photo : serge
(canton de Lussac-Ies-Château),
Mortemer (note du webmaster : orthographe différente volontaire voir cassini carte 67) est une bourgade à l'aspect pittoresque, dont les habitations se groupent au-dessous du château et de l'église, qui s'élèvent l'un et l'autre à mi-côte.
Malgré son humble aspect, Mortemer fut jadis une des baronnies importantes du Poitou.
Les plus anciens souvenirs qui s'y rattachent ne paraissent pas remonter au delà du 11e siècle.
Le château reproduit par notre gravure n'a rien qui soit de cette époque (voir illustration). Là tour carrée, ou donjon, flanquée de tourelles rondes aux angles, est du 15e siècle, et la partie de l'habitation surmontée d'une balustrade à l'italienne accuse en quelques endroits, et surtout extérieurement, des remaniements postérieurs à cette époque.
Il est présumable que ce donjon se terminait autrefois par un couronnement de mâchicoulis supportant des créneaux.
On remarque dans l'église deux beaux tombeaux sculptés du 15e siècle, appartenant à la famille de Taveau de Mortemer, qui a longtemps possédé cette seigneurie.
D'après certaines traditions, Chandos, général anglais, après avoir été blessé mortellement à la défense du pont de Lussac-les-Châteaux, aurait été transporté au château de Mortemer (voir illustration CPA), où il serait mort. Quelques personnes même supposent que Chandos aurait été inhumé dans cette église.
Renée de Taveau, fille de Jean, seigneur baron de Mortemer, Lussac, etc et de Jeanne Frottier de la Messelière, avait épousé en 1528, René de Rochechouart de Monthemart ; elle tomba en léthargie et fut mise pour morte dans le caveau de la chapelle du château de la Messelière. Un de ses serviteurs, sachant qu'on lui avait laissé au doigt une bague de prix, osa profaner sa sépulture pour s'emparer de ce bijou, et, comme il ne pouvait venir à bout de l'arracher, il se servit de son couteau. La dame fut éveillée par la douleur et du à cette circonstance extraordinaire de ne pas endurer les souffrances d'une mort atroce. On dit même qu'elle eut des enfants après cetté tragique aventure.
Aujourd'hui le château de Mortemer est là propriété de M. de Soubeyran, député de la Vienne (note du webmaster : source publiée en 1867), qui fait transformer le vieux château en un splendide manoir, dont nous reparlerons plus tard, en en donnant un nouveau dessin après sa restauration.
Paul BIARD.
source :
Note : Le château de Morthemer, anciennement Mortemer, illustré par de bonnes photos de "serge" en 2011 et les propos de "Paul BIARD" en 1867 nous montre une évolution interessante.
Les transformations (profondes à mon sens) lui donne, de nos jours, un aspect "militaire" complètement décalée de son apparence 19e siècle (voir gravure donjon non datée mais publiée en 1867). Cette même gravure porte, elle même, les marques d'une certaine forme de démilitarisation du bâti (ouvertures importante sur l'extérieur, balustrade) qui montre une certaine forme de remaniement possible de l'ouvrage en habitation, plus qu'habitation défensive fortifiée.