Eglise

Les lecteurs des « Annales Archéologiques » connaissent déjà l'église de Pont-Aubert par l'élévation latérale et la coupe en long, ainsi que par l'élévation de la façade et une coupe en travers qui en ont été publiées dans le tome XIIe. Des devis estimatifs de la construction d'une église semblable, établis par M. Emile Amé à qui nous devions le relevé de ces dessins, accompagnaient ces derniers. Aujourd'hui nous mettons au jour le plan par terre, avec une description que veut bien nous adresser M. Max Quantin, archiviste du département de l'Yonne, auteur d'un « Répertoire archéologique du département de l'Yonne » que publie en ce moment le ministère de l'instruction publique. Pont-Aubert est un village situé auprès d'Avallon. Il devrait son nom à un comte de cette ville, nommé Aubert, qui vivait au IXe siècle et qui aurait fait construire un pont sur la rivière si pittoresque du Cousin.

L'église de Pont-Aubert est sous le vocable de Notre-Dame. Elle dépendait autrefois d'une importante commanderie de l'ordre du Temple, et ce sont les Templiers qui l'ont fait élever à la fin du XIIe siècle ou au commencement du XIIIe. L'édifice fut bâti d'un seul jet et forme un ensemble complet et harmonieux.

Comme on le voit, le plan forme un parallélogramme divisé en trois nefs, avec prolongement de la nef centrale en un chevet à trois pans.

La longueur totale de la nef est de 3lm80, la largeur totale des trois nefs de 12m70, et la hauteur sous la voûte centrale de 10 mètres.

La nef est composée de cinq travées séparées par des piliers carrés flanqués de colonnes engagées qui reçoivent les retombées des nervures des arcades et des arcs-doubleaux de la nef et des bas côtés, tracés suivant l'arc ogival de transition, d'une courbe si franche et si robuste. Il n'existe point encore de nervures sous les arêtes des arcs des ogives, et les formerets ne sont point encore dessinés le long des murs.

Nous remarquerons, de plus, que les arcs-doubleaux des bas côtés, qui sont très-élevés, servent à contrebuter la grande voûte centrale sans emploi d'arcs boutants apparents à l'extérieur.

Les fenêtres ainsi que les portes sont encore en plein cintre, mais l'ogive s'accuse franchement dans les baies des deux étages supérieurs du clocher, élevé naturellement après le reste de l'édifice, alors que le style ogival régnait seul. Le tympan de la porte principale, qui s'ouvre sous le clocher, abritée par cinq rangs de voussures en retraite, est orné d'un bas-relief représentant la Vierge glorieuse entre l'Adoration des Mages et l'Assomption.

Tout l'édifice est en moyen appareil que couvrait naguère une épaisse couche de badigeon dont l'église de Pont-Aubert a été débarrassée, grâce aux soins de son curé actuel, M. l'abbé Mimaro, qui s'est dévoué à l'œuvre de sa restauration.

Max QUANTIN

Source : Annales archéologiques, Volume 25

Restaurations de 1858

M. le curé Minard, de Pontaubert, par lettre en date du 9 juin 1858, expose à la Société que pour achever les travaux de réparation de son église et pour obtenir les fonds qui lui sont nécessaires, il doit adresser deux demandes, l'une à M. le Ministre d'État, l'autre à M. le directeur des Cultes. Il désirerait que la Société appuyât ces demandes d'une recommandation spéciale.

La Société:

Considérant que l'église de Pontaubert mérite à tous égards la sollicitude du gouvernement;

Que déjà la Société a eu l'occasion, dans une excursion archéologique, de constater l'élégance de ce précieux monument, et le zèle avec lequel M. l'abbé Minard a, de ses propres mains, entrepris une restauration difficile ;

Que malgré les plus louables efforts, les ressources que M. l'abbé Minard est parvenu à recueillir sont insuffisantes pour l'achèvement de son œuvre ;

Décide à l'unanimité qu'elle joint ses supplications à celles de M. l'abbé Minard pour obtenir de M. le Ministre d'État et de M. le directeur des Cultes le secours demandé.

Une double expédition de la présente délibération sera adressée à M. l'abbé Minard pour être par lui transmise à qui de droit.

Source : Bulletin de la Société des sciences historiques et naturelles 1858.