island

Island-le-Saulsois, Ilantium. Ce village, sur une petite éminence environnée de tous côtés par des ruisseaux, forme comme une île. L'église, vocable la Vierge, autrefois située entre des villages détruits qui formaient plusieurs seigneuries, est maintenant isolée, à 200 pas du presbytère et de 700 d'Island, et une demi-lieue des autres hameaux qui en dépendent. Patron, le Chapitre d'Avallon, dont les chanoines ont desservi longtemps, jusqu'en 1646 qu'un arrêt déclara l'union abusive faite au Chapitre par une bulle. Fondation d'une aumône d'environ 60 liv. par an; seigneurie aux héritiers de M. Thomas ; château. 46 feux, 250 communiants. Dépendances: Grand-Island, jadis considérable, aujourd'hui de 11 feux, et tuilerie; l'Huy-Bazin, 5 feux ; Courcelle, 6; Saulsois, dont était seigneur en 1640 François de Longueville.

Guillaume de Ferrières accorde en 1448 aux habitants d'Island leurs usages et forestages sur les broussailles d'Island, et en toutes les broussailles en désert dans la justice, moyennant 5 deniers et une poule par feu. A une lieue et demie d'Avallon.

Source : Description générale et particulière du Duché de Bourgogne par Edme Béguillet 1848.

Hameaux et curiosités

Le Grand-island, situé à 3 Kilomètres au sud de l'église, dominant deux petites vallées arrosées par des cours d'eau allant se jeter dans le Cousin, près du Vault-de-Lugny, après avoir reçu eux-mêmes les eaux de nombreuses sources prenant naissance au milieu d'un vaste territoire très-ondulé, autrefois entièrement couvert de bois. Ceux-ci, encore aujourd'hui très-considérables, sont traversés dans le sens de leur plus grande étendue par la route d'Avallon à Lormes.

  • L'Huis-Bazin;
  • La Courcelle;
  • Le Mouillal-de-l'Etang;
  • Le Chaume-de-la-Bigotte;
  • La Bue-Ballot;
  • Le Champ-la-Canne;
  • La Rue-Biaux;
  • Le Moulin-des-Alouettes;
  • Le Saulce.

Island-le-saulçois est le groupe principal d'habitations et le plus rapproché de l'église; la cure, les écoles et le château en font partie.

Un établissement d'éducation pour les jeunes filles a été fondé, en 1862, par la famille Amelin, sous la dénomination de Maison De Sainte-Thérèse, en mémoire de Mlle Marie-Thérèse Amelin, décédée en 1860, dans sa vingt-deuxième année, et dont nous verrons la sépulture dans le cimetière de la paroisse.

Le château, construction importante assez ancienne, agrandie et restaurée à diverses époques et tout récemment, présente un bel ensemble. Dominant de grandes pelouses et une vallée boisée, le château d'Island, après avoir appartenu successivement à divers seigneurs alliés aux meilleures familles de la province avallonnaise, appartient aujourd'hui à M. Amelin.

L'église, maintenant isolée d'Island, Ielent au XIIe siècle, n'offre rien à l'extérieur de remarquable; elle est entourée du cimetière, ombragée par quelques vieux noyers, et semble bâtie sur l'emplacement d'un groupe d'habitations remontant à l'époque gallo-romaine, à en juger par le nombre des débris de construction épars sur la surface du sol ou à peu de profondeur.

Nous aurons bientôt, à propos de la montagne de Montmarte, l'occasion de reparler de tous ces vestiges du séjour des Romains dans l'Avallonnais.

Le clocher carré de l'église d'Island, placé au centre de la nef, est porté par des arcades ogivales soutenant, en encorbellement, d'autres arcatures ou petites voûtes d'un effet assez monumental; fin du XIVe siècle.

Le maître-autel est en bois de chêne sculpté; il porte la date de 1610 et ne manque pas d'élégance. Dans la chapelle de la Vierge, restaurée d'après les dessins de M. Emile Amé, on lit, sur marbre noir, l'inscription suivante:

LA RESTAURATION DE CETTE CHAPELLE EST DUE A LA PIÉTÉ DE MARIE RIBAILLER, DÉCÉDÉE A ISLAND LE 13 SEPTEMBRE 1855, A LA GÉNÉROSITÉ DE SES PARENTS ET DES HABITANTS DE LA PAROISSE. PRIEZ POUR EUX.

Disons enfin qu'on remarque un groupe de « l'Annonciation » bonne sculpture du XVe siècle, et aussi diverses traces de peintures murales, notamment les écussons d'une famille de Longueville, qui posséda, durant la seconde moitié du XVIe siecle, la terre d'Island.

Dans le cimetière, on remarque les tombeaux des familles Dorneau et Amelin, sculptés dans le style du XIIIe siècle, d'après les dessins de M. E. Amé, habile architecte, dont nous retrouverons dans l'Avallonnais et le Tonnerrois d'autres œuvres importantes.

A voir aussi la chappelle du Saulce.

A quelque distance, au sud-est de l'église, on voit un ancien manoir entouré de fossés, c'est aujourd'hui le presbytère. Là, se trouvent réunis, par les soins de M. le curé Droit, le plus grand nombre des débris antiques trouvés à Island, c'est-à-dire des fragments de marbres, de poteries et quelques médailles.

Près du hameau du Champ-la-Canne, dans le bois du Deffand, MM. Moreau et Bardin ont reconnu une motte féodale, et, près de là, dans le bois des Brosses, les fossés ou retranchements, de forme carrée, d'un camp antique, ou au moins d'une époque fort ancienne.

Le Saulce-d'Island possède une autre construction qui doit être visitée. C'est l'immense chaussée d'un étang, restaurée en 1830 avec un très-grand luxe de matériaux. Cet étang, à sec maintenant, était établi à la base d'une haute colline boisée garantissant des vents du nord l'établissement des chevaliers du Temple.

Les étangs étaient, durant le moyen âge, l'une des dépendances les plus importantes des établissements religieux. Ces vastes nappes d'eau étaient utilisées autrefois aussi bien comme moyen d'irrigation que pour la reproduction du poisson.

Toutes les abbayes, tous les couvents, toutes les Maisons du Temple possédaient des étangs. Plusieurs de ceux-ci, dans notre département, étaient considérables. Nous aurons l'occasion d'en reparler. Mais dès maintenant nous allons, à propos de la Commanderie du Saulce-d'Island donner un aperçu général des établissements analogues qui furent fondés dans notre province, et dont les constructions n'ont pas toutes disparu.

Au douzième siècle, les chaussées gallo-romaines étaient encore les seules grandes lignes de communication , et c'est avec raison que M. César Lavirotte, dans un excellent « Mémoire statistique sur les établissements des Templiers et des Hospitaliers de Saint-Jean-de-Jérusalem en Bourgogne, » mémoire lu et justement applaudi au congrès archéologique de Dijon en 1852, démontra l'utilité des voies antiques durant le moyen âge. Nous ne pouvons mieux faire que de copier un passage du travail de M. Lavirotte sur les relations des établissements hospitaliers entre eux.

« Les recherches que nous avons faites et les rapprochements topographiques auxquels nous nous sommes livré, nous ont fourni la preuve de l'existence combinée de ces relations par l'échelonnement assez régulier, quant aux directions et aux distances, des maisons établies, soit par les Templiers, soit par les Hospitaliers, sur les anciennes voies de communication de la France, au nombre desquelles nous rangeons les chemins romains dont les traces, à l'époque reculée de la fondation des établissements qui nous occupent, devaient être très-apparentes et pouvaient permettre d'en faire encore usage. Et cette disposition ne nous a pas paru être l'effet du hasard, mais bien celui d'une combinaison commandée par la force des choses. Rappelons-nous seulement que le moment de la plus grande activité du service des chevaliers de l'hôpital de Saint-Jean dans l'intérieur de la France, a été celui de la fréquence des mouvements militaires, des croisades et des allées et venues incessantes des croisés isolés et des pèlerins de tous les pays. Alors, et attendu l'absence de toute organisation régulière de police armée, comme exista plus tard la maréchaussée et aujourd'hui notre gendarmerie, le parcours des routes, à travers les campagnes peu peuplées et couvertes de forêts, présentant des périls continuels, la mission que cette milice religieuse s'était imposée de protéger les pieux voyageurs et de les héberger dans ses hospices, était d'une indispensable nécessité. Nous restons, en conséquence, persuadé que ces établissements (qui dans bien des localités s'étaient installés à la place même où existèrent les maisons d'asiles que Charlemagne avait fait relever sur les ruines des antiques mansions romaines) étaient répartis de distance eu distance, de telle façon que, depuis les points les plus éloignés, les pèlerins, qui, sans aucun doute, marchaient par petites caravanes, pouvaient parcourir la France, y trouver des gîtes, arriver sous favorable escorte aux ports de mer, s'y embarquer sur les galères de la Religion, et atteindre la Terre-Sainte, étant constamment protégés par les chevaliers hospitaliers de Saint-Jean-de-Jérusalem. »

A l'appui de son exposition si nette et si claire, M. Lavirotte donne l'itinéraire suivi dans la Bourgogne. Nous donnons l'itinéraire qui, selon nous, a du être adopté entre Paris et Châlon-sur-Saône, pour la partie comprise dans le département de l'Yonne. On verra, en effet, que ces utiles établissements étaient situés à peu de distance de la grande voie romaine qui traverse tout notre territoire et conduisant par Sens, Auxerre, Avallon et Saulieu, vers Arnay-le-Duc et Châlon-sur-Saône. Des maisons hospitalières dépendant des commanderies étaient établies dans les vallées du Serein, de l'Armançon et de la Laignes, toujours à proximité d'une voie antique. Si nous ajoutons à ces maisons de refuge, celles organisées à l'entrée des abbayes et des monastères fondés dans nos vallées, en faveur des voyageurs pauvres ou riches qui réclamaient l'hospitalité, on reconnaîtra combien les voyages, durant le moyen âge, pouvaient présenter de différence avec la manière actuelle de voyager. Voici cet itinéraire:

Voie romaine d'Autun à Sens. Établissements de l'Ordre du Temple et de l'Ordre des Hospitaliers de Saint-Jean-de-Jérusalem; au Saulce-d'Island, au Saulce-d'Escolives et à Auxerre; dépendances à Pont-Aubert, à Saint-Bris, à Sacy, à Vermenton, à Vallan, à Monéteau, à Merry, etc. Autres établissements à Joigny, à Roussemeau, à Montézard et à Sens.

Voie romaine d'Auxerre à Langres. Établissements à Fontenay-près-Chablis, à Tonnerre, à la Vêvre, etc.

Voie romaine de Sens à Dijon , par Alise. Établissements à Cérisiers, à Coulours, à Jaulges, à Marchesoif et à Saint-Marc, près de Nuits-sur-Armançon.

Voie romaine de Sens à Meaux. Établissements à Launay, à Courroy, au Plessis-Saint-Jean et à la Croix-en-Brie (Seine-et-Marne).

Cette liste, tout incomplète qu'elle soit, fera néanmoins entrevoir l'étendue et l'importance des maisons de refuge possédées par la milice de l'Ordre du Temple et des Hospitaliers, dans le département de l'Yonne seulement.

La population d'Island était, en 1806, de 448; en 1826, de 511; en 1846, de 494.

Source : Description des villes et campagnes du deptartement de l'Yvonne par Victor Petit 1870.

Chapelle du Saulce

A quelques pas de cette source, qui semble un peu abandonnée maintenant, s'élève isolément l'une des plus importantes chapelles de l'Ordre. Nous signalons l'aspect monumental pur et sévère, et aussi le bel ensemble des voûtes ogivales reposant sur des colonnettes portées elles-mêmes sur des consoles, de cette remarquable construction qui daterait, selon M. l'abbé Baudiau, de l'an 1209.

parc du château

Le château, construction importante assez ancienne, agrandie et restaurée à diverses époques et tout récemment, présente un bel ensemble. Dominant de grandes pelouses et une vallée boisée, le château d'Island, après avoir appartenu successivement à divers seigneurs alliés aux meilleures familles de la province avallonnaise, appartient aujourd'hui à M. Amelin.