Cité gréco-romaine d'Olbia-Pomponiana

Hyères, Areœ, autrefois Nobile Castrum Arœarum. Ville chef-lieu de canton, à 4 lieues de Toulon, sur la Gapeau, non loin de la mer. Cette ville est fort ancienne. Son origine remonte à la plus haute antiquité. Je ne dirai point, pour lui donner une célébrité outrée, qu'elle a été la capitale d'une peuplade celtolygienne.... Je serais contredit par la vraisemblance et par la saine raison. Mais je prouverai que ce lieu est habité depuis un temps immémorial, et je suis persuadé que tous mes lecteurs se rangeront de mon avis.

Tous les auteurs anciens qui ont écrit sur la Provence, s'accordent à dire que les Bormani, peuple celto-lygien, occupaient la côte maritime de Bormes et d'Hyères ; et que ce peuple avait pour voisins, d'un côté les Commoni, et de l'autre les Camatulici. D'après cela, il résulterait que le pays des Bormani n'avait sur le littoral qu'une étendue d'environ trois lieues, espace fort rétréci pour un peuple qui avait besoin d'une vaste étendue de terres, pour s'y livrer à l'exercice de la chasse. De nouvelles observations, que je viens de faire sur le lieu même, m'ont prouvé clairement, que les Bormani ont dû occuper nécessairement toute la vallée de la Gapeau jusqu'à sa source, ainsi que celle du Riou-Martin jusqu'à l'extrémité du territoire de Pignans. Je dis plus ; la situation des lieux m'a convaincu que ce peuple avait son chef-lieu à l'endroit même où se trouve Solliès-Ville, et une bourgade sur la hauteur qui domine la ville de Cuers.

Mais, ainsi que tous les autres peuples, dont les territoires avoisinaient la mer, les Bormani avaient établi près de la côte des cabanes pour ceux qui se livraient à la pêche et à la piraterie ; et ces cabanes se trouvaient sur l'amphithéâtre où est la ville d'Hyères, et au pied d'un retranchement naturel qui a dû être le poste le plus fort de toute la contrée.

Les Cénomani, peuple celte qui avait suivi Bellovèse dans sa migration, et qui l'abandonna pour s'établir sur le littoral, depuis Marseille jusqu'au Var ; les Cénomani, dis-je, vinrent augmenter le nombre de cabanes des pêcheurs bormani, tout comme ils augmentèrent celles des pêcheurs suelteriens, à l'endroit même où se trouve la ville de Fréjus. Quelques-uns, secondés par des Marseillais commerçans, jetèrent les fondements de la ville à Olbia sur le bord de la mer, à l'est du golfe d'Hyères, et à-peu-près au même endroit qui porte encore le nom de port de l'Eoubo. Ceux qui ont prétendu qu'Olbia était le même que la ville d'Hyères d'aujourd'hui, se trompent bien certainement ; car les Marseillais n'ayant établi le premier que pour servir de comptoir et de relâche aux navires, n'auraient pas choisi le haut d'une montagne à une lieue du-rivage de la mer, où il était impossible de faire arriver les vaisseaux.

Les Romains, à leur tour, fondèrent une station maritime au nord de la rade de Giens, et sur le revers méridional de la colline de Saint-Salvadour. Cette station fut nommée Pomponiana. Elle devint considérable, puisque les ruines qu'on y découvre encore occupent un espace d'environ dix-sept mille toises carrées ; mais cela ne l'empêcha pas d'être abandonnée.

Les habitants à Olbia et de Pomponiana, trouvant plus d'intérêt à cultiver les terres qu'à se livrer au commerce maritime, pour lequel ils ne se croyaient point nés, et étant fréquemment troublés par les pirates qui infestaient ces parages, abandonnèrent leurs villes pour venir augmenter la population qui se trouvait protégée par un fort naturel et, pour ainsi dire, imprenable. Les nouvelles habitations furent construites sur un plateau où l'on avait usage de battre les grains, ç'est-à-dire sur la place de l'aire, en provençal iéro ou hyéro ; et comme cette partie de la ville devint bientôt la plus considérable, elle donna son nom à la partie ancienne, dont le nom primitif est tout-à-fait oublié. Les nouveaux habitants, n'ayant d'autre eau potable que celle de la source de l'Humino, tout-à-fait au-dessus de la colline, firent venir celles de la source de Mounacho, qui est dans la terre de la Castille, par le moyen d'un aqueduc. Ensuite ils embellirent la ville de plusieurs monuments qui ont entièrement disparus, par l'effet désastreux des différentes incursions des Barbares africains, qui détruisirent tout et menèrent une grande partie des habitants en esclavage.

Après l'expulsion des Sarrasins du Fraxînet, la ville fut reconstruite ; l'église paroissiale fut bâtie sur les ruines d'un temple païen dédié à Bacchus. Les seules preuves qui en restent sont quelques chapiteaux ornés de feuilles de vigne.

Comme les anciennes fontaines et les aqueducs avaient été détruits, on creusa d'abord quelques puits sur la hauteur, ensuite on fit venir les eaux de la source dite la Maïré, qui se trouve sur le penchant d'une colline en face de la ville et du côté de la mer. Ce sont ces eaux qui alimentent les fontaines actuelles.

Dans la campagne d'Hyères, et sur la rive droite du torrent de Borrel, on a découvert les ruines d'une villa, qui a dû appartenir à une riche famille romaine. On sait qu'auprès de l'urbania, partie d'une maison de campagne où logeait le maître, les Romains établissaient toujours un temple plus ou moins vaste ou élégant, qu'ils dédiaient à une divinité particulière. Ce temple n'était ordinairement qu'un simple oratoire ; mais quelquefois c'était un monoptère spacieux, enrichi de pièces d'architecture analogues au bon goût et à la munificence de celui qui ; le faisait construire. Parmi les vestiges récemment découverts près de cette villa devait être une mosaïque servant de tapis au devant de l'autel ou au-devant de l'endroit où se trouvait le trépied sacré, et où le prêtre rendait ses oracles. Cette mosaïque, en effet, se trouve encore dans la terne. Elle n'a pas assez d'étendue pour quelle ait dû servir à décorer une pièce d'appartement.

Quelques restes de bâtisse ancienne en ce même lieu, ont été prises pour celles d'une salle de bains. Je ne sais trop si les eaux de la Gapeau étaient plus propres et plus saines du temps des Romains qu'elles ne le sont à présent ; et si les riches et sensuels habitants de cette époque ne leur auraient point préféré celles qui furent par eux amenées à la ville, et dont nous parlerons bientôt.

Sur la colline qui domine la ville d'Hyères, on a trouvé à différentes époques des pierres votives et des pierres tumulaires, la plupart portant inscription ; et dans la campagne, des tombeaux reconnus pour avoir servi aux premiers chrétiens, en ce qu'ils portaient des croix, et qu'ils renfermaient un bénitier et à-peu-près le même mobilier que ceux des païens.

Parmi les ruines de Pomponiana, on reconnaît encore aujourd'hui celles de plusieurs édifices ; et en fouillant dans la terre, on rencontre des arceaux en bâtisse, des restes d'aqueducs qui amenaient vraisemblablement les eaux de la petite source de Saint-Salvadour, un quai, des fragments de mosaïque, des débris de tuiles romaines, de vaisselles communes, etc.

Au quartier de Notre-Dame-de-la-Crau, on a trouvé dernièrement, en creusant les terres, une briqueterie de construction sarrasine, et des tombeaux en briques avec ossements, preuve incontestable que les Barbares africains ont séjourné dans le pays.

Source : Dictionnaire historique et topographique de la Provence ancienne par Étienne Garcin

photo pour Cité gréco-romaine d'Olbia-Pomponiana

Localisation et informations générales

  • identifiant unique de la notice : 135688
  • item : Cité gréco-romaine d'Olbia-Pomponiana
  • Localisation :
    • Provence-Alpes-Côte d'Azur
    • Hyères
  • Code INSEE commune : 83069
  • Code postal de la commune : 83400
  • Ordre dans la liste : 14
  • Nom commun de la construction : 2 dénomiations sont utilisées pour définir cette construction :
    • site archéologique
    • civitas
  • Etat :
    • Etat courrant du monument : vestiges (suceptible à changement)

Dates et époques

  • Périodes de construction :
    • La construction date principalement de la période : 10e siècle
  • Dates de protection :
    • 1926/03/31 : inscrit MH
    • 1947/09/23 : classé MH
    • 1951/12/10 : classé MH
  • Date de versement : 1993/06/04

Construction, architecture et style

  • Materiaux:
    • non communiqué
  • Couverture :
    • non communiqué
  • Materiaux (de couverture) :
    • non communiqué
  • Autre a propos de la couverture :
    • non communiqué
  • Etages :
    • non communiqué
  • Escaliers :
    • non communiqué
  • Décoration de l'édifice :
    • non communiqué
  • Ornementation :
    • non communiqué
  • Typologie :
    • non communiqué
  • Plan :
    • non communiqué

Monument et histoire du lieu

  • Interêt de l'oeuvre : Parcelle K 553p classée à nouveau 14 11 1949 (arrêté) . Cité d'Olbia figure sur listes de 1840 et 1846, mais pas sur le J. O. du 18 04 1914.
  • Eléments protégés MH (Monument Historique) :
    • Un élément répertorié fait l'objet d'une protection : enceinte
  • Parties constituantes :
    • non communiqué
  • Parties constituantes étudiées :
    • non communiqué
  • Utilisation successives :
    • non communiqué

Autre

  • Divers : 2 informations diverses sont disponibles :
    • propriété d'une personne privée 1992
    • propriété de l'état
  • Photo : 2149d97c6259a6a8b7ce9323ea22e4b7.jpg
  • Détail :
    • Fragments des remparts grecs situés dans la propriété de M. Teisseire : inscription par arrêté du 31 mars 1926
    • Vestiges situés dans le quartier Saint-Pierre-d' Almanarre (cad. K 553p, 555, 556, 558, 559, 567) : classement par arrêté du 23 septembre 1947
    • Vestiges du rempart grec, dans le quartier Saint-Pierre-d' Almanarre (cad. K 549 à 551) : classement par arrêté du 10 décembre 1951
  • Référence Mérimée : PA00081638

photo : joel.herbez

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