photo : joel.herbez
La description de l'arrivée de Saint-Louis à Hyères est un des rares témoignages décrivant le territoire Hyérois au XIIIe siècle. Cette époque charnière correspond, pour la Provence, à la fin de la féodalité. La noblesse et le clergé local, qui oeuvrent pour la reconquête du Littoral depuis le IXe siècle, doivent dorénavant céder, vendre ou changer leurs seigneuries à une monarchie de plus en plus centralisée. Ces bourgs castraux ou monastiques connaissent dès lors une prospérité qui contribue au développement des villes.
Les seigneurs de Fos qui sont à l'origine de la seigneurie d'Hyères, durent céder leurs biens hyérois à Charles Ier d'Anjou. En 1257 "Yeres" devient ville comtale. La création du port d'Aigues-Mortes intervient après un échange de territoire entre Saint-Louis (frère de Charles Ier) et l'abbé de Psalmodi. Les tensions que produisent toutes ces tractations poussent le souverain à refuser de descendre à Hyères, terre insoumise. Plusieurs événements pourraient l'avoir convaincu de changer d'avis, à savoir : les conseils de son entourage, une tempête de mistral qui se lève, les couleurs du royaume que l'on hisse sur le donjon du château et l'accueil des habitants qui descendent de la colline pour acclamer le roi. Ce dernier fait est très probable car les populations préféraient dépendre directement de la couronne qui leur garantissait plus d'autonomie et de droits.
« Plaise au roi de nous donner au port de Saint jean d'Acre un consul à nous, avec des droits égaux à ceux des marins de Venise, de Gènes et de Pise. ... l'indépendance d'Aigues-mortes, vis-à-vis du seigneur abbé de Psalmodi, une fête annuelle en l'honneur de la croisade, à laquelle seront tenus d'assister tous les seigneurs ecclésiastiques et laïques du Languedoc, de Toulouse et de Puy-en-velay ... »
Supplique adressée au roi par les habitants d'Aigues-Moites, Joinville. Ce témoignage, ainsi que la présence de nombreux vestiges d'habitations autour de la rue Saint Pierre, permet d'avancer l'hypothèse de la présence du bourg castral d'Hyères sur la colline. L'étude d'une habitation en partie excavée dans la roche, en contrebas de cette rue (Murielle Vechionne, INRAP, 2003) confirme une occupation au XIIe et XIIIe siècle.
Ce type de maison apparaît avec les grands castra de pierre (villages perchés) qui laissent peu d'espace aux habitants. Pour compenser une faible emprise au sol les constructions se développent en hauteur. Plusieurs modules d'une seule pièce se répartissent autour de l'habitation principale qui peut compter jusqu'à deux étages. Les aménagements domestiques sont souvent succincts : pas de cheminée, des ouvertures peu nombreuses servant de meurtrières, et un sol en terre battue. La circulation se fait généralement par des escaliers extérieurs, les vantaux de la porte principale sont conçus pour résister à une attaque. Les ouvertures des niveaux supérieurs évoluent à partir du XIIe siècle vers des baies jumelles avec une colonnette médiane.
La paroi rocheuse sur laquelle s'appuient les maisons hyéroises, permet aussi de recueillir l'eau qui suinte à travers le schiste. Celle-ci est ensuite canalisée vers des citernes taillées dans le sol.
Certaines d'entre elles semblent relier plusieurs îlots d'habitations
Source : Marc Ballon 2006 et ville de Hyères.