ansouis

Ansouis, Vaucluse, commune de 1762 hectares, à 300 mètres d'altitude, bâtie en amphithéâtre au pied du Lubéron, sur le Marderie, affluant de la Durance, canton de Pertuis (8 kilomètres), arrondissement d'Apt (29 kilomètres), 70-59 kilomètres Sud Est d'Avignon.
Fontaine bitumineuse, Truffes, Eglise. du XIIIe siècle, Châteaux des XVe et XVIIe siècle renfermant une fresque du XVe siècle.

ANSOUIS (Castrum de Ansoissis)

Ce village, dans un terrain montagneux, à 8 kilom. N. O. de Pertuis, faisait autrefois partie de la Provence et de la viguerie d'Apt. Son principal commerce consiste en grains et en truffes qui sont excellentes. Sa population est de 984 habitants. Il y a des religieuses de St-François et une foire le 20 janvier. La Fontaine blanche, au pied du Piccauveau, dans un chaînon du Lubéron, est bitumineuse. La terre et seigneurie d'Ansouis a été possédée , sous le titre de baronnie, par la maison de Sabran , depuis le XIIIe siècle jusqu'au commencement du XVIIe, où elle passa à Sextius d'Escalis, dont le fils la vendit à un Villeneuve. Toutes sortes d'illustrations furent accumulées dans cette famille de Sabran. Aprés tant d'hommes de guerre, vint un bienheureux, un saint. Elzéar de Sabran naquit en 1285, dans le voisinage d'Ansouis, au château de Robians, ruiné depuis par Raymond de Turenne. Il était fils d'Ermengaud de Sabran, comte d'Ariano, baron d'Ansouis, de Cucuron, seigneur de Cadenet, etc., etc., grand-justicier du royaume de Naples, et de Laudune d'Aube de Roquemartine, surnommée la bonne Comtesse, à cause de sa charité. Il épousa, en 1299 , Delphine de Signe, fille de Guillaume de Signe, seigneur de Puymichel, en Provence, et de Delphine de Barras; et ces deux enfants, saintement précoces, préludèrent, le même jour, à une vie d'austérités, d'ascétisme et de virginité. Leur exemple et leurs bonnes œuvres furent une véritable bénédiction pour la contrée. Le royaume de Naples, où Elzéar fut appelé pour recueillir la succession de son père, l'apprécia également et le roi Robert lui confia l'éducation de son fils et la régence du royaume. Il mourut à Paris, en négociation, le 27 septembre 1325. Ses restes, rapportés en grande pompe, furent ensevelis dans l'église des Cordeliers d'Apt, où le cardinal Anglicus, son parent, lui fit élever , en 1373, un magnifique mausolée pyramidal, détruit en 1793. Elzéar fut canonisé par Urbain V , le 16 avril 1369 ; mais la bulle ne fut publiée que le 5 janvier 1371 , sous Grégoire XI, dans l'église St-Didier, à Avignon. Après la mort de son époux, Delphine fit vœu de pauvreté perpétuelle, vendit tous ses châteaux dont elle distribua le produit aux pauvres et aux couvents et vécut dans la retraite ; elle poursuivit néanmoins la canonisation d'Elzéar et fut plus heureuse en cela que ne le furent à son égard le peuple d'Apt et la noblesse de Provence. Après sa mort, survenue à Apt, le 26 novembre 1360, à l'âge de 76 ans , des commissaires furent nommés pour instruire la procédure; mais Urbain V mourut et les troubles qui suivirent empêchèrent de la poursuivre. Ainsi, Delphine n'a pas été canonisée par l'Église; mais elle l'est par la juste vénération des peuples.

Ansouis est bâti en amphithéâtre, couronné par l'église et le château qui était sur de grandes proportions. L'église était sur la limite de l'enceinte fortifiée: aussi le mur extérieur , épais de deux mètres, est-il percé de meurtrières. La porte était surmontée d'un mâchicoulis; elle est a plein cintre, avec un gros torse et des colonnettes à chapiteaux feuillagés. L'appareil est moyen et régulier. A l'intérieur, chaque côté est décoré de trois arcades , flanquées de retables modernes. Le transept est également décoré de petites arcades. La voûte et les arcades sont légèrement ogivales. Le clocher est à pignon avec quatre baies. Cette construction doit être du XIIIe siècle. Le château actuel s'élève sur les fondement de l'ancien. Une salle porte encore le nom de salle d'armes de St-Elzéar; il y a des fresques représentant une chasse du XIVe ou XVe siècle. Le château a été acheté, il y a quelques années, par M. le duc de Sabran, pair de France. Ansouis fut pris par la garnison calviniste de Mênerbes, au mois d'août 1574. En 1585 , de Vins qui soutenait la Ligue en Provence, ayant échoué devant Pertuis, s'empara d'Ansouis, de La-Tour-d'Aigues , de Lamotte et de quelques autres places qu'il remit au comte de Sault.

Source : Dictionnaire géographique historique, archéologique et biographique par Jules Courtet 1857.