photo : Mairie La Roche-Posay
La petite ville de La Roche-Posay, sur le bord de la Creuse, arrondissement de Châtellerault, possède encore un donjon roman quadrangulaire dont la conservation est parfaite et qui a été décrit par M. Blanchetière dans le XXVe volume du Bulletin monumental. Cette belle tour porte encore là majeure partie des modifions de sa corniche.
Nous en donnons le plan d'après M. Blanchetière, avec celui du donjon du Grand-Pressigny qui paraît appartenir à la même époque.
Contrairement à l'usage général, le donjon de La Roche-Pozay avait une porte au niveau du sol ; mais, comme on le voit sur le plan, celte porte n'avait que 82 centimètres de largeur. Une seconde porte donnait accès au rez-de-chaussée et un escalier conduisant au premier étage et pratiqué dans l'épaisseur du mur n'a que 70 centimètres de largeur ; il part de l'intervalle compris entre les deux portes (extérieure et intérieure).
Cette disposition, dit M. Blanchetière, offrait plusieurs avantages pour la commodité du service intérieur du donjon, et pour la parfaite sécurité des personnes qui l'habitaient. Ainsi, par exemple, des prisonniers enfermés dans la salle basse ou rez-de-chaussée, ne gênaient en rien les mouvements des maîtres ou des serviteurs de la maison, le jeu alternatif des deux portes pouvant mettre ceux-ci en rapport soit avec le dehors, soit avec les détenus, sans avoir à redouter l'évasion de ces derniers.
De plus, un surcroît de précaution ne permettait d'entrer dans les appartements du premier étage que par une autre porte double.
Enfin, pour monter aux étages supérieurs, il fallait aller chercher l'escalier dans un autre mur. Cette disposition, que l'on rencontre dans la majeure partie des donjons, était un moyen de résistance de plus. En effet, si le donjon se trouvait forcé, les assaillants n'étaient pas encore pour cela assurés du succès. Il fallait recommencer à chaque étage un siège meurtrier, puis chercher, au milieu d'embûches et de cachettes pratiquées dans l'épaisseur d'énormes murailles, un escalier inconnu, étroit et rapide.
Source : Abécédaire ou Rudiment d'archéologie par M. de Caumont