Abbaye de La Grainetière

La route que l'on parcourt des Herbiers à la Grainetière est peu fréquentée, et a par cela même, un caractère de solitude en harmonie avec le pèlerinage que l'on fait aux ruines d'un des plus anciens et des plus importants moustiers du Poitou. En quittant les Herbiers, la route suit les détours du parc du château de Létenduère, immense ruine, qui n'a rien de remarquable. Ce château a appartenu à la famille des Herbiers de Létenduère, dont nous avons déjà parlé.

Après une heure et demie de marche dans le pays le plus frais et le plus vert de la Vendée, on arrive à la Grainetière. Il n'a fallu que quelques années pour que, de cette illustre abbaye, qui avait vu passer tant de siècles, moines, abbaye, église, cloîtres, tout ait disparu.

Il reste cependant encore quelques ruines qui méritent la peine d'être dessinées et décrites, quelques fragments échappés au vandalisme et qui dénotent encore l'antique origine de ce vieux monastère. Quelques auteurs, et Thibaudeau lui-même, ne font remonter sa fondation que vers 1130 ; on voit cependant par une charte de dom Fonteneau, du 24 janvier 1106, que Jucaël, seigneur des Herbiers, fait plusieurs dons à Jehan, abbé de la Grainetière, et confirme ceux qui avaient été faits par son père et autres de sa famille. Dans les années 1120, 1150, 1155, des dons importants et nombreux sont faits par de riches seigneurs, dont les principaux sont Chotard de Moreau , Gaudin de Clisson, Tiphaine d'Aubigné. Dans tout le douzième siècle et le suivant, on ne voit encore que des dons et des démêlés entre les seigneurs voisins et l'abbaye ; et, par crainte d'excommunication, ces démêlés se terminent toujours par des traités et des concessions. Chaque année, les hommes puissants du Poitou s'empressent d'apporter à la Grainetière leurs riches offrandes ; dans ce nombre, figurent les noms de Guillaume de Chantemerle, Pierre d'Aspremont, Gautier de la Réorthe, Arbert de Tiffauges, Hervé de Mareuil, Chabot de Montaigu, Aimery de la Chaise-Girault, et beaucoup d'autres. C'est alors le véritable temps de la puissance religieuse.

Abbaye de La Grainetière

Guillaume IV, évêque de Poitiers, adjuge à l'abbaye de la Grainetière des marais salants qui lui étaient disputés par Guillaume le Sage et ses enfants. Le treizième siècle en un mot voit fleurir et s'enrichir l'abbaye de la Grainetière, par un déluge d'offrandes, les unes faites par orgueil, et les autres par conviction. Dans ces temps de combats et de querelles sanglantes, ce sont de pauvres veuves, des mères affligées, qui, pour le repos de l'âme de leurs maris et de leurs fils, viennent aussi apporter au monastère le tribut de leurs dons et de leurs prières. (dom Fonteneau) - Foi douce et consolante ! qui n'abandonne pas ! sublime et vivifiante charité ! qui ne cesse de prier pour le soulagement de ceux qui ont quitté notre monde d'un jour, et qui ne jouissent pas encore d'un bonheur sans mélange !

Le 23 janvier 1278, Guy de Chemillé, seigneur de Mortagne, confirme à l'abbaye de la Grainetière le droit de haute justice, que feu Guillaume Jucaël, seigneur des Herbiers, et Geoffroy Chotard, chevalier, lui avaient accordé sur les terres et les hommes de cette abbaye, qui se trouvaient dans leur fief. Outre les dons nombreux qu'ils recevaient, les religieux font des acquisitions et augmentent sans cesse les revenus de l'abbaye ; cette permission leur est accordée sans qu'ils aient de droits à payer ; aussi voit-on, en 1384, un acte par lequel Pierre Gualochéas, chevalier, et Tiphaine, sa femme, accordent aux religieux de l'abbaye de la Grainetière la permission d'acquérir dans leurs fiefs, sans être astreints à payer aucun devoirs.

En 1427, 30 novembre, une sauve-garde est donnée à l'abbaye de la Grainetière et à ses dépendances par Arthus de Bretagne, connétable de France ; et en 1453, 27 avril, une autre sauve-garde est également donnée à cette abbaye par Charles VII, roi de France.

Plusieurs évêques de Nantes ont été abbés de la Grainetière. En 1474, Amaury d'Acigné, abbé de la Grainetière et évêque de Nantes, rend hommage à Marguerite de Culan, dame de Belle-Ville, de Cosnac, de la Chaise-le-Vicomte et de Vandrenne, à cause de la châtellenie de Vandrenne.

Le 12 juillet 1529, Germond Fouschier, écuyer, seigneur de la châtellenie de Thénies et Saint-Porchaire, reçoit l'hommage de François Hammon, évêque de Nantes et abbé commendataire de la Grainetière.

En 1545, François Chasteigner était abbé commendataire de la Grainetière ; il se démet plus tard de son abbaye ; il a pour successeur Guillaume d'Orin, qui mourut bientôt, et qui est remplacé par Thomas Prost. Le brevet de ce dernier est du roi, sous la date du 16 octobre 1566.

Abbaye de La Grainetière

A la fin du seizième siècle, l'abbaye de la Grainetière était à la nomination du sieur d'Abain, gouverneur et lieutenant-général de la Haute et Basse-Marche ; il existe un brevet du 1er octobre 1595 par lequel Henri IV conserve et donne de nouveau aux enfants du feu sieur d'Abain et à leurs survivants, en tant que besoin est, les abbayes de Nanteuil-en-Vallée, la Merci-Dieu, la Grainetière, Beaulieu, Preuilly, le prieuré de la Vaillole et le monastère d'Ahun, pour en pourvoir, à leur volonté, des personnes capables, comme avait fait le sieur d'Abain, leur père.

En 1624, Aimery Jamet, prêtre, abbé commendataire de la Grainetière, se démet de ladite abbaye en faveur de Louis Chasteigner de la Rocheposay, sous condition de payer à Charles Chasteigner, son frère aîné, pendant sa vie, la somme de 1500 livres tournois de pension. Ce Louis Chasteigner était neveu de l'illustre évêque de Poitiers.

D'autres noms célèbres sont venus occuper le siège abbatial de la Grainetière. Le gracieux auteur de Manon Lescaut, l'abbé Prévost, s'est promené sous ces vieux arceaux gothiques.

L'abbaye a continué d'être florissante jusqu'à la révolution de 89.

Les ruines de la Grainetière appartiennent à tous les styles ; mais ce qui, surtout, y domine c'est le plein cintre ; le cloître tout entier et une partie de l'église appartiennent au style roman ; le reste de l'église n'a été achevé qu'au commencement du treizième siècle, et l'ogive romane, ainsi que la forme d'une partie de l'église, coïncide parfaitement avec une exhortation de 1180, adressée à tous les ecclésiastiques et fidèles par les abbés et religieux de Font-Douce, de la Tenaille, de la Grainetière, de Blanche-Couronne, de Lieu-Dieu, pour les engager à contribuer, par leurs aumônes, à l'achèvement de l'abbaye de la Grainetière. La tour ou clocher qui existait encore, il y a quelques années, et dont il ne reste presque rien, était octogone et rappelle l'époque de transition du douzième siècle.

Plusieurs tombeaux se voyaient dans l'église, car chaque seigneur voulait être enseveli dans l'abbaye qu'il avait enrichie de ses dons, tous voulaient participer aux prières des religieux ; on trouve au quatorzième siècle plusieurs testaments de seigneurs qui élisent leur sépulture dans l'église de la Grainetière, entre autres, en 1272, un Aimery Guoyas, chevalier, seigneur de la Barotière. Une seule pierre tombale reste aujourd'hui exposée au vent, à la pluie et aux mutilations des passants. On y voit l'image d'un chevalier tout armé et couvert d'une cotte de mailles et d'un bouclier ; à sa droite, est couché un enfant. L'entablement de ce tombeau est entouré d'une quantité de petites statuettes représentant différents personnages, des anges, des vieillards et des moines tenant des livres ; aucun détail d'architecture n'annonce l'époque de ce tombeau. Cependant le costume du chevalier, les statuettes qui sont gracieuses et déjà correctes, annoncent que ce tombeau ne remonte pas au-delà du quatorzième siècle ; aucun écusson ne nous annonce quel peut être le personnage représenté sur ce tombeau. La tradition assure que c'est un seigneur de la maison de Parthenay, bienfaiteur de l'abbaye.

A côté les monastères, Notre belle France, si fertile aujourd'hui, n'était dans le principe qu'une terre inculte ; des religieux y élevèrent des habitations, et Dieu bénissant leurs travaux, ils fertilisèrent les contrées qui les avoisinaient. S'ils devenaient riches, cette richesse était le bien des pauvres. Ces pieux cénobites ne fertilisèrent pas seulement notre sol, ils nous conservèrent les livres les plus précieux qui fussent, sans leurs soins, restés dans l'oubli ; ils ne se contentaient pas de donner aux pauvres qui venaient frapper à la porte du monastère, ils allaient eux-mêmes dans les villages porter aux malades et aux vieillards des secours et des consolations. L'hospitalité, cette vertu des anciens jours, était une des règles des abbayes. Les voyageurs y trouvaient toujours un asile assuré, et ce que l'on ne devrait pas oublier, c'est que les monastères étaient ouverts à toutes les classes de la société ; le plus pauvre, s'il avait la vocation religieuse, y était toujours admis ; et ce qui était le bien de tous, est devenu la propriété de quelques démolisseurs avides, dont le nom n'est certainement pas béni des contrées qui les avoisinent.

Maintenant il ne reste que des ruines à la Grainetière, car tout a été dispersé, et les pierres sacrées de l'autel où Dieu descendait à la voix du prêtre, et les dalles sous lesquelles reposaient depuis des siècles les corps des moines et des bienfaiteurs de l'abbaye ; et les cloches saintes qui sonnaient la douce agonie des religieux ont été brisées. Cependant au milieu de ces ruines qui vont diminuant tous les jours, on peut encore puiser de salutaires pensées et se reporter par l'imagination à ces temps de foi, époque du moyen-âge où tout avait une couleur religieuse: époque de sublime poésie dans laquelle le doute glacial n'avait pas encore pénétré. Empereurs, rois, chevaliers, moines, bourgeois, tous croyaient en Dieu! pour aller des Herbiers au Puy-du-Fou, on monte sans cesse par des chemins détournes, sablonneux et accidentes, semés partout de rochers granitiques, ce qui les rend impraticables en voiture. A droite, on a sans cesse les coteaux de Pouzauges, et à gauche, la chapelle des Alouettes, qui est d'un charmant effet. Derrière soi, au fond de la vallée, la ville des Herbiers sort d'un véritable massif de verdure et est couronnée d'un magnifique horizon. Plus on approche du Puy-du-Fou, plus l'aspect devient riant, et plus les lointains se multiplient. A moitié chemin environ, on arrive au sommet d'un coteau d'où l'oeil découvre un paysage non aussi immense peut-être, mais plus varié que celui qui se déploie de la montagne des Alouettes.

Source : Notes et croquis sur la Vendée, histoires, moeurs, monumens, costumes, portraits par Emilien de Monbail 1843.

Localisation et informations générales

  • identifiant unique de la notice : 138509
  • item : Abbaye de La Grainetière
  • Localisation :
    • Pays de la Loire
    • Vendée
    • Les Herbiers
  • Code INSEE commune : 85109
  • Code postal de la commune : 85500
  • Ordre dans la liste : 1
  • Nom commun de la construction :
    • La dénomination principale pour cette construction est : abbaye
  • Etat :
    • Etat courrant du monument : vestiges (suceptible à changement)

Dates et époques

  • Périodes de construction :
    • La construction date principalement de la période : 12e siècle
  • Date de protection : 1946/04/02 : classé MH
  • Date de versement : 1993/11/22

Construction, architecture et style

  • Materiaux:
    • non communiqué
  • Couverture :
    • non communiqué
  • Materiaux (de couverture) :
    • non communiqué
  • Autre a propos de la couverture :
    • non communiqué
  • Etages :
    • non communiqué
  • Escaliers :
    • non communiqué
  • Décoration de l'édifice :
    • non communiqué
  • Ornementation :
    • non communiqué
  • Typologie :
    • non communiqué
  • Plan :
    • non communiqué

Monument et histoire du lieu

  • Interêt de l'oeuvre : Site archéologique : 85 109 2 AH
  • Eléments protégés MH (Monument Historique) :
    • Notre base de données ne comprend aucun élément particulier qui fasse l'objet d'une protection.
  • Parties constituantes :
    • non communiqué
  • Parties constituantes étudiées :
    • non communiqué
  • Utilisation successives :
    • non communiqué

Autre

  • Divers :
    • Autre Information : propriété d'une société privée 1992
  • Acteurs impliqués dans l'oeuvre : Prévost d'Exiles Antoine François, dit : Abbé Prévost (personnage célèbre)
  • Détails : Abbaye de La Grainetière (vestiges de l' ancienne) : classement par arrêté du 2 avril 1946
  • Référence Mérimée : PA00110131

photo : Pascal-Jean Rebillat Photographies

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