y vint souvent avec Mme de Maintenon. Plus tard, Louis XV y fut attiré par la belle comtesse de Toulouse. Enfin, le duc de Penthièvre, cédant aux instances réitérées du roi Louis XVI, lui vendit son domaine de Rambouillet.

Louis XVI se prit d'une vive prédilection pour ce domaine, qu'il augmenta et embellit encore. 11 y fit élever de vastes bâtiments pour loger sa vénerie et ses équipages de chasse ; il construisit la laiterie de la Reine et la ferme modèle dans laquelle il établit, en 1786, une bergerie pour la propagation des bétes â laine fine en France. Un troupeau de mérinos, acheté à grands frais en Espagne, y fut installé. La bergerie, confiée à des directeurs ha biles et protégée depuis par tous les gouvernements, en particulier par celui de Napoléon I", a prospéré au delà de toute espérance.

Louis XVI posséda Rambouillet comme domaine privé jusqu'au jour où la constitution de 1791 l'eut réuni à la liste civile. Mais, lorsque la royauté fut abolie, ce domaine fit retour à l'État et fut compris dans l'administration des domaines nationaux. Il fut alors démembré : l'État vendit toutes ses dépendances, maisons, terres, et tout ce qui n'était pas forêt, et conserva seulement le château, le parc et toute la forêt.

Rambouillet, tel que l'avait laissé la Révolution, fut compris dans la liste civile impériale, constituée en 1805. Napoléon y chassait quelquefois et y rendit, en juillet 1810, le décret qui réunit la Hollande à son empire. Le 28 mars 1814, Marie-Louise, ayant quitté Paris, menacé par les Alliés, passa la nuit à Rambouillet. Elle fut remplacée le lendemain par l'exroi d'Espagne, Joseph Bonaparte. Elle y revint le 12 avril, y séjourna dix jours, avec le roi de Rome, et en repartit pour Vienne, escortée de 2000 soldats autrichiens. Après Waterloo, Rambouillet servit aussi d'étape à Napoleon Ier, sur la route de l'exil. L'Empereur y passa la nuit du 25 au 26 juin 1815.

Sous la Restauration, Rambouillet fit partie des listes civiles de Louis XVIII, qui y vint une seule fois, et de Charles X, qui y chassait plus que partout ailleurs. Le 26 juillet 1830, ce roi quitta le château de Saint-Cloud pour venir chasser à Rambouillet. En descendant de voiture au pied de la grosse tour crénelée, il dit d'un ton qui ne lui était pas familier: « Notre prédécesseur François Ier est mort ici après une chasse à courre, et moi, sans doute, je suis destiné à finir comme lui.... » Peu de jours après ces paroles prophétiques, la famille royale s'éloignait précipitamment de Saint-Cloud et entrait le 1er août, à neuf heures du soir, à Rambouillet. La maison militaire du roi fut placée au bivouac dans les jardins anglais; les troupes de la garde et l'artillerie dans le parc et sur les hauteurs qui dominent la ville. Mais, le lendemain, Charles X et le Dauphin signèrent à Rambouillet, l'un son abdication, l'autre sa renonciation au trône en faveur du jeune duc de Bordeaux.