photo : joel.herbez
Belvédère et conciergerie couverts d'un dôme recouvert de plomb. Dans le grand salon, arc délimitant l'oriel, en bois découpé et cheminée à incrustations de marbre polychrome. Exemple de maison où un vocabulaire ornemental orientaliste est plaqué sur une architecture classique de villa telle qu'elle est définie dans les revues d'architecture et qui se retrouve dans les autres villas hyéroises, quel que soit leur style : étage de soubassement pour les communs, rez-de-chaussée avec salon, salle à manger, cuisine et bureau organisés autour d'un vestibule, chambres au premier étage.
Villa construite en 1881 par l'architecte Pierre Chapoulart pour l'industriel Alexis Godillot. Elle était destinée à la fois aux réceptions données par l'industriel mais aussi à la location aux hivernants. L'escalier en vis d'origine a disparu.
Source : Ministère de la culture.
(...) L'apogée de cette mode orientaliste est marquée par la multiplication des constructions privées sur le rivage méditerranéen mais aussi sur les côtes atlantiques, ou dans les autres villes thermales. Certains édifices sont directement issus des expositions universelles, transplantés ou copiés.
Après avoir figuré en 1878 au Trocadéro dans le grand vestibule du « palais hispano-mauresque néo-byzantin » de l'Exposition universelle conçu par Gabriel Davioud et Jules Bourdais, le Pavillon indien du prince de Galles est racheté par Charles Prévet. Remonté trois ans plus tard sur la digue des Dunes de Paramé (Ille-et-Vilaine), il est aménagé en maison de villégiature pour la location. L'édifice qui se veut un rappel du Pavillon royal de Brighton élevé pour le prince régent n'en est qu'un pâle reflet, réduit à une composition symétrique de deux pavillons reliés par une galerie couverte, sans respect de la silhouette originale pittoresque ni de la forme des dômes primitifs.
L'inspiration orientaliste puise également dans les « maisons » égyptienne, assyrienne, hindoue, persane, byzantine, arabe, chinoise,… exposées par Charles Garnier dans sa rétrospective sur « l'habitation humaine » dans le cadre de l'Exposition universelle de 1889. Plus directement, une maquette de maison japonaise, présentée à l'Exposition de 1900, inspire par exemple la construction de la villa Kosiki édifiée à Royan.
Outre les expositions, il ne faut pas non plus sous-estimer l'influence des modèles diffusés par les nombreuses revues et publications de références, à l'exemple de la « Petite habitation, genre turc »des Constructions modernes et économique.
Certains maîtres d'œuvre s'illustreront dans la veine orientaliste des villas « mauresques » inspirées par l'architecture de l'Afrique du Nord, particulièrement sur la Riviera. L'architecte Pierre Chapoulart édifie de nombreuses villas de ce type à Hyères, mais aussi à Cannes, Marseille et Toulon. Après avoir conçu la Villa Helvetia à Ollioules (1875) (Var), il réalise en 1881 une Villa Mauresque pour l'industriel Alexis Godillot, le promoteur de la station d'hiver et climatique d'Hyères. Le vocabulaire ornemental orientaliste est plaqué sur une villa à la distribution très « classique », largement ouverte sur les jardins et non sur les espaces intérieurs privés. Trois ans plus tard, cet architecte construit dans la même commune, pour lui-même et son agence la Villa Tunisienne, dans un style identique. Le plan s'assouplit et les pièces de réception à l'étage sont organisées autour d'un patio. Comme Chapoulart, l'architecte suisse Paul Page, auteur de l'Institut de biologie marine de Tamaris, n'a jamais quitté l'Europe. Formé auprès de Pierre Aublé qui l'initie dans son agence de Saint-Raphaël à l'orientalisme, il se construit en 1894, au milieu des vignes et des oliviers de Pierrefeu, un petit « cabanon » en forme de marabout, La Koubba. (...)
Source : Toulier Bernard, Un parfum d’Orient au cœur des villes d'eaux 2006, voir : www.insitu.culture.fr